Il aurait été dommage de ne pas profiter d’une journée « off » entre Prologue FIA WEC et Essais Officiels European Le Mans Series pour ne pas rendre une visite à Hugues de Chaunac, président du Groupe ORECA. Le constructeur étant basé à quelques kilomètres du circuit Paul Ricard, il est donc assez facile de rendre à Signes même si l’emploi du temps du maître des lieux est bien chargé. C’est dans son bureau bardé de trophées que nous a reçu Hugues de Chaunac avant une visite des lieux où de la Rebellion R-One, nous n’aurons vu que la porte mentionnant un accès interdit au public. (In English)
Les sujets à aborder avec Hugues de Chaunac sont multiples : Rebellion R-One, FIA WEC, ORECA 03-R, ORECA 05, TUSC, futur, etc…
Hugues, que vous a inspiré ce Prologue FIA WEC ?
« Il est un peu tôt pour tirer des enseignements. On a pu voir que Porsche était bien là avec des autos très rapides en ligne droite. Nous n’avons vu qu’un petit aperçu des forces en présence. La nouvelle réglementation est complexe. Ce Prologue FIA WEC a servi de rodage pour les trois constructeurs. »
Malgré la nouvelle réglementation LM P1, les personnes d’ORECA sont aux mêmes postes chez Toyota Racing ?
« ORECA assiste le Toyota Racing sur le terrain, les hommes étant placés sous la direction de David Floury et d’un ingénieur piste. Nous sommes en place sur la partie finale du programme. Le moteur est monté au Japon et l’auto en Allemagne chez TMG. Les personnes sont les mêmes que l’année passée. »
Le FIA WEC entre dans une nouvelle dimension cette année ?
« Il est clair que le championnat va passer un nouveau cap avec l’arrivée de Porsche. Il faut tout de même attendre les deux premières courses pour tirer les premières conclusions. Ce n’est pas évident à comprendre vu de l’extérieur. Il faut voir si c’est facilement digérable pour les fans. Je pense qu’il faut simplifier au maximum le message d’autant plus qu’il y a quatre technologies différentes entre Audi, Porsche, Rebellion et Toyota. »
Le projet de construction de la Rebellion R-One touche à sa fin ?
« Le premier roulage était prévu fin mars, ce qui nous met une dizaine de jours en retard par rapport au planning initial. Tous nos sous-traitants sont pris d’assaut par la Formule 1 et le LM P1. C’est un gros problème cette année. Je dirai que la R-One prendra la piste pour la première fois entre le 10 et le 14 avril. »
« Bart Hayden et son équipe vont prendre la décision de l’aligner ou pas à Silverstone. Les deux autos seront prêtes quasiment en même temps. Les moyens sont bien différents des trois gros constructeurs. Il y a pour le moment une seule LM P1-L, d’où l’importance d’avoir un bon équilibre de performance. C’est déterminant pour l’avenir de la catégorie LM P1-L. Si le Rebellion Racing peut terminer entre la quatrième et la sixième place, cela peut donner des envies à d’autres. Si l’écart est au-delà de deux secondes des LM P1-H, il pourrait y avoir un découragement. Il faut bien que l’ACO et la FIA en soient conscients. Il faut constituer un vrai fond de commerce comme en LM P2 et inciter les constructeurs et équipes à venir. Tout cela ne sera possible que s’il y a un vrai match à plusieurs. Il faut que le podium soit accessible. Rebellion est avec les LM P1, pas avec les LM P2. »
En LM P2, la ORECA 03 poursuit sa carrière. L’auto arrive en fin de vie ?
« Non pas du tout ! La ORECA 03 est une auto encore très performante. L’idée est de lancer une version fermée en 2015. Les équipes auront deux options possibles à performance égale. Cela va nous permettre d’élargir la gamme. La ORECA 03 peut encore jouer la gagne en 2014, 2015 et 2016. Il va y avoir la 03-R cette année. On a pu voir que l’auto était dans le coup en 2013. Sans le déclassement de G-Drive au Mans, l’équipe aurait raflé le titre FIA WEC. »
ORECA tend à s’internationaliser encore plus ?
