Le Mans

Entretien avec Philippe Dumas sur tous les dossiers Onroak Automotive

AUTO - WEC 6 HOURS OF SILVERSTONE 2014
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Il y a tout juste un an, Philippe Dumas était sur la liste des pilotes présents aux 24 Heures du Mans où on le retrouvait sur une Corvette du Larbre Compétition. Changement de casquette cette année pour le Périgourdin qui a rejoint Onroak Automotive et G-Drive Racing en FIA WEC, mais en tant que team principal. (In English)

Depuis six mois, Philippe Dumas est un homme affairé à différents programmes : Onroak, Ligier, FIA WEC, TUSC, Le Mans. Pourtant, il est très facile de le voir puisque l’homme ne quitte guère le stand durant un meeting. Loin des soirées mondaines bling bling, Philippe Dumas est un homme pleinement concentré sur ses dossiers. Ceux qui voient en lui quelqu’un de fermé n’ont certainement jamais pris le temps d’aller à sa rencontre. Entre Journée Test et début de la grande semaine mancelle, nous avons passé en revue à ses côtés tous les sujets le concernant : LM P1-L, Ligier JS P2, TUSC, Morgan, Onroak, Le Mans, GT ainsi que sa passion de l’Endurance. Entretien sans concession…

MOTORSPORT : FIA WEC 6 HOURS OF SPA FRANCORCHAMPS - SPA-FRANCORCHAMPS (BEL) 05/02-03/2014Jacques Nicolet et toi étiez à la présentation du programme LM P1 Nissan. Doit-on en déduire quelque chose pour le futur ?

 « Déjà c’est une fierté pour nous d’avoir été invités à cette présentation réservée aux journalistes. Si la question est de savoir si Onroak Automotive est impliqué dans le programme, la réponse est non. Le fait que les journalistes se posent la question est flatteur pour nous. Nous avons été invités du fait du partenariat avec Nissan pour les 24 Heures du Mans avec la présence de deux pilotes venant de la GT Academy. C’est un beau projet sportif avec Ligier et on espère que cela pourra amener d’autres choses dans le futur avec Nissan. Avant, il n’y avait guère de relation. On entame quelque chose à leurs côtés. »

MOTORSPORT : FIA WEC 6 HOURS OF SPA FRANCORCHAMPS - SPA-FRANCORCHAMPS (BEL) 05/02-03/2014Voir Onroak Automotive et OAK Racing en LM P1-L est toujours d’actualité ?

 « L’idée n’est pas abandonnée. Je pense que l’on doit savoir ce qui va se passer à l’avenir dans cette catégorie LM P1-L. Après Le Mans, c’est le moment de bousculer les choses. Jacques Nicolet est un acteur majeur de l’endurance. Il faudra avoir des certitudes de la part de l’ACO et la FIA avant de se lancer dans un tel programme. On espère des discussions fin juin. Ce n’est pas encore trop tard pour 2015 mais le temps presse. Dans le cas contraire, tenter ce pari en vaut-il la peine ? »

 Onroak Automotive est maintenant bien ancré dans son rôle de constructeur. C’en est terminé de l’équipe de course OAK Racing en fin de saison ?

 « Pourquoi pas mettre notre équipe de course à disposition de partenaires. Il est encore possible de briller dans de belles courses. »

MOTORSPORT : TUDOR UNITED SPORTCAR CHAMPIONSHIP - 12 HOURS SEBRING (USA) ROUND TWO 03/13-15/2014 Comment se passe la saison aux Etats-Unis ? L’équité est maintenant de mise entre DP et P2 ?

 « C’est mieux même si ce n’est pas encore ça. Ce championnat nous tient à cœur. Nous avons bien conscience que le dossier est compliqué pour l’IMSA. Jusqu’à présent, la meilleure BOP était celle de Laguna Seca car il n’y avait pas de grandes lignes droites. En revanche, j’ai quelques craintes pour Watkins Glen. Des discussions constructives sont en cours pour trouver des solutions. On freine tout le monde au niveau du moteur Nissan. Descendre les autres moteurs est une décision difficile. Le moteur HPD peut encaisser un peu plus de puissance, ce qui n’est pas le cas du Nissan. Si les organisateurs veulent du spectacle, il faut trouver la bonne solution. Les courses à l’américaine sont toujours aussi excitantes.

MOTORSPORT : TUDOR UNITED SPORTCAR CHAMPIONSHIP - 12 HOURS SEBRING (USA) ROUND TWO 03/13-15/2014 « Il faut aussi étudier les ravitaillements avec les changements de pilotes. A chaque fois, nous sommes sur le fil du rasoir sur le plan de la sécurité pour que les pilotes partent en piste attachés. Le barème de points rapprochés pour l’intérêt du championnat est bon mais on peut assister à des fins de course un peu tronquées en ce qui concerne les temps de conduite. »

 L’intérêt pour la Ligier JS P2 est grandissant aux Etats-Unis ?

