Le deuxième meeting 2014 de la VdeV Endurance Series, au Mans sur le circuit Bugatti, a tenu toutes ses promesses. La météo a fait preuve de retenue et la pluie n’a fait que de rares apparitions, la piste restant sèche pendant la majorité du week-end, à l’exception de la première course du Challenge Funyo qui ne put aller à son terme en raison d’une belle averse alors que les voitures étaient en slicks et également avant le départ des Trois Heures du Challenge d’Endurance Protos, le gras-mouillé de la piste froide piégeant plusieurs concurrents.
Ce meeting a été celui des triplés et d’un doublé : doublé des Elva BMW dans le Challenge VHC, triplé des Norma M20 FC dans le Challenge Protos et triplé des Porsche 911 GT3 R dans le Challenge GT//Tourisme.
Avec un peu de recul, revenons sur les hommes forts du week-end. Que ceux que nous aurons oubliés -il y en aura forcément- veuillent bien nous excuser…
2 Heures du Mans – Challenge d’Endurance VHC
Le plateau VHC étaitde belle facture, tant qualitativement que quantitativement. C’est le champion VHC en titre, Yann Le Calvez, qui s’est imposé, avec son Elva BMW Mk 8 du Team Meca Moteur devant la voiture sœur de Marc Alloend-Bessand. Les petites Elva, elles vont bien, merci… Après un début de course dominé par l’Osella BMW PA 8 de Gérard Pargamin et Lola T594 C de Alain-Gérard Duthé, les Elva sont restées en embuscade, Alloend-Bessand devant Le Calvez. Ce dernier, en vieux briscard, passait son coéquipier lors du dernier passage par les stands et n’était plus inquiété.
Cette course du Mans a vu le retour de Bernard Moreau, vainqueur du Challenge d’Endurance 2012 ainsi que des 2 Tours d’Horloge cette même année, avec son inoxydable Porsche 911 RSR 3 litres, après une année sabbatique pour raisons professionnelles. En qualifications, la Porsche s’était invitée au milieu des protos et s’était qualifiée en première ligne, affichant ses prétentions pour la course. Las, l’embrayage de la Porsche, qui avait de nombreux kilomètres à son actif, lâchait dans le dernier tour des qualifications et la Porsche ne put être remise en état pour la course. Il faudra cependant encore compter sur elle cette année et elle sera une des favorites des 2 Tours d’Horloge2014.
3 Heures du Mans –Challenge d’Endurance Protos
Nouveau festival des Norma M20 FC qui prennent les trois premières places et monopolisent donc le podium, avec des représentants de chacun des trois top teams : CD Sport, Palmyr et TFT, la victoire ayant été décrochée par la Norma CD Sport n°33 de Marc-Antoine Dannielou et Maxime Pialat.
Le team CD Sport de Claude Dégremont avait frappé fort dans les qualifications en réussissant les trois meilleurs chronos (calculés sur la moyenne des chronos de deux pilotes de l’équipage) avec la pole position pour la Norma n°33 de Kevin Bole-Beasançon/Gary Findlay/Inès Taittinger, devant la Norma n°33 de Dannielou/Pialat et la Norma n°30 de Accary/Foubert/Beraud.
CD Sport allait cependant connaître quelques mésaventures : c’est tout d’abord Jean-Ludovic Foubert qui se faisait piéger par la piste grasse dans les tours de formation et endommageait le proto qui n’allait prendre la piste que de nombreux tours après le peloton, le poleman Kevin Bole-Besançon stoppait sa Norma dans la ligne droite du Chemin aux Bœufs…En revanche, la Norma n°33 tenait bon, restait constamment aux avant-postes et franchissait victorieusement la ligne d’arrivée après une course très solide de ses deux jeunes pilotes qui forment un duo très homogène. Maxime Pialat a fait un très joli début de course, restant dans le tiercé de tête, et après un relais intermédiaire plein d’autorité de Marc-Antoine Dannielou, a parachevé le travail pour remporter sa première victoire dans la Série. De son côté, Dannielou est toujours aussi rapide et a nettement gagné en maturité, ce qui fait de l’équipage de la Norma n°33, déjà deuxième à Barcelone, un sérieux candidat au titre 2014.
En dehors de Pialat et Dannielou, plusieurs autres pilotes se sont mis en évidence. Le jeune Timothé Buret, deuxième avec le suisse Vaglio-Giors, sur la Norma Palmyr n°2, a fait une course alliant vélocité, maîtrise et régularité.
Le suisse Nicolas Maulini a été étincelant lors de son long relais de début de course avec la Norma JD Racing n°28. Maulini était parti en sixième ligne et avait réussi à prendre la tête et rester longtemps au commandement, avant de céder le volant à ses équipiers, deux gentlemen drivers.
Matthieu Lahaye, avec la Tatuus PY012 Ultimate n°30, a rappelé, si besoin était, qu’il était un pilote de grande valeur et a lui aussi été en tête de la course. Bien aidé par son frère Jean-Baptiste, il termine quatrième, les deux hommes étant les mieux classés des pilotes Tatuus.
