Si Jack Bauer a 24 heures pour sauver le monde, Audi, Porsche et Toyota vont avoir 24 heures le mois prochain pour savoir lequel des trois a choisi la meilleure technologie dans sa LM P1-H. Silverstone et Spa ont permis de montrer que sur six heures le Toyota Racing a été capable de doubler la mise en récoltant un maximum de points avec la #8. Avant les 24 Heures du Mans, Toyota compte 84 points au Championnat du Monde d’Endurance des Constructeurs, contre 36 à Porsche et 28 à Audi. Après deux manches, celui qui a le moins de moyens à sa disposition s’en sort le mieux.

Copie parfaite pour le Toyota Racing…

Le Toyota Racing se présentera dans la Sarthe fort de trois succès lors des trois dernières manches FIA WEC. A Spa, la stratégie pneumatique a été primordiale. A l’issue du premier relais, Nicolas Lapierre et Stéphane Sarrazin ont laissé la place à leurs coéquipiers respectifs avec un changement de pneumatiques. L’équipe a ensuite fait le pari de doubler les relais avant de revenir en arrière. La #8 de Wurz/Nakajima/Sarrazin a été dans le coup sans toutefois pouvoir aller chercher la voiture sœur. Stéphane Sarrazin confiera après coup un léger survirage.

Yoshiaki Kinoshita, président du Toyota Racing, ne peut qu’être satisfait de ces 6 Heures de Spa : « Je suis fier de toute l’équipe pour l’effort produit aujourd’hui. Voir Toyota Racing leader du Championnat du Monde des constructeurs est très satisfaisant et cela nous donne une grande motivation pour le défi à venir, Le Mans. C’était agréable de voir autant de monde et je pense que nous avons offert un spectacle passionnant. C’est difficile pour l’équipe et les pilotes car nous devons tout donner pour obtenir le meilleur résultat. Bravo à tout le monde pour cette performance. A présent, nous entamons une période exigeante, celle de la préparation du Mans. Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, Le Mans est une course unique et beaucoup de choses peuvent se produire. Nous allons travailler d’arrache-pied pour nous préparer et nous donner les meilleures chances possibles. » Le Toyota Racing est reparti des Ardennes belges avec ses deux TS040 HYBRID. De quoi aborder Le Mans plus sereinement, les deux autos ayant prouvé sur six heures que la configuration Le Mans était bien au rendez-vous.

Audi pas favori au Mans selon Tom Kristensen…

« Je ne nous vois pas comme les favoris pour les 24 Heures du Mans. » Les mots prononcés par Tom Kristensen après la deuxième place décrochée avec Loïc Duval et Lucas di Grassi sont clairs et sans équivoque. A aucun moment les trois Audi R18 e-tron quattro n’ont pu prendre le dessus sur les Porsche et Toyota. On ne peut cependant pas dire qu’il y a péril en la demeure car on connaît la force de frappe d’Audi. « Une deuxième place était le mieux que nous puissions faire compte tenu de la situation actuelle » confie un Dr Wolfgang Ullrich quelque peu déçu du résultat global. « Je suis heureux que nous ayons réussi à le faire. Les trois voitures ont terminé et aucune n’est endommagée. Après le résultat de Silverstone, c’est un résultat positif. Il y a encore beaucoup à faire et nous allons faire face. »

A Spa, seule la #3 était en configuration Le Mans avec comme résultat final une 6^ème place pour Bonanomi/Albuquerque. Il aura fallu attendre une piste plus gommée pour que les Audi reprennent un peu de poil de la bête. Pour ne pas perdre de temps dans les stands, Audi Sport Team Joest a choisi de doubler les relais avec les mêmes gommes, ce qui s’est avéré être un avantage sur la #1 qui n’a concédé que 1.13mn à l’arrivée. La #2 n’a pas été épargnée par les problèmes. André Lotterer a été retardé par un souci électrique qui l’empêchait d’utiliser au maximum la puissance de l’hybride. C’est ensuite une perte de pression dans un pneu qui a ralenti la progression de Tréluyer/Fässler/Lotterer.

Chris Reinke, chef du projet LMP, dresse le bilan : « Pour Audi Sport, l’effort fourni pour mettre les trois voitures sur la grille a été énorme. Terminer la course sur un résultat respectable et monter sur le podium faisait partie des plans. Evidemment, nous aurions aimé plus mais nous avons fait un bon travail de préparation pour Le Mans, qui reste notre objectif principal. La voiture #3 a rassemblé des informations importantes afin que nous puissions quitter Spa avec un sentiment de satisfaction. »

Le staff Audi Team Joest est resté assez tard sur le circuit de Spa-Francorchamps pour un long debriefing dans le bus Audi comme nous avons pu le constater. Un podium reste un podium mais il manque du rythme chez Audi face à la concurrence, ce que ne dément pas Ralf Jüttner, directeur du Audi Sport Team Joest : « Nous devons être satisfaits de cette deuxième place. Félicitations à Toyota qui a construit une bonne voiture. Cette course a été un soulagement pour nous après l’épisode de Silverstone. Les trois voitures ont terminé même si tout ne s’est pas déroulé comme nous le souhaitions sur la #2. Au regard de la course, nous n’avons pas été en mesure de garder le rythme de la voiture victorieuse. Le côté positif est que les pneus ont toujours bien fonctionné sur le deuxième relais. La #1 et la #2 avaient plus d’appuis, ce qui était un avantage à Spa. Nous avons beaucoup appris avec la #3. »

Des Porsche 919 Hybrid dans le coup…

Fort d’un podium dès ses débuts à Silverstone, le Porsche Team pouvait nourrir de grandes ambitions en Belgique même si le staff a toujours martelé que l’objectif était de ramener les deux autos à l’arrivée. Mission accomplie même si cela n’a pas été sans problèmes. Pourtant, il y a de quoi être satisfait car les 919 Hybrid sont bien là. La #14 de Dumas/Lieb/Jani a décroché la pole avant de mener d’une façon assez déconcertante le début de course.

Le leadership n’a pourtant pas duré pour le trio. Un problème électronique a ralenti la marche en avant de Romain Dumas, l’Alésien devant réinitialiser lui-même au volant, avant que Neel Jani ne rentre pour une crevaison. Au final, la #14 a terminé au pied du podium. Quant à la #20 de Webber/Hartley/Bernhard, elle n’a pas été épargnée par les soucis techniques. Fritz Enzinger, vice-président du programme LM P1, est tout de même satisfait : « Notre principal objectif était de terminer la course avec les deux Porsche 919 Hybrid, ce que nous avons réussi. Il y a eu la pole et de très bons chronos en course où nous aurions espéré un meilleur résultat. Malheureusement, les problèmes techniques, en particulier sur la #20, ont fait que cela n’a pas pu être possible. »

Alexandre Hitzinger, directeur technique, revient sur le problème électronique dont a été victime Romain Dumas : « Nous avons connu une fausse alerte sur la #14 qui a coupé le système hybride. Romain a dû réactivé le système. Nous sommes très prudents lorsqu’il s’agit de la sécurité de nos systèmes hybrides. Si une telle chose se produit, il y a une procédure à respecter. La Porsche #20 a connu pour sa part des problèmes d’amortisseurs et de transmission à l’avant, et ce à deux reprises. Nous savions que c’était un élément essentiel et nous allons utiliser des pièces renforcées pour Le Mans. Nous étions rapides lors des qualifications mais aussi en course. Ramener les deux voitures à l’arrivée était pour nous l’objectif le plus important. »

Le prochain rendez-vous sera l’occasion de confronter les trois protagonistes à une course quatre fois plus longue. Que le meilleur gagne !