 « Oui et à nous de prouver qu’elle est compétitive et fiable. Il y a un vrai intérêt. Si tout ce passe comme prévu, il y aura une Ligier aux Etats-Unis d’ici la fin de saison. Il y aura déjà une Ligier JS P2 à Austin en FIA WEC. Après Le Mans, les chances de voir la Morgan LM P2 du G-Drive Racing remplacée par la Ligier JS P2 sont de 90%. »

img_4347 Le pari de faire débuter la Ligier JS P2 par une course aussi dure que les 24 Heures du Mans n’est-il pas osé ?

 « On ne peut pas le nier mais c’est le moment de le faire. Plus tôt, c’était trop compliqué. Dans un monde idéal, ce n’est pas la chose parfaite à faire. Il est vrai que débuter tranquillement par l’ELMS aurait été plus relax. Au Mans, il y a l’impact médiatique. On assume pleinement l’engagement de ces trois autos. Le challenge est important mais nous sommes confiants. On dispute les 24 Heures du Mans avec les Ligier JS P2 pour gagner. »

 C’est un peu plus compliqué pour la Ligier JS P2 HPD ?

 « Le projet a été lancé bien plus tard. Pour cette Ligier JS P2 motorisée par HPD, la philosophie est plutôt de fiabiliser l’auto. On a bien progressé en termes de performance. »

img_4475 Les mauvaises langues disent que boucler autant d’essais avec une LM P2 dont le principe est le coût maîtrisé est excessif. Quel est ton avis sur le sujet ?

 « On se doit de fournir une auto fiable et compétitive à nos clients. Cette auto doit être accessible à tout pilote, comme c’est le cas en GT3. Certes, le programme d’essais était important mais l’auto est homologuée pour trois ans. On s’est donné les moyens de réussir. Nous n’avons pas bouclé de simulation de 24 heures. Cela me paraît essentiel de proposer une auto fiable à nos partenaires. Le produit se doit d’être de qualité. »

 Quel est ton regard sur la Journée Test ?

 « Je n’étais pas impliqué dans la catégorie LM P2 en 2013 mais j’ai l’intime conviction que le niveau est encore plus relevé cette année. Les constructeurs ont progressé et les pilotes sont d’un très haut calibre. Le nouveau vibreur fait perdre une seconde et on voit les chronos réalisés. Je suis content et fier du travail accompli par Onroak Automotive et nos partenaires. On a encore progressé sur la Morgan LM P2 en termes de set-up et d’agressivité sur un tour. La Ligier JS P2 #35 n’a pas connu le moindre problème. Nous avions quelques doutes sur la vitesse maximale mais nous sommes rassurés. »

juliesueur_lm2014_testday_055 N’est ce pas risqué de fournir une auto à un client avant d’avoir bouclé la moindre course avec la Ligier ?

 « C’est bon et mauvais à la fois ! Le côté positif est que l’on ne peut qu’être satisfait d’avoir pu fournir une auto à un client dès le début. La meilleure chose qui puisse arriver à Onroak Automotive pour la Ligier est que le Thiriet by TDS Racing brille au Mans avec la JS P2. L’équipe a toutes ses chances pour la gagne. »

 Il n’y aura aucun problème pour les pièces de rechange ?

 « C’est compliqué mais on gère. Je tiens à remercier nos pilotes et nos clients d’avoir ramené les autos à bon port dimanche. C’était vital pour la suite. Chaque auto aura suffisamment de pièces de rechange. Il faut aussi remercier HP Composites. Si une équipe souhaite avoir une Ligier, il faudra maintenant attendre septembre pour en prendre livraison. »

img_4569 L’intérêt pour la Ligier JS P2 est grandissant ?

 « En Europe, la liste des équipes qui se renseignent est assez conséquente, et pas uniquement des équipes roulant actuellement en LMP. Nous avons des demandes de teams présents en GT et en monoplace. »

 Du côté des pilotes, Olivier Pla est le moteur des programmes ?

 « Olivier est le pilote idéal. Je fais mon possible pour veiller à le préserver, ne pas le disperser ou l’essouffler. L’entente entre nous est parfaite. Il connaît l’équipe, le prototype, le développement des pneus et tous les circuits de la planète. Olivier est quelqu’un de très facile à travailler tout en sachant ce qu’il veut. Il a le respect de tout le monde. Contrairement à ce que l’on peut penser, il est loin d’être effacé dans l’équipe. Pour le programme américain, l’apport d’Olivier est un atout majeur. Il a su canaliser Gustavo (Yacaman) qui ne peut qu’être admiratif de l’avoir fait progressé. Olivier est le moteur de l’équipe G-Drive Racing en FIA WEC. Il devrait le retrouver chez un constructeur en LM P1, mais il n’est jamais trop tard. Jacques (Nicolet) lui fait confiance. »

MOTORSPORT : FIA WEC PROLOGUE - LE CASTELLET (FRA) 03/28/2014Toi qui a une culture GT, à quand OAK Racing en GT ?