Cependant, l’homme fort de la course a peut-être été le tout jeune Léo Roussel, 18 ans. Le pilote de la Tatuus PY012 Extrême Limite n°19 avait déjà signé le meilleur chrono des qualifications en 1’33’’750, à égalité avec Thomas Accary en 1’33’’750. Cependant, la grille de départ étant déterminée comme on l’a vu par la moyenne des temps de deux pilotes par équipage, la Tatuus n°19 ne partait qu’en cinquième ligne, l’équipier de Roussel, Jean-Claude Poirier, étant un pur gentleman driver et ne possédant pas la pointe de vitesse de Léo. Celui-ci prenait le départ en slicks sur une piste encore grasse des pluies de la nuit et il volait littéralement sur la piste, dépassant neuf concurrents dans ce premier tour et passait en tête sur la ligne de chronométrage !! Léo restait au commandement jusqu’à la première neutralisation où il passait le relais à Poirier. Léo Roussel se chargeait de la fin de course et ramenait progressivement la Tatuus vers l’avant de la course, établissant le meilleur tour en 1’35’’432 pour prendre la huitième place. Incontestablement, le neveu de Patrice Roussel a de beaux jours devant lui…
On ne rangera évidemment pas Sarah Reader et Flick Haigh parmi les hommes forts du week-end et pourtant les deux jeunes femmes méritent amplement d’être mises à l’honneur. Au volant de la Juno n°26 du TFL Racing –une CN de 2011 qui n’a pas de coque carbone contrairement aux Norma, Ligier, Tatuus ou Wolf-, elles ont fait une course superbe, restant longtemps en sixième position –et premières d’une catégorie bien mal nommée ce dimanche, celle des « gentlemen drivers-. Flick Haigh, pour sa deuxième course en VdeV Endurance Series, a fait un long premier relais qui l’a amené en sixième position. Sarah Reader a pris ensuite le relais sur le même tempo avant que la mécanique ne trahisse les deux pilotes dont on surveillera les prestations à venir.
Trois Heures d’Endurance GT/Tourisme
Autant la course des Protos avait été très décevante pour Patrice Lafargue–le père- et pour Paul –le fils-, Patrice ayant été piégé avec sa Ligier dans les tours de formation et l’équipage n’ayant pu défendre ses chances en course, comme à Barcelone où Paul avait été accidenté, autant au Mans les deux hommes n’étaient que tout sourire à l’issue des trois heures de course. Formant un équipage très homogène, ils avaient qualifié la Porsche 911 GT3-R n°17 du Ruffier Racing en pole position devant quelques clients sérieux comme AF Corse, Visiom, LNT, Porsche Lorient Racing ou Nourry Compétition.
Patrice prenait le départ et adopta un rythme de course soutenu mais sans chercher à suivre les Ferrari 458 et la Ginetta G55. Après les malheurs de ces trois GT et un court intérim de la Porsche n°44 du Porsche Lorient Racing de Frédéric Ancel, Paul Lafargue se retrouva en tête de la course et maintint un rythme très élévé qui maintint à distance les opposants, la Porsche n°17 passant sous le drapeau à damiers avec deux tours d’avance sur les deux autres 911 GT3-R. Deuxièmes à Barcelone, Paul et Patrice Lafargue, même si la saison est encore longue, peuvent lorgner sur le championnat.
Parmi les autres hommes forts du week-end, on citera le portugais Rui Aguas qui, à bord de la Ferrari 458 GT3 AF Corse, a fait honneur à sa réputation, lui qui a bourlingué en compétition au Mans, en WEC, en ALMS, en Grand-Am, en Open GT, et on en passe. Il a pris rapidement la tête de la course et l’a conservé jusqu’à la fin de son premier relais.
Mike Simpson et la Ginetta G55 GT3 n’avaient jamais couru au Mans, mais ils ont fait sensation. Alors que la Ginetta avait connu quelques soucis en qualification, Simpson prit un départ tonitruant qui l’amena rapidement en deuxième position, sur les talons de Rui Aguas, avec un rythme effréné qui lui permit d’établir le meilleur tour en course en 1’37’’471, plus vite donc que Rui Aguas, une référence. Lawrence Tomlinson était reparti sur un bon rythme lui aussi et on envisageait avec un dernier relais de Mike Simpson un résultat brillant pour la voiture britannique mais la mécanique en décida autrement. Dommage… La Ginetta pourrait bien être la bonne surprise de l’année et causer bien des misères aux Ferrari et aux Porsche.
Autre pilotes à s’être mis en valeur : David Loger, meilleur tour des qualifications au volant de la Porsche de Nourry Compétition et qui confirma en course, Maxime Jousse, à qui il ne manqua que quelques tours pour amener l’Audi R8 LMS/AB Sport Auto en troisième position et priver ainsi Porsche d’un triplé, Frédéric Ancel, dont le début de course avec la 911 GT3-R du Porsche Lorient Racing fut très convaincant…
Si Patrice et Paul Lafargue ont eu la palme de la performance, on peut décerner la palme du cœur au Team Visiom, pilotes, mécaniciens et staff. Le vendredi, ils ont accueilli 48 élèves de l’école primaire de Joué L’Abbé, répondant à leurs questions, leur offrant une visite au Musée des 24 Heures, leur faisant découvrir les stands et donnant une séance de dédicaces. Dimanche, ils accueillaient deux jeunes malades dont Jean-Bernard Bouvet, un des pilotes de la Ferrari, est le parrain de cœur. Chapeau bas, messieurs…En course, Jean-Bernard Bouvet, Thierry Perrier et Jean-Paul Pagny ont été moins heureux. La Ferrari s’était pourtant qualifiée en première ligne et Thierry Perrier avait mené la course avant de laisser sagement passer –Thierry sait ce qu’endurance veut dire- les deux flèches Rui Aguas et Mike Simpson. Après les malheurs de ceux-ci, la Ferrari Visiom –victorieuse à Barcelone- avait repris la tête, mais peu après la prise de relais de Jean-Paul Pagny, la mécanique dictait sa loi et contraignait la Ferrari à l’abandon.