Comme nous l’avions annoncé, Matt McMurry, 16 et trois mois, a piloté pour la première fois une LMPC le week-end dernier sur le Palm Beach International Raceway. Ce premier test s’est déroulé samedi et dimanche derniers, 15 et 16 février, à bord de l’Oreca FLM09 de Performance Tech Motorsports.
Pour la petite histoire, Matt McMurry n’est titulaire du permis de conduire que depuis un mois ! La LMPC était également pilotée par le brésilien Raphael Matos et le canadien David Ostella. Raphael Matos, 32 ans, a déjà un palmarès bien fourni : il a été champion de Star Mazda en 2005, Formule Atlantic en 2006, champion Indy Lights en 2007, vainqueur en GT des 24 Heures de Daytona 2008 sur une Mazda RX-8 SpeedSource, rookie of the year en IndyCar en 2009…David Ostella, 22 ans, a remporté en 2013 le Canadian Porsche GT3 Cup Challenge.
Chris McMurry, le père de Matt –à gauche, penché sur son fils-
surveillait attentivement les essais de son fils. Chris McMurry, grand amoureux des 24 Heures du Mans et lui-même plusieurs fois participant à l’épreuve mancelle ainsi qu’au Championnat ALMS, suit de près la carrière sportive de son fils et nous gentiment aidé pour la rédaction de cet article. Par ailleurs, c’est l’agence de communication que dirige Chris McMurry qui a conçu le site web de l’IMSA www.imsa.com
Pour ses débuts avec la LMPC, Matt McMurry a impressionné le staff de Performance Tech Motorsports et notamment son propriétaire Brent O’Neill : « Matt a été au-delà des attentes de tout le monde. Il a fait des choses qu’on attendrait de la part des pilotes les plus expérimentés. Il a tourné à un dixième de seconde du meilleur temps jamais réalisé par notre voiture sur le Palm Beach International Raceway. Il a brillamment réussi à gérer le trafic et ses performances et sa régularité ont été exactement ce qu’on demande à un pilote. Pour être honnête, il est très jeune et ses chronos ont été très bons, il nous a tous fait hocher la tête et sourire à chaque fois qu’il passait devant la cellule de chronométrage. »
Matt McMurry a fait son meilleur tour en 1’10’’975 contre 1’10’’830 à Raphael Matos. Il a bouclé 142 tours du circuit. La deuxième séance d’essais du samedi était une séance nocturne, l’éclairage du circuit étant totalement éteint et les pilotes ne pouvaient compter que sur les phares de leurs voitures, ce qui n’a pas affecté le pilotage du jeune Matt.
La veille, celui-ci avait également tourné avec la Prototype Lites du Performance Tech Motorsports. Il a amélioré le meilleur tour jamais réalisé par une Prototype Lite de Performance Tech. Tristan Nunez, actuel pilote Mazda en TUSC et ancien champion Prototype Lites, était l’auteur de ce chrono en 1’12’’840 et McMurry l’a abaissé en 1’12’’186.
Matt a bien voulu répondre à quelques questions pour Endurance-Info :
Matt, comment t’es-tu préparé pour cette séance avec une LMPC ?
« Au cours des semaines précédant le test, mon coach, Gerardo Bonilla, m’a fait faire quelques exercices à la maison pour m’aider à me préparer mentalement à piloter la LMPC sur le Palm Beach International Raceway. Ces exercices se sont avérés très utiles. Plus généralement, je me suis préparé à cette journée depuis des années, en pilotant tout ce que je pouvais, depuis le karting jusqu’aux formules de promotion en monoplace et j’ai commencé l’automne dernier à courir en Prototype Lites. J’ai aussi piloté des GT, la Chevrolet Camaro et la Corvette à l’Ecole de Pilotage de Bob Bondurant (School of Performance Driving) avec Johnny O’Connell, quatre fois vainqueurs en GT des 24 Heures du Mans. J’ai aussi considérablement amélioré mon programme de mise en forme, avec un accent spécifique sur la résistance cardiaque et sur le haut du corps. »
Qu’est-ce qui t’a surpris dans le pilotage d’une LMPC ?
