Pilote Porsche s’il en est, Romain Dumas débute un nouveau challenge dans sa carrière avec l’aventure Porsche 919 Hybrid. L’Alésien a fait partie des premiers pilotes désignés tout comme son compère et ami Timo Bernhard. Cependant, le tandem inséparable depuis des années ne roule pas dans la même auto. Romain partage son baquet avec Neel Jani et Marc Lieb. Si le trio a connu des 6 Heures de Silverstone pour le moins difficiles, l’équipage de la Porsche 919 Hybrid #14 a eu plus sur le devant de la scène avec une pole et un début de course tonitruant jusqu’à ce qu’un problème électrique ne vienne ralentir la marche en avant des pilotes. Après un passage en GTE l’année passée, Romain Dumas est de retour aux affaires en LM P1…

 Le début de saison est conforme à tes attentes ?

 « Pour nous, chaque course de 6 heures est un nouveau départ. A Spa, l’idée était de voir à l’issue du premier relais ce que donnait la dégradation des pneumatiques. Avec les appuis, on s’attendait à souffrir un peu plus que les autres. En essais, j’ai pu rouler en 2.02 mn sur 14 tours de suite. Nous avions la même auto qu’à Silverstone. Le moyeu à l’avant a été modifié suite au problème rencontré en Angleterre et la transmission a été retravaillée. Le pépin de Silverstone concernait l’intérieur de la boîte. »

L’auto est agréable à piloter ?

 « Il nous reste encore à progresser. La voiture touche beaucoup, ce qui régale les photographes mais pas le pilote. Nous devons encore gagner en confort et en amortissement. A Spa, l’objectif était de terminer avec les deux 919 Hybrid, ce qui a été fait. Porsche prend très au sérieux ce programme LM P1. Matthias Müller, président de Porsche, était là pour surveiller la progression des autos. Pour l’anecdote, il a pris le petit déjeuner à l’hôtel avec le personnel technique de l’équipe. Il y a une vraie implication et une vraie volonté de bien figurer. »

 Le Mans sera une autre étape…

 « Nous terminons les courses de six heures, mais Le Mans c’est autre chose. Nous allons boucler un test d’endurance avant la classique mancelle. L’équipe progresse et la cohésion entre les différentes parties est bonne. »

 La cohésion est de rigueur au sein de l’équipe ?

 « Il y a avait une crainte il y a un an et demi mais cette crainte est maintenant dissipée. La réaction pour faire bouger les choses est bien là. Il n’y a aucune priorité à regarder ce que font Audi ou Toyota. L’objectif était clair dès le début : terminer des courses. C’est presque trop bon par rapport à ce que nous attendions. La manière de travail est quasiment la même qu’avec Audi. La grosse force de Porsche est la réactivité. J’ai connu cela chez Penske. Il n’y a pas des dizaines d’interlocuteurs et on prend en compte l’avis des pilotes. Au début du programme, on a vu beaucoup de gens arriver de la Formule 1. Depuis, les mentalités ont changé et tout le monde a pris le pas de l’endurance. »

On peut voir que la Porsche a une très bonne vitesse de pointe…

 « La 919 Hybrid est très rapide en ligne droite, ce qui rend les dépassements plus faciles. C’était la chance de l’Audi par rapport à la Porsche RS Spyder aux Etats-Unis. Tout le monde attend que Porsche casse tout mais pour le moment il faut terminer des courses. Il ne faut pas oublier les problèmes qu’ont rencontré Toyota et Peugeot à leurs débuts. »

Il y a eu une consultation pour le recrutement des autres pilotes ?

 « Avec Timo, nous n’avons pas donné de nom de pilotes volontairement, excepté celui de Neel. On savait qu’il était rapide et il avait déjà failli venir chez Porsche quelques années plus tôt. Il est rapide et facile à vivre. Pour Marc, je ne suis pas surpris de sa pointe de vitesse même s’il arrive du GT. Un bon pilote est bon partout mais il est vrai que des pilotes GT ne percent pas tous en LMP. Concernent Mark et Brendon, ils n’ont plus rien à prouver. »

 Que retenir des 6 Heures de Spa ?

 « Je suis heureux d’avoir pu boucler mon premier relais en course dans la Porsche 919 Hybrid. Malheureusement, nous avons connu un problème électrique lorsque j’étais en piste. Cela nous a coûté un tour. En fin de course, il est clair que nous ne pouvions pas faire deux relais et demi avec les mêmes pneumatiques, mais peut-être un et demi avec un splash and dash à la fin. »

 Pikes Peak se prépare ?

 « Nous reprenons la base de 2013 même si beaucoup d’éléments seront nouveaux : antipatinage, vitesses au volant, pneus plus gros, empattement plus court, moteur turbo. J’espère pouvoir tourner entre les 8.30 et 8.45 mn. Ce qui est sûr, c’est que le temps de Sébastien Loeb est imbattable. »