« ORECA est une entreprise française qui veut rayonner à l’échelon mondial sur la planète Endurance. ORECA se doit d’être une « worldwide » entreprise. On pousse pour être présent partout. »
Parlons des Etats-Unis. Quel est votre sentiment sur ce nouveau championnat après deux épreuves ?
« La culture américaine n’est pas la même qu’en Europe. Le rapprochement entre DP et P2 n’est pas évident. Les Américains aiment les gros moteurs et le bruit. C’est le cas des DP qui représentent un constructeur. Les LM P2 sont à l’opposé de tout cela avec plus de technologie. 2014 est une année de rodage. Il fait voir comment chacun va y trouver son compte. »
C’est tout de même une déception de voir Muscle Milk Pickett Racing faire l’impasse sur les deux prochains meetings…
« C’est 100% le choix de l’équipe. Ce programme s’est décidé assez tardivement. L’équipe de Greg Pickett souhaite faire une pause pour mieux comprendre l’auto. Il faut leur donner du temps et nous allons les accompagner autant que possible. »
ORECA souhaite être présent directement aux Etats-Unis ?
« Il faut savoir que nous avons un bureau à Hong Kong depuis un an où travaillent quatre à cinq personnes. On se développe là-bas. Nous allons maintenant ouvrir un bureau commercial aux Etats-Unis dans un lieu qui reste à être défini, à Charolotte ou ailleurs. »
ORECA compte se positionner sur le futur de la réglementation américaine ?
« On regarde de près ce qui va se passer. Il y a un intérêt, c’est certain. Il faudra voir selon ce qui pourra être fabriqué sur place. Cela fait partie de nos réflexions. En 2015, on espère déjà que la BOP ne sera pas défavorable aux P2 et à la ORECA 03. »
Que dire des LMPC qui ont connu une course chaotique à Sebring ?
« Les incidents de course ont été nombreux et l’IMSA va analyser le tout. Cette catégorie est un vrai succès outre-atlantique. Il y a un vrai attrait pour cette auto : prix raisonnable, gros moteur Chevrolet, fiabilité. De plus, on a pu constater qu’elle était solide. Il y a un vrai support client avec notre partenaire Haas. L’intérêt a été moindre en Europe car l’auto ne pouvait pas rouler aux 24 Heures du Mans. »
Cette saison, ORECA est aussi présent en Asie avec l’arrivée de KCMG dans la famille…
« Des discussions sont en cours pour voir KCMG avec une ORECA 03 en Asian Le Mans Series. On souhaite rayonner encore plus loin. Les nouveaux projets sont l’essence même d’ORECA sachant que nous sommes déjà bien occupés. On écoute et on regarde ce qui peut se faire. ORECA Technology a du travail jusqu’à mi-2015. »
Vous aimez les nouveaux challenges. Pourrait-t-on voir à l’avenir ORECA développer une auto pour occuper le 56ème Garage au Mans ?
« Bien sûr que l’on serait ouvert à ce genre d’idée mais pour cela, il faut le soutien appuyé d’un constructeur. »
« Nous sommes en veille permanente sur le dossier GT. ORECA a atteint une certaine maturité et notoriété. »
On a tendance à l’oublier, mais ORECA est aussi actif à Magny-Cours…
« Le département moteur est une belle satisfaction. Nous travaillons dans des domaines aussi divers et variés que le rallye, le WTCC, le rallye-raid, le rallye-cross et même pour les moteurs LM P2. Le Groupe ORECA est composé d’environ 200 personnes, dont une cinquantaine est basée à Magny-Cours. Il ne faut pas oublier ORECA Store qui envoie chaque jour 500 à 600 colis par jour, mais aussi nos activités marketing et évènementielle qui travaillent pour Audi France, Porsche, Renault ou Michelin. »