Depuis maintenant plusieurs années, Nissan est actif en dehors du SUPER GT où le constructeur est présent depuis les débuts de la série. Entre le programme GT1 sanctionné par une couronne mondiale, la GT Academy qui connaît un franc succès, les moteurs LM P2, le V8 Supercars et la GT-R GT3 Nismo, la marque japonaise franchit un nouveau palier maintenant son retour dans la catégorie LM P1 dès la saison prochaine avec deux GT-R LM NISMO. (In English)
Le programme LM P1 a été présenté la semaine passée à Londres en présence notamment de Shoichi Miyatani, président de NISMO. Le lendemain, Miyatani-san était à Silverstone pour le meeting Blancpain Endurance Series où il nous a accordé un long entretien pour parler de différents sujets : GT3, GTE, marché américain, LM P1, retour au Mans.
Quel est votre regard sur le championnat Blancpain Endurance Series ?
« On peut voir qu’il y a beaucoup de marques. En réalité, les plus grands constructeurs sont présents, ce qui donne de très belles courses. Même si les autos sont de conception différente, les chronos sont très proches. La catégorie GT3 est un succès qui ne se dément pas. Nous avons ces mêmes marques au Japon en SUPER GT dans la catégorie GT300. Il y a un lien entre les deux championnats. Les fans regardent le SUPER GT mais aussi la Blancpain Endurance Series. C’est un programme global. La catégorie GT300 connaît un franc succès. »
Pour ce qui est du GT500, êtes-vous satisfait de ce début de saison et du nouveau règlement ?
« Les nouvelles règles permettent de réduire les coûts, ce qui n’est pas négligeable. Je suis satisfait de l’évolution du championnat même si pour le moment tout le monde est encore en quelque sorte en mode découverte. La Nissan GT-R est rapide et elle compte déjà une victoire face à la concurrence lors du dernier rendez-vous. A Fuji, la GT-R dépasse les 300 km/h, ce qui est plus vite qu’une GTE. »
A quand une Nissan GT-R en DTM ?
« A ce jour, rien n’est acquis. Il y a des discussions avec les organisateurs du DTM sur divers dossiers mais rien n’est arrêté. Il est notamment prévu de faire une exhibition en fin de saison, par exemple au Japon, où les autos des deux championnats pourraient rouler. Pourquoi pas en 2015 en Allemagne ou ailleurs. »
Un regret de ne pas voir une GT500 aux 24 Heures du Mans ?
« (Il réfléchit). Vous savez aussi bien que moi que ce n’a jamais été possible même si je pense qu’une GT500 aurait pu tenir son rang. »
Est-il possible de voir une GT-R Nismo dans la catégorie GTE ?
« Les discussions pour une convergence des catégories GT ne sont pas faciles. Nous aimerions bien voir une GT-R Nismo GT3 avec quelques modifications au Mans. Développer une vraie version GTE n’est pas du tout à l’ordre du jour car cela demande beaucoup trop de moyens pour peu d’autos vendues. Déjà, nous avions développé une version GT1 sans finalement pouvoir la mettre sur la piste au Mans. Cette auto a coûté beaucoup d’argent et pris beaucoup de temps pour la développer. Malheureusement, les GT1 ont été interdites peu de temps après. Dans tous les championnats, il faut de la continuité car trois ans, ce n’est pas suffisant pour un constructeur. Il faut une bonne visibilité sur l’avenir. La catégorie GT3 fonctionne parfaitement bien, alors on espère que cela va se poursuivre encore longtemps. »
Quid d’une Nissan GT-R sur le continent américain en GTD ?
« On discute le sujet avec Nissan USA pour le futur, et pourquoi pas dès 2015. La catégorie GTD semble très intéressante. Il faut juste étudier de près la réglementation. »
Venons-en au programme LM P1. Pourquoi avoir décidé de revenir dans la catégorie reine ?
« Les nouvelles règles ont déclenché de l’intérêt. Nissan compte bien montrer son savoir-faire technologique avec quelques innovations. Les règles permettent de la flexibilité, ce qui nous séduit. Si on revient au Mans, ce n’est pas pour suivre ce que font les autres, mais bien pour innover. C’est l’ADN de Nissan et NISMO. Cependant, nous avons bien conscience qu’il faut un brin de chance pour l’emporter. On espère gagner mais je dirais même que l’on veut gagner. Je veux que notre LM P1 soit reconnue par les autres constructeurs comme une auto compétitive.
« Si tout fonctionne correctement en 2015 ou 2016, alors on peut gagner. Ce programme LM P1 est au minimum sur deux ans. »
Après une période hybride, peux-t-on voir la GT-R LM NISMO en version électrique ?
« Il est vrai que l’on devrait avoir de nouvelles règles en 2017 mais très franchement, je pense qu’il est encore trop tôt pour gagner avec une auto complètement électrique. »
La présence de la Nissan ZEOD RC aux 24 Heures du Mans va vous aider pour le programme LM P1 ?
« Une partie du management sera présent sur le programme LM P1. Le shakedown est prévu en octobre. On ne sait pas encore à quel moment l’auto sera montrée pour la première fois. »
Même si les pilotes ne sont pas choisis, peux-t-on y voir des Français ?
« Votre pays a de très bons pilotes. Avez-vous des noms à me proposer ? (ndlr : nous avons échangé sur le sujet). On peut voir que des Français sont très rapides. Les Benoît Tréluyer ou Loïc Duval ont laissé de très bons souvenirs au Japon, tout comme Frédéric Makowiecki l’année passée. Cependant, ces trois-là sont chez d’autres constructeurs. Le Japon a également de très bons pilotes, notamment en GT500. Il faudra aussi prendre en compte les pilotes venant de la GT Academy tels que Lucas Ordonez ou Jann Mardenborough. Nissan devra également s’appuyer sur des pilotes qui ont l’expérience du LM P1. On a besoin de cela. »
Que représente Le Mans pour vous ?
« Cette course représente énormément pour moi. Nissan a essayé dans le passé de gagner mais en vain. Il y a une vraie association entre Nissan et Le Mans. Lorsque vous entrez dans le showroom NISMO, la première auto que vous voyez est une Nissan qui a roulé au Mans en 1998. Il y a un autre modèle du Mans accroché au mur. Beaucoup de gens chez NISMO sont fans des 24 Heures du Mans. Il y a beaucoup d’émotion pour moi à revenir dans la Sarthe. »