Pour ses débuts aux 24 Heures du Mans, le Sébastien Loeb Racing a brillé avec une belle quatrième place finale pour l’ORECA 03R de Vincent Capillaire, Jan Charouz et René Rast. Pourtant, rien n’était joué d’avance dans une catégorie LM P2 plus relevée que jamais face à des équipes rompues à la tâche. Le trio de la #24 (un signe qui ne trompe pas) a assuré en piste, tout comme l’équipe technique sur le muret et dans les stands.
Avec Léo Thomas en maître d’oeuvre, la présence combinée de Dominique Heintz, Sébastien Loeb et Franck Tiné, ce premier pas au Mans s’est traduit par une satisfaction d’ensemble. Le sourire de Dominique Heintz le lendemain de la course faisait plaisir à voir. Plus de voix mais la satisfaction d’avoir rempli la mission. Nouveau venu au sein du team dans le rôle de directeur sportif, Franck Tiné peut lui aussi être satisfait de tout le travail accompli durant la longue semaine mancelle pour un team qui est présent quasiment tous les week-ends sur les circuits. Retour avec lui sur une expérience sportive et humaine hors du commun…
Quel est le bilan de la semaine des 24 Heures du Mans ?
« Je dirais que le bilan se divise en plusieurs catégories, le sportif, le technique et l’humain. Au niveau sportif, je me dois de remercier l’ACO et l’ensemble de leurs équipes pour leur soutien sur les interrogations que peuvent se poser les équipes nouvelles au Mans. Notre politique a toujours été de jouer la carte du règlement à 100% et donc de s’assurer qu’il est bien compris par tous de la même manière, reste à avoir des interlocuteurs prêts à répondre à nos questions et capables de le faire. À ce titre, nous n’avons eu que de bons retours, et des gens ouverts et compétents. Les pilotes quant à eux ont suivi les consignes à la lettre, et malgré la présence de deux débutants au sein d’une équipe débutante, ils n’ont commis aucune erreur. Au niveau technique, nous partions confiants sur notre package ORECA-Nissan-Michelin quand la fiabilité reste le point le plus important d’une course de 24 heures. Nous sommes arrivés au bout, notre confiance dans le matériel a donc été justifiée. Malgré le manque de roulage avec l’ORECA 03R, et les nouveaux pneus Michelin, l’équipe a su tout de suite s’adapter et en tirer le maximum, avec l’aide de notre équipage. Quant au bilan humain, il est exceptionnel… Nous avions parlé avant la course d’une légende, d’un monument, mais il faut le vivre en tant qu’acteur pour en prendre toute la mesure. »
En quoi cette course est-elle différente des autres, justement, sur le plan humain?
« Il y a une montée en puissance dès l’arrivée au circuit pour journée test. On sent vraiment qu’il va se passer quelque chose de grand, de capital. Les obligations passent pour des honneurs, je pense notamment au pesage qui est la première prise de contact entre le grand public et l’équipe. On sent que la ville ne vit que pour les 24 Heures, la passion des manceaux est incroyable, et c’est vraiment appréciable de voir et de ressentir que l’automobile fait toujours rêver, à tous les ages. Nous avions parmi nous les membres de So24!, qui sont l’image de cette passion, et leur soutien a été profitable à toute l’équipe. Au sein de cette dernière également, Le Mans est un boost incroyable, tout le monde est face à ce Graal, et le soutien entre les différents acteurs est total, naturel. L’effectif grandit au fur et à mesure de la semaine, avec par exemple la plupart des membres de notre team en charge de la Porsche Carrera Cup France sur ce même circuit, pilotes compris, nous rejoignant naturellement pour prêter main forte, vivre cette échéance capitale pour l’équipe, en équipe. Le début de course a été plein de rebondissements durs nerveusement comme seules les grandes courses peuvent le faire. La nuit mancelle et l’émotion à l’arrivée resteront gravées dans nos esprits pour longtemps. »
Avez-vous abordé cette course d’une façon différente ?
« Nous l’avons préparée avec sérieux, comme les autres courses. Mais la différence capitale venait de ce que nous nous apprêtions à faire : participer aux 24 Heures du Mans. Avec le niveau de la catégorie LMP2, les interrogations liées au nouveau matériel, le fait que ce soit une première pour le team, pour deux de nos pilotes, nous avons vraiment abordé cette course avec une grande humilité. Le Mans est une grande Dame qui demande à être respectée et nous voulions faire les choses correctement, mais à la fin, c’est elle qui choisit, on l’a encore vu cette année… J’ai parlé de l’émotion à l’arrivée, là aussi il s’agit d’une réaction bien différente des autres courses : je n’ai pas souvenir de m’être réjoui à ce point d’une quatrième place, mais qu’importe, nous avions tous besoin de ce moment qui fut un réel aboutissement pour l’équipe, notamment après les frayeurs connues en essais. »
Vous avez rencontré des problèmes particuliers ?
« Nous avons eu la chance, si l’on peut parler de chance, de connaitre la plupart de nos soucis en essais, d’où notre temps en qualifications bien inférieur à nos capacités, mais l’équipe a su réagir de manière exemplaire. En course, de très légers couacs se sont avérés transparents. La grosse frayeur fut quand René prit une quille sous l’auto, qui l’empêcha de tourner au virage suivant… Nous sommes passés très proche d’une sanction plus grave… »
Mission accomplie pour les pilotes ?
« Nous comptions sur l’expérience de Jan, et nous n’avons pas été déçus. Son apport a été important, il a su guider ses coéquipiers tout en assurant un travail très sérieux. Quant à Vincent, malgré la présence de ses partenaires et proches et des nombreuses sollicitations en tant que local de l’étape, il n’a pas cédé à la pression et a su rester prudent, notamment lors des averses. Sa baisse de régime dans la nuit est liée à des conditions difficiles, et l’objectif principal était de rester constant et sur la piste. Enfin, René est un personnage qui a su s’attirer la sympathie de toute l’équipe, tout en étant au summum du professionnalisme. Sa vitesse et sa constance ont été impressionnantes, et son retour toujours positif et constructif. Nous étions à Spa le week-end dernier pour le GT Tour, et je dois avouer qu’en parallèle nous suivions d’un oeil les résultats des 24 Heures du Nürburgring où il courait. Sa victoire a ravi toute l’équipe, dont il est membre à part entière, et nous savons qu’il mérite ce genre de résultats. L’avenir devrait lui sourire. »
La présence de Seb a été un atout supplémentaire ?
« Sa présence est un plus à tous les niveaux. Son palmarès parle pour lui, et sa science de la course est impressionnante. Il a été d’un grand soutien pour nos pilotes, et nous a fait confiance pour mener à bien ce projet. Sa présence dans le box attire forcément plus de médias et de fans, mais l’équipe sait fonctionner de la même manière, et à la fin c’est un avantage pour tous. Il est un optimiseur de potentiels, tout le monde veut se donner à 100% lorsqu’il est là, et je pense que les pilotes ne voulaient pas le décevoir. »