Dans une catégorie LM P1 qui fait dans la nouveauté cette saison, l’équipage de l’Audi R18 e-tron quattro #2 aura l’avantage de se connaître parfaitement, ce qui dans cette nouvelle ère de l’endurance sera un atout non négligeable. Entre Benoît Tréluyer, Marcel Fässler et André Lotterer, aucune guerre d’ego. Chacun a conscience de la feuille de route donnée par Audi. Si l’année 2013 n’a pas permis au trio de garder la couronne mondiale et de décrocher une troisième victoire aux 24 Heures du Mans de suite, 2014 doit leur permettre de renouer avec la victoire le plus souvent possible. Vainqueur de quatre épreuves en 2013 dont les 12 Heures de Sebring, Benoît Tréluyer a une revanche à prendre. Véritable dynamiteur lors des 6 Heures de Shanghai 2013, le natif d’Alençon a soif de victoire mais sans pour cela être sous pression. Chez Benoît Tréluyer, tout est sous contrôle. Entretien avant une saison qui s’annonce indécise…
Dans quel état d’esprit es-tu avant ce début de saison ?
« C’est pour tout le monde la saison de la nouveauté. L’Audi R18 e-tron quattro modèle 2014 est une très bonne auto. Tout le monde chez Audi a travaillé d’arrache pied pour nous donner la meilleure auto possible. Cependant, il y a des paramètres que l’on ne maîtrise pas. L’incertitude provient du fait de se dire : que faire en cas de problème ? C’est pourquoi une marge de sécurité est nécessaire. Lorsque l’on met un gamin sur un vélo pour la première fois, on sait qu’il va tomber à un moment ou à un autre. J’ai un tempérament général à prendre les choses d’une façon assez cool. On se sent prêt ! L’année passée, nous avons déjà beaucoup roulé en économisant un maximum de carburant, mais cette saison il n’y aura aucun droit à l’erreur, d’où la marge de sécurité. Nous devrons trouver les bons endroits où récupérer l’énergie tout en perdant le moins de temps possible. »
C’est pour toi un pilotage nouveau ?
« L’approche est différente. Nous avons sensiblement le même système hybride que l’an dernier. Sur ce plan, il n’y a aucune inquiétude à avoir. Audi a choisi 2 Mj et nous savons qu’en performance théorique, c’est moins bien que les 6 Mj de la concurrence. L’auto 2014 est bien née. Comme je l’ai dit, l’approche n’est pas la même. Nous pensons mieux exploiter les 2 Mj que les 6 Mj. Il faudra voir ce que cela va donner lors des dépassements. Ce nouveau challenge me plait énormément. La voiture 2014 est plus agile que l’ancienne. Elle est agréable à piloter aussi bien dans les parties lentes que rapides. Je retrouve les sensations d’une Formule 3. »
Le nouveau poste de pilotage est plus confortable ?
« Audi a dessiné une belle voiture qui est aussi pensée pour le pilote. La nouvelle réglementation va dans le bon sens au niveau de l’habitabilité. On a progressé dans ce domaine. Le montant du pare-brise ne cache pas la vue, ce qui est un vrai atout. »
Que retenir du Prologue pour Audi ?
« Tout s’est bien passé sachant que ce n’est pas le circuit sur lequel nous étions le mieux en essais. On a pu voir que les trois marques étaient proches et je pense qu’il va en sera ainsi toute la saison. Tout le monde est dans la même situation. On verra en qualification. Ce sera l’heure de vérité ! C’est là qu’on aura une première idée du travail des trois constructeurs. Je pense que l’on va assister à une course excitante compte tenu des inconnues de ce début de saison. Nos tests d’endurance se sont bien déroulés où nous avons couvert plusieurs fois le nombre de kilomètres d’une course sans toucher l’auto. Même si je reste prudent, je suis confiant. Notre équipage n’avait jamais été aussi prêt que l’année passée et nous avons vu où cela nous a mené. »
Rouler avec André et Marcel est un avantage ?
« C’est un gros avantage si on sait en tirer profit, ce qui est le cas. On travaille ensemble depuis longtemps mais le piège serait de se sentir trop confiant. Il faut savoir rester humble. Il faut rester prudent, observer et continuer à apprendre sur le plan de la stratégie de course. Une chose est sûre, je suis surmotivé pour cette saison avec l’arrivée de Porsche dans l’échiquier. »
En juillet prochain, tu vas débuter en compétition sur une Audi R8 LMS ultra aux 24 Heures de Spa. C’est quelque chose que tu attendais depuis un moment ?
« Cela fait assez longtemps qu’on en parlait. L’idée était de le faire en 2012 lorsque Tom (Kristensen) a roulé. Je suis ravi de disputer cette grande course d’endurance GT sur une Audi au sein du Belgian Audi Club Team WRT. Le team de Vincent Vosse a un très bel esprit d’équipe. Je connais la R8 pour avoir roulé en essais aux essais du Tudor United SportsCar Championship. Cela me plait de faire autre chose. A Spa, je sais que je vais me faire plaisir surtout que je vais rouler avec mes deux compères André et Marcel. »
Tu es prêt à découvrir d’autres horizons ?
« J’aime bien varier les plaisirs. Je fais deux heures de vélo par jour, que ce soit sur route ou dans les chemins, sans oublier la moto tout-terrain. Je regarde aussi ce qui se fait du côté du rallye-cross pour le futur. En revanche, je ne suis pas prêt pour un passage en rallye où il faut rouler avec quelqu’un à côté de soi. Pour le moment, je reste concentré sur le prototype. Il faut que j’ai l’impression de découvrir quelque chose de nouveau. »
Et le SUPER GT ?
« Le championnat me manque un peu, de même que les Japonais. J’y ai passé de très belles années. Les autos sont excellentes. C’est vraiment une super école et je ne regrette pas une seconde d’avoir choisi cette voie. Ce passage au Japon m’a fait énormément progresser dans beaucoup de domaines. La décision d’y aller n’avait pas été facile à prendre mais j’en garde un souvenir mémorable. Pour l’anecdote, j’ai été à deux doigts de rouler cette saison en Super Formula contre André et Loïc. »