Endurance Info

Analyse personnelle d’une édition 2014 des 24 Heures de Spa qui restera dans les annales

img_3999
0 Flares Twitter 0 Facebook 0 0 Flares ×

Cette 66ème édition des Total 24 Heures de Spa restera dans les annales, et ce pour plusieurs raisons. Entre des neutralisations à répétition, des accidents impressionnants et une domination Audi, tout le monde se souviendra de 2014.

Il y a beaucoup de choses à dire et à retenir avec à l’arrivée une nouvelle victoire Audi, la troisième en quatre ans. Nettement en retrait en 2013 avec une BOP défavorable, la marque aux quatre anneaux a retrouvé des couleurs dans les Ardennes belges après avoir triomphé au Mans et au Nürburgring plus tôt dans l’année. Audi était fort mais on ne peut pas dire qu’Audi a atomisé la course. Les troupes de Vincent Vosse, Yves Weerts et René Verbist doivent en grande partie leur mainmise sur Spa 2014 à des R8 LMS ultra faisant preuve d’une fiabilité sans faille, des pilotes de haut rang et une préparation impeccable. Si le Belgian Audi Club Team WRT a rendu une copie parfaite en plaçant deux Audi sur le podium, les R8 LMS ultra ont fait quasiment du 100%. Sur les huit Audi au départ, sept ont vu l’arrivée, le seul abandon étant sur sortie de piste.

img_4039En observateur averti, le Dr Ullrich peut être satisfait, la patron d’Audi Sport lâchant à l’arrivée sous le coup de l’émotion : “On gagne la même année Le Mans, le Nürburgring et Spa, mais Spa est quand même celle que je préfère.” Laurens Vanthoor repart donc de Spa avec la victoire et la pole. Une belle récompense pour le Limbourgeois. Quant à Markus Winkelhock et René Rast, ils raflent la même année le Nürburgring et Spa. Pour Audi, il ne reste plus que les 24 Heures de Daytona à mettre au tableau de chasse même si c’était pourtant le cas cette année (GTD), mais pour quelques heures seulement. Mention spéciale au Saintéloc Racing qui a montré si besoin en était toute sa performance malgré une belle chaleur au moment de changer les freins quand l’Audi n’a pu être rentrée complètement dans son stand, les roulettes se prenant dans le tapis du stand. Ortelli/Guilvert/Sandström ont fait le job en piste.

img_0782On l’a dit, Audi a gagné grâce à sa fiabilité et la concurrence a pourtant tout donné. Le BMW Sports Trophy Marc VDS Racing Team ne peut rien reprocher à l’équipage de la #77 de Dirk Werner, Markus Palttala et Lucas Luhr. Le trio a fait la course parfaite avec à nouveau un très très bon Markus Palttala. A l’arrivée, il aura manqué 7s. On peut regretter que le Finlandais soit resté bloqué hier en fin de journée derrière une Mercedes durant plusieurs tours. La victoire semble se refuser au team de Marc van der Straten qui confiait avec un large sourire à l’arrivée : “On reviendra encore plus fort l’an prochain.” Le manque d’ABS et les soucis de traction control en fin de course n’ont pas permis aux pilotes de lutter à armes égales sachant que Werner n’a pas changé de gommes lors du dernier arrêt. Piloter une GT3 souffrante dans ces conditions avec des chronos de bonne facture reste un exploit. Pas de chance pour la voiture soeur qui rendu les armes sur surchauffe moteur après que le pilote ait heurté un lièvre au niveau du radiateur.

img_6237Vainqueur en 2013, Mercedes a connu une édition 2014 plus agitée avec la meilleure SLS AMG GT3 qui se classe 5ème grâce à Buhk/Götz/Jaafar (HTP Motorsport). Schneider/Primat/Verdonck sont eux aussi rentrés dans le top ten. Les Bentley ont eu moins de réussite qu’en saison régulière Blancpain Endurance Series même si les deux Continental GT3 ont rallié l’arrivée. La prestation est tout de même plus qu’honorable pour des débuts sur 24 heures. La déception est pour McLaren avec comme seule MP4-12C GT3 celle du Boutsen Ginion Racing (#16), que l’on croyait pourtant hors du coup hier soir après une sortie de piste. Le team a fait des miracles pour remettre en course l’auto qui a finalement terminé à la dernière place. Toutes les autres McLaren ont abandonné, dont celles de ART Grand Prix.

