Avec seulement quatre LM P2 engagées pour le moment en Championnat du Monde d’Endurance, la petite catégorie LMP marque le pas cette saison. On a une Morgan LM P2 face à trois ORECA 03 sur la saison régulière. Pourtant, pas moins de 18 LM P2 rouleront le mois prochain aux 24 Heures du Mans, ce qui en fait la catégorie la plus fournie à égalité avec le GTE-Am. Alors pourquoi cette défection ? Le renouveau de l’European Le Mans Series y est certainement pour quelque chose avec des LM P2 qui peuvent gagner le général pour un coût de fonctionnement à l’année bien moins élevé. Pourtant, le prix de vente d’une LM P2 est plafonné à 370 000 euros (sans moteur) quand une Porsche 911 RSR tutoie les 800 000 euros. Il est prévu de dépasser les 400 000 euros pour 2015 (ndlr : on parle de 450 000) avec l’arrivée de LM P2 fermées, logiquement plus chères. On peut dire sans se tromper que la seule LM P2 qui respectait à ses débuts scrupuleusement le coût maîtrisé était la Norma. Chaque constructeur doit fournir à la FIA la liste de prix des pièces de rechange. Le total de cette liste ne doit pas dépasser 150% du prix de vente de la voiture neuve complète. (In English)
En 2015, HPD, Onroak Automotive, ORECA et ADESS proposeront des autos fermées sachant que d’autres constructeurs sont intéressés, dont Wolf et le proto russe développé par Paolo Catone. Les constructeurs doivent être en mesure de commercialiser dans des délais raisonnables et sous réserve de commandes fermes au minimum cinq voitures par an. Rentabiliser une LM P2 est de plus en plus dur pour un constructeur même si les projets ne manquent pas.
Avec des LM P2 malmenées aux Etats-Unis face aux DP, un manque cruel de concurrents en FIA WEC, et des plateaux qui ne demandent qu’à se développer en Asian Le Mans Series et European Le Mans Series, la catégorie est à un tournant de son histoire. Ils sont plusieurs à nous avoir fait part de leurs craintes quant à l’avenir, dont Philippe Dumas, team principal du G-Drive Racing, qui vient d’aligner deux victoires coup sur coup en FIA WEC.
Selon toi, la catégorie LM P2 en FIA WEC est en danger avec quatre autos engagées ?
« Il faut une réflexion sur la catégorie LM P2. Avec un championnat mondial, il devient de plus en plus compliqué de fédérer des gentlemen drivers qui ont un métier en dehors de la course automobile. De plus, la catégorisation de pilotes mise en place est un problème. Certes, il n’y a que quatre autos pour le moment mais ce n’est pas pour cela que les victoires sont faciles à décrocher car le niveau est bien là. En revanche, cela ne va pas inciter des équipes à venir sachant que le coût est important. »
« Concernant la catégorisation de pilotes, je pense qu’il faut aller à l’inverse et carrément la supprimer. On ne peut pas faire cela tout seul. Il faut l’aide des partenaires et un complément de budget qui peut passer par les organisateurs. Nous devons relancer l’intérêt du LM P2 avec l’organisateur. Les autos existent et tout le monde peut y gagner. Déjà, il faut un vrai titre de Champion du Monde LM P2, ce qui n’est pas le cas actuellement. On a juste un Trophée Endurance FIA des Equipes LM P2. De plus, l’organisateur doit pousser les constructeurs à mettre des jeunes pilotes afin de mettre en place une filière. De nos jours, il y a beaucoup de plus de relation entre LM P1 et LM P2 que ce que cela ne pouvait l’être il y a quelques années. On peut avoir des pilotes de GP3, GP2 ou d’autres disciplines, afin qu’ils soient repérés par des constructeurs. Tous les jeunes pilotes n’iront pas en Formule 1. »
Le coût d’un engagement en LM P2 sur la scène mondiale est trop élevé ?
« Une équipe ne peut pas diminuer les coûts, tout comme les constructeurs. Une saison coûte 2,5 à 3 millions d’euros. A titre d’exemple, le quota de pneus alloué va dans le bon sens, mais on ne peut pas faire de réduction drastique des coûts de fonctionnement. Respecter le coût maîtrisé est très compliqué pour avoir une bonne auto. »
Est-ce une bonne idée que les constructeurs ne puissent pas engager directement une LM P2 ?
« Ce n’est pas bon qu’un constructeur puisse aligner soi-même une auto. »
C’est le cas avec OAK Racing…
« Selon moi, on ne doit plus le faire. Il faut donner un peu de temps à chacun pour trouver des solutions. »
Pourtant, de nouveaux constructeurs vont arriver…
« Oui mais il va falloir que des équipes relèvent le défi pour les faire rouler. Soit on donne un coup de boost à la catégorie LM P2 et on arrête les LM P1-L, soit on met en avant les LM P1-L et on arrête les LM P2. La catégorie LM P2 a un intérêt certain, c’est indéniable. Il doit y avoir des discussions avec les organisateurs et une annonce doit être faite rapidement. Il en va de la pérennité du LM P2 en FIA WEC. Dans le cas contraire, ce sera compliqué… Je reste persuadé que l’on peut attirer des jeunes pilotes s’il y a un lien avec les constructeurs au niveau des pilotes. On pourrait voir un Junior Team par exemple. »
Les pilotes de pointe ne manquent pourtant pas en LM P2. Comment se fait-il qu’un Olivier Pla ne soit pas chez Audi, Porsche ou Toyota ? Même chose pour Oliver Turvey. Brendon Hartley doit son arrivée chez Porsche à ses performances dans la petite catégorie, tout comme Mike Conway chez Toyota. Audi n’hésite pas à prêter René Rast ou Filipe Albuquerque. Qu’en sera-t-il des LM P2 si deux ou trois nouveaux constructeurs devaient débarquer en LM P1 à moyen terme ?