“J’ai été surpris par beaucoup de choses dans la LMPC. J’ai principalement été surprise par le poids de la voiture et par la façon dont elle s’appuyait en virage, comme une GT. J’ai été également surpris par son apparente manque de grip à basse vitesse. Egalement, l’accélérateur ne répond pas de façon linéaire. Les premiers 10 à 20 degrés sur la pédale d’accélérateur ne donnent vraiment rien, puis les 30 degrés suivants donnent bien, les 10 suivants pas grand-chose et après ça devient normal. Cependant, le plus bizarre de tout dans la LMPC c’est que lorsqu’on pilote à la limite de la voiture, on a l’impression qu’on est seulement à 80% de ses possibilités. »
Comment s’est passé le trafic ?
« Avec le trafic que j’ai eu, ça a été assez simple. J’ai l’habitude des séries monotypes, où toutes les voitures roulent à la même vitesse. Cela fait des dépassements un vrai challenge ! Mais quand le trafic comprend des voitures plus lentes, les dépassements sont aussi simples que ça. J’ai trouvé que c’était facile de doubler soit au freinage soit en ligne droite avec la puissance du moteur. »
Quels sont les meilleurs conseils que tu as reçus avant et pendant le test?
« Je pense que les meilleurs que j’ai eus avant le test sont ceux que Johnny O’Connell m’a donnés, comme « dynamisme, dynamisme, dynamisme » ou encore « la voiture répond le mieux quand elle est en ligne. ». Pendant le test, Gerardo m’a donné un tas de petits trucs sur la façon de passer plus vite dans certains virages après avoir regardé les data et la video. Plus généralement, c’est probablement une façon particulière de freiner que Jonaton Jorge, un des autres coaches au test, m’a enseignée. »
As-tu trouvé le pilotage de la LMPC différent par rapport aux autres voitures que tu avais conduites auparavant,
« C’était très différent par rapport à la Prototype Lite que j’ai également pilotée pendant le test. La Lite est très agile et a une tonne d’aérodynamique par rapport à sa puissance. La LMPC était beaucoup plus lourde et beaucoup moins vive. La façon dont elle louvoyait était un peu celle d’une berline, mais moins qu’une vraie berline. »
Qu’est-ce que ça t’a fait de piloter de nuit, dès le premier jour ?
« La majeure partie des essais que nous avons faits de nuit n’a pas été trop différente de ce que nous avons fait de jour car le circuit est bien éclairé. Il y avait vraiment un seul virage qui était un peu dans l’obscurité, mais au point que je ne puisse voir où j’allais. Cependant, pour la dernière séance, presque toutes les lumières ont été éteintes, à l’exception de celles de la pitlane et c’était très différent. Les phares de la LMPC ne sont pas extraordinaires car ils ne sont pas très lumineux et éclairent uniquement devant la voiture. Je me suis principalement attaché à éclairer le virage dans le quel je rentrais, donc les phares ne m’ont pas été d’un très grand secours. Cependant au bout de quelques tours j’ai trouvé tous les points de référence dont j’avais besoin pour rester bien ligne et faire des temps compétitifs. »
Cela te donne-t-il envie de piloter de nouveau une voiture comme celle-ci ?
« J’aimerais bien ! Heureusement je conduis de nouveau la Prototype Lite la semaine prochaine à Sebring pour préparer la saison de 14 courses avec Performance Tech Motorsports dans le Championnat Cooper Tires Prototype Lites. Nous avons aussi quelques autres sujets en chantier, et j’espère que nous pourrons en parler très bientôt, également. »
Cherches-tu à améliorer tu ton français ?
« Je pensais réellement à prendre Français l’année prochaine à l’école. Si je venais à courir en France cette année, j’aurai besoin d’un cours accéléré de la part de quelques-uns de vos lecteurs. J’apprends vite, je promets. »