 « (Rires). Ce n’est pas la priorité mais le sujet est à prendre en compte pour l’avenir. Pour cela, il faut une relation avec un constructeur. »

 Tu suis toujours ce qui se passe en GT ?

 « Ce serait malhonnête pour moi de dire que je ne regarde pas le GT. Cependant, depuis six mois, je suis absorbé par OAK Racing et Onroak Automotive. Je regarde les anciens pilotes qui sont passés chez Hexis Racing. C’est un peu un manque pour moi que ne pas être présent en GT. L’aventure Hexis en World GT1 m’a marqué à jamais. Je garde cela dans un coin de ma tête. »

 Il y a un regret de ne pas avoir été au Mans avec Hexis Racing ?

 « Nous avions déposé un dossier à deux reprises et je pense que pour ce qui est de la deuxième fois, c’est injuste de ne pas avoir été retenu. On arrivait d’un titre européen en GT3 et si nous avions eu cette sélection, Mako aurait pris part à ses premières 24 Heures. A cette époque, on a refusé un dossier d’une équipe française avec l’un des meilleurs pilotes au monde. Fred devait rouler avec Manu et Julien Rodrigues. Tout était bouclé. Après coup, on ne peut pas avoir de regret. »

 Le Mans a toujours été un objectif à atteindre pour toi ?

 « Mon papa m’a mis dans un kart à l’âge de 8 ans. Je suis un acteur du sport automobile depuis bien longtemps. Comme tout gamin, j’ai rêvé de Formule 1. Mon premier souvenir reste une McLaren rouge et blanche avec Alain Prost et Ayrton Senna. A 10 ans, est-ce qu’un gamin peut connaître autre chose que la F1 ? Le reste est venu assez tard. Après avoir fait une école de commerce, je n’ai rien fait d’autre que pilote ou responsable d’équipe. Jusque là, ma culture était axée sur le sprint mais j’ai appris à connaître et découvrir l’endurance. C’est peut-être mieux comme cela. On doit avoir beaucoup d’humilité face à cette course de 24 heures. Y avoir piloté en 2013 avec mon ami Manu Rodrigues restera quelque chose d’important pour moi. Maintenant, je l’aborde différemment. Le challenge est différent en travaillant pour un constructeur  qui a remporté les 24 Heures du Mans 2013, qui aligne trois autos dont deux sous le nom de Ligier, sans oublier les sept châssis alignés par les clients. Je ne sais pas si le travail paie mais sans travail on n’arrive à rien. On a ce qu’il faut pour réussir et on va s’employer à gagner cette belle épreuve. »

MOTORSPORT : FIA WEC 6 HOURS OF SPA FRANCORCHAMPS - SPA-FRANCORCHAMPS (BEL) 05/02-03/2014 Les 24 Heures de Spa ont déclenché en toi une passion des courses d’endurance ?

 « Un des plus gros souvenirs pour moi reste les 24 Heures de Spa 2011. Il y avait une vraie osmose dans cette aventure humaine et sportive. C’est certainement cette course qui m’a fait découvrir l’endurance. Pour la première fois, Hexis Racing disputait une course plus longue que trois heures. On était 15 pour deux autos avec nos deux anciennes Aston Martin DBRS9. Il y avait un brin de folie dans cette aventure mais aussi d’insouciance. On voit que l’humain peut faire des choses incroyables.

Blancpain Endurance Series, Spa Francorchamps, 2011. photos V-IMAGES.com/Fabre «  A trois heures de la fin, nous étions sur le podium avant d’être retardé. Mako était dans l’auto alors que l’équipe essayait de réparer. Je me souviens encore de ses yeux. Il aurait tué pour l’équipe. Il lâche à la radio : « Si on ne perd pas trop de temps, on va terminer sur le podium. On va le faire, on va y arriver. » C’est dans des moments comme cela que l’on reconnaît les grands pilotes. »

 Hexis Racing ou OAK Racing, c’est comparable ?

 « La finalité est la même. Il faut juste fédérer les gens. Au bout du compte, il y a un volant, des pédales, des roues et un volant. C’est le pilote qui fait la dernière chose. Sur un stade de football,  il faut les meilleurs attaquants pour marquer les buts. C’est la même chose en sport automobile. En World GT1, Young Driver AMR avait tout et nous, rien. Pourtant, on les a battus. Sur le papier, c’était quasiment impossible. Simplicité et cohésion ont permis de gagner. »

 

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