Pas de Ferrari en Pro-Cup mais les 458 Italia GT3 ont fait des miracles en Pro-Am Cup et Gentlemen Trophy avec quatre autos sur le podium (2 en Pro-Am, 2 en GTR). En revanche, la meilleure Aston Martin ne s’est classée que 4ème en Pro-Am Cup. 2014 n’est pas l’année des Nissan avec des GT-R NISMO GT3 qui ont connu bien des déboires. Dans le camp Porsche, la meilleure des 911 GT3-R a été celle du Pro GT by Alméras, 7ème. Pas de chance pour le Delahaye Racing qui tenait un podium en GTR.

img_4018Si la course a été intense sur la piste, il en a été de même au niveau des accidents et des sorties à répétition. On doit bien avouer qu’on a eu très peur pour quelques pilotes, dont Marcus Mahy, opéré dès aujourd’hui. Toutes ces sorties ont entaché une belle course mais que retenir de tous ces accidents ? Avec des pilotes professionnels en piste au départ, la première heure a été pour le moins tranquille pour les 61 concurrents où seuls quelques accrochages ont été constatés. C’est ensuite que les choses se sont gâtées avec une cascade d’accidents. Les “restarts” ont été compliqués avec des autos dont les pneus étaient redescendus en température. Avec des pilotes professionnels qui attaquent dès le drapeau vert comme une course sprint, des gentlemen qui ont un peu plus de mal à gérer la chauffe des pneus, sans oublier beaucoup de débris pouvant occasionner des crevaisons, les commissaires ont eu du travail avec des neutralisations coup sur coup.

img_4598Pour le futur, il faudra certainement faire des adaptations réglementaires, comme pourquoi pas la mise en place d’un Code 60 ou de Slow Zone. Les Audi ont l’avantage d’avoir des capteurs permettant au pilote de connaître la pression des pneus en temps réel. On ne peut pas crier au scandale sur les gentlemen. Certes, on ne peut pas accepter n’importe quoi en piste mais on ne peut pas dire et écrire n’importe quoi non plus. Internet et les réseaux sociaux deviennent de vrais défouloirs pour écrire la moindre connerie alors que l’on est assis tranquillement dans son canapé sans disposer de toutes les informations. En même temps, des débiles (excusez du mot) en ont fait de même sur place avec des annonces de décès et tout le toutim. “Motorsport is dangerous” selon l’expression consacrée. Un peu de retenue dans ce monde de brute ne ferait pas de mal. Les avis sur la cohabitation Pro/Am divergent selon que l’on soit un Pro ou un Am. Aucune des deux classes n’est parfaite en piste. Ce qui est vrai à Spa l’est aussi au Mans, à Daytona ou au Nürburgring. Si on devait venir à rajouter un “Code 60″, il faudrait alors une formation spécifique pour bien appréhender ce mode de neutralisation qui a ses avantages et ses inconvénients, mais qui a surtout le mérite de mieux réguler. Bravo au service médical qui a eu du travail et qui a assuré.

img_4737Du côté des choses à modifier ou à peaufiner pour 2015, le timing du meeting pourrait peut-être subir un petit lifting car certains pilotes ont guère roulé en essais libres compte tenu des neutralisations. C’est arrivé à Olivier Pla mais là pas de problème vu ses qualités indéniables, mais c’est un peu plus dur pour les non-professionnels malgré l’organisation d’un Test Bronze. Mettre un départ à 16h30 est aussi compliqué pour les gentlemen dont certains ont pris leur premier relais de nuit. Par chance, les pilotes n’ont pas connu la moindre goutte de pluie.

Les organisateurs reverront peut-être aussi le règlement concernant les ravitaillements sous drapeau rouge. En fin stratège qu’il est chez WRT, Thierry Tassin a préféré faire rentrer la #3 au risque de prendre une pénalité, ce qui n’a pas été du goût de tout le monde, mais le règlement autorise cette manoeuvre. Un mot sur les changements de freins avec des équipes rodées à la tâche et des systèmes montés en un seul bloc. Perte de temps minimum pour les teams.

img_6343Un plateau de 61 GT3 au départ et 40 à l’arrivée. Sur les 21 abandons, 13 l’ont été sur sortie de piste : Ferrari/Russian Bears, McLaren/Von Ryan, McLaren/Boutsen, Ferrari/GT Corse, Aston Martin/Beechdean, Ferrari/AF Corse #50, Mercedes/HTP #85, Ferrari/Kessel #111, Ferrari/GT Corse, McLaren/GT Russia, Aston Martin/Oman, BMW/TDS #12, Audi/Saintéloc #25. Concernant les autres abandons : Porsche/Manthey (moteur), McLaren/ART #99 (électronique), BMW/VDS #66 (moteur), McLaren/ART #98 (transmission), Jaguar (boîte), Aston Martin/PGF (transmission), Lamborghini/Lago (électronique) et Mercedes/Black Falcon #19 (moteur).

Laurens Vanthoor repart de Spa en tête du championnat Blancpain Endurance Series à une manche de la fin, et le Belge pourrait nous refaire le coup de Greg Franchi en 2011. Le plateau va maintenant prendre une pause avant de terminer sa campagne 2014 au Nürburgring pour le Blancpain 1000. Spa 2014 est derrière nous, vivement 2015…

Publicité

0 Flares Twitter 0 Facebook 0 0 Flares ×

Publicité

Sur le même sujet