Un truc de mecs le sport automobile ? Peut-être. Mais pas seulement ! Quelques femmes au caractère bien trempé peuvent en effet se faire une place dans ce milieu très masculin. Au sein du Belgian Audi Club Team WRT, elles sont quatre à voyager avec l’équipe tout au long de la saison. Présente depuis les débuts de l’équipe, Nathalie Verbist est en charge des repas. Elle a un peu pris sous son aile Nastassja Betton et Elise Acker (toutes deux ingénieur « datas »), mais aussi Elise Bauquel, qui tient parfaitement sa place dans l’équipe de mécanos. Avant le grand rendez-vous des Total 24 Hours of Spa, nous les avons rencontrées.
A 23 ans, Nastassja Betton est une nouvelle recrue au sein du Belgian Audi Club Team WRT. Après son stage de fin d’études, terminé en juin, elle a poursuivi sa collaboration avec l’équipe en tant qu’ingénieur datas. Elle travaille donc en collaboration rapprochée avec le pilote et l’ingénieur de la voiture. Pour elle qui a reçu la passion du sport automobile de son père, avoir de telles fonctions dans le sport automobile n’a pas toujours été une évidence. “Au début, je me disais que ça ne marcherait jamais”, explique la jeune Française. “Mais un jour un prof m’a encouragée à foncer. Depuis, j’ai retourné les doutes que j’avais au début en une force. Je veux y arriver et je sais que j’y arriverai !”
Pour ce faire, Nastassja n’a pas hésité à quitter sa région d’origine pour vivre en colocation avec trois mécanos. “Ce n’est pas toujours simple et je ne vois pas beaucoup mon compagnon”, avoue-t-elle. “Mais j’ai la chance qu‘il fait le même métier que moi et que l’on se comprend mutuellement. De toute façon, je ne voudrais pas d’une autre vie que celle-là. C’est une vie de bohème et je dis souvent que je suis un peu SDF, mais j’adore ça. Être une femme dans ce milieu d’hommes exige d’avoir du caractère et je sens que, parfois, les pilotes me testent un peu. Mais je sais où je vais et je rêve de suivre l’exemple de Leena Gade, l’ingénieur attitrée d’Audi Sport pour la voiture de Lotterer-Fässler-Tréluyer… A terme, j’aimerais beaucoup devenir team-manager. Mais j’ai encore beaucoup à apprendre avant cela !”
Elise Acker : “Un podium justifie tous les sacrifices”
Un peu plus jeune que sa compatriote, Elise Acker affiche un profil similaire. A bientôt 23 ans, cette Strasbourgeoise d’origine, en charge de l’analyse des datas de l’Audi R8 LMS ultra #1, a toujours été passionnée par la mécanique et la compétition automobile. “J’adore les innovations technologiques et j’ai vite compris que la course est un formidable terrain d’essai”, sourit-elle. “J’ai donc fait des études d’ingénieur avec l’espoir de travailler dans le monde de la compétition. Qu’y a-t-il de plus beau que de pouvoir combiner sa passion et son métier ? “
Comme Nastassja, Elise est admirative du parcours de Leena Gade. Et elle a rapidement trouvé sa place dans ce milieu. “Depuis mes études, je suis entourée par des garçons et cela ne change donc pas grand chose pour moi. Je ne fais pas de différence: je reste moi-même et ça fonctionne très bien comme ça! Je partage la même passion que les autres membres de l’équipe, j’aime être perpétuellement en mouvement et à la recherche de solutions à d’éventuels problèmes. Et puis, j’ai la compétition dans le sang. C’est ça qui me motive ! Lorsque ta voiture termine sur le podium, les émotions sont tellement fortes que ça justifie tous les sacrifices.”
Elise Bauquel : “Par rapport à un mécano masculin, on sort du lot”
Contrairement à Natassja et à l’autre Elise, Elise Bauquel ne voulait pas rester devant un ordinateur. Originaire de Nancy, cette jeune femme de 31 ans a toujours voulu travailler sur les voitures. “J’ai appris qu’il existait une institution qui forme les mécanos spécialement pour la compétition”, explique-t-elle. “J’ai travaillé un an pour me payer cette année d’études à l’école « La Performance », à Nogaro. Dès que j’en suis sortie, j’ai été recrutée par l’équipe Hexis Racing pour être le chef mécano de leur troisième voiture. A la fin de la saison 2013, l’équipe a mis fin à ses activités et je suis devenue indépendante. Mais je travaille en priorité avec le Belgian Audi Club Team WRT. Je suis sur toutes les courses et je vais aussi à l’atelier, en renfort, quand cela est nécessaire.”
Le fait d’être une femme dans un monde majoritairement masculin attire forcément l’attention. “Notamment des médias”, sourit-elle. “Par rapport à un mécano masculin, on sort du lot. Mais pour le reste, j’ai toujours eu un tempérament de garçon et je me suis vite adaptée à l’équipe. Sur le plan physique, j’avais des craintes au début, mais aujourd’hui je suis beaucoup plus forte physiquement.”
A 31 ans, Elise vit en tout cas la vie qu’elle a toujours rêvée. “Je ne me vois vraiment pas faire un autre métier”, explique-t-elle. “C’est très prenant et, durant la saison, nous ne sommes pas beaucoup chez nous avec mon compagnon, qui est également un mécano WRT. Mais après trois jours à la maison, on n’a qu’une envie : y retourner ! J’adore l’ambiance, j’adore l’esprit de compétition, j’adore faire partie de l’envers du décor… Et puis, la reconnaissance que nous donnent les pilotes est une superbe récompense pour le travail que nous effectuons !”
Nathalie Verbist : “Manger doit être un plaisir pour nos gars”
Et Nathalie Verbist dans tout cela ? La sœur de René, l’un des patrons de WRT, fait partie de l’aventure depuis le début. “Mon frère m’a demandé si ça m’intéresserait de m’occuper de l’intendance”, explique-t-elle. “Début 2010, et alors que je n’avais pratiquement aucune expérience en cuisine, j’ai donc quitté mon travail, qui était un poste administratif, pour me consacrer totalement à WRT. Je me déplace sur une vingtaine de courses par an puisque WRT est actif dans plusieurs séries et se charge aussi de l’aspect technique de la Fun Cup. Mon objectif, c’est de faire plaisir aux membres de l’équipe. Ils travaillent dur et je suis convaincue que bien manger est pour eux une récompense.”
Dans une cuisine de 10 m2 à peine, Nathalie prépare entre 40 et 120 repas deux fois par jour. Une fameuse performance ! D’autant qu’elle doit aussi s’adapter aux horaires et parfois aux besoins de chacun. “Les jours de course, les pilotes ont des repas spécifiques et ils mangent souvent à des heures différentes, selon le moment où ils doivent prendre le volant. Je m’intéresse évidemment aux conseils de nutrition et j’essaie de proposer une nourriture saine, équilibrée, mais qui va aussi faire plaisir à nos gars.”
A sa manière, Nathalie participe aussi aux succès de du Belgian Audi Club Team WRT. “J’ai souvent des membres de l’équipe qui me disent que je joue aussi mon rôle dans la victoire”, sourit-elle. “Ils exagèrent peut-être un peu. Mais je me sens en tout cas pleinement intégrée, je vis la course avec passion et c’est une fantastique expérience !”
Photo: de gauche à droite : Nathalie Verbist, Nastassja Betton, Elise Acker, Elise Bauquel.