Quand on dit à Benoît Tréluyer qu’il est un rookie parmi environ 200 pilotes, le triple vainqueur des 24 Heures du Mans prend cela avec un large sourire. C’est pourtant ce qui lui arrive ce week-end avec des débuts aux 24 Heures de Spa sur une Audi R8 LMS ultra du Belgian Audi Club Team WRT qu’il partage avec ses deux compères Marcel Fässler et André Lotterer. Si ses deux compagnons ont une bonne expérience de cette course, ce n’est pas le cas de l’ancien champion SUPER GT. Malgré tout, le pilote Audi Sport est loin d’être effrayé par ce qui l’attend. A quelques heures du départ de la course, Benoît est revenu avec nous sur sa découverte d’un nouveau monde.

 Ton début de week-end est conforme à tes attentes ?

 « Je suis là où je pensais être. J’ai roulé il y a peu à Spa dans le cadre du Championnat de France GT mais avec un autre manufacturier pneumatique. Je reste encore un peu méfiant à certains endroits du circuit, notamment dans le Raidillon. C’est une course de 24 heures, ce qui fait qu’il ne faudra pas se précipiter. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre, aussi bien le trafic que la dégradation des pneus. Avec une GT3, il faut sous-conduire et en garder sous le pied. En réalité, il faut réapprendre le pilotage : freiner tard, garder du grip, voir la façon de prendre les vibreurs, gérer les entrées et sorties de virages. En LM P1, tout est fait pour le pilote, pas en GT3. Tout est fait pour toi en LM P1. Là, je ne la connais pas vraiment et ce n’est pas nous qui l’avons développé. »

L’expérience de Marcel avec la R8 LMS ultra est importante ?

 « Sans aucun doute même si Marcel découvre les gommes Pirelli 2014. Les pneus restent la grande différence pour moi qui ait l’habitude de rouler avec des gommes confidentielles. Cependant, Marcel connaît tous les rouages de cette auto depuis les débuts de la R8. Pour moi, les sensations viennent progressivement. Je règle encore mon pilotage. Je n’ai pas l’habitude de me faire rattraper mais je prends beaucoup de plaisir en piste. Il me reste à trouver la limite du pneu dans le Raidillon mais la pige en Championnat de France GT m’a bien aidé malgré une sortie de piste. Les pneus étaient descendus en température après une neutralisation et il faut plus de temps pour qu’ils remontent en température par rapport à une LM P1. C’est donc très facile de se faire piéger. »

 Quelle est ton impression sur le Belgian Audi Club Team WRT ?

 « Je suis agréablement surpris même si je savais bien que le team était professionnel. Franchement, ils ont ce qu’il faut pour faire rouler une LM P1, aussi bien la rigueur, l’organisation ou l’infrastructure. Si on devait me demander d’aller rouler chez WRT en LM P1, cela ne me poserait aucun problème. C’est assez impressionnant car le team est encore jeune. »

 Audi est présent directement en LM P1 et en GT3 via un programme client. Les deux vont perdurer ?

 « Ce n’est un secret pour personne qu’Audi prépare la remplaçante de la R8 actuelle. Pour le programme LM P1, il y a eu beaucoup d’investissements consentis pour mettre en place une nouvelle structure en Allemagne à Neckarsulm. Je ne vois pas Audi mettre un terme à son engagement en LM P1 sachant que le championnat tend vers les nouvelles technologies. Pourquoi pas en revanche voir Audi s’impliquer en parallèle en SUPER GT compte tenu du rapprochement de la réglementation. Pour ma part, ce serait tout de même compliqué de revenir au Japon car cela demande beaucoup. »

On parle toujours d’un calendrier hivernal pour le FIA WEC. Quel est ton avis sur la question ?

 « Si le projet va à son terme, il faudrait le commencer dès 2015. On met pourquoi pas une course à Spa pour préparer Le Mans avec les équipes ELMS avant de débuter à la rentrée et de terminer au Mans en 2016. Cela voudrait dire qu’il n’y aurait pas de titre en 2015. »