En venant rouler à Bahrain pour la finale du Championnat du Monde d’Endurance (GTE-Am), François Perrodo et Manu Collard comptaient bien se jauger face à la concurrence avant de disputer une campagne complète la saison prochaine. Les deux compères avaient jeté leur dévolu sur une Ferrari F458 Italia du team AF Corse, le troisième homme étant l’expérimenté Matt Griffin. La belle troisième place avait de quoi ravir un François Perrodo aux anges sur le podium. En début d’année, l’objectif était de prendre part aux 24 Heures de Dubai sur la Porsche 997 Cup du Crubilé Sport mais aussi au championnat VdeV Endurance Series avec la 911 GT3-R de l’écurie de Sébastien Crubilé. Au final, François Perrodo a ajouté à son menu l’European Le Mans Series et les 24 Heures du Mans chez ProSpeed Competition, les 24 Heures de Spa chez AF Corse et la finale FIA WEC. De quoi être fin prêt pour le gentleman driver qui n’a cessé de progresser au fil de l’année au contact de son aîné Manu Collard si bien que le tandem a des ambitions mondiales la saison prochaine.

 François, que retenir de cette présence en FIA WEC à Bahrain ?

 « J’avais déjà pu avoir un aperçu du championnat lors des 24 Heures du Mans mais c’était une course à part. Ici, on retrouvait plus l’ambiance des autres manches de l’année. Ce n’était pas prévu car le deal s’est finalisé tardivement. Je connais Amato (Ferrari) depuis les 24 Heures de Spa. Jack Geber ne pouvant rouler à Bahrain pour des raisons professionnelles, Manu et moi sommes venus ici pour découvrir le championnat et ce podium ne peut que nous combler. Manu a vite été dans le coup et Matt connaissait parfaitement l’auto. Repartir avec un podium alors que nous étions venus pour nous jauger est incroyable. »

La Ferrari est une auto facile à prendre en mains ?

 « Je me suis calé à deux ou trois secondes de Manu. Jusqu’à un certain point, elle est plus saine que la Porsche mais il ne faut pas dépasser les limites. Le freinage de la F458 Italia est vraiment top et la boîte de vitesses est impressionnante. La visibilité est différente de la Porsche 911 GT3-RSR avec des rétroviseurs très efficaces. Je ne me faisais aucun doute sur la prestation du team AF Corse. On pourrait penser qu’aligner beaucoup d’autos nous auraient mis dans l’anonymat au sein de l’équipe mais il n’en n’a rien été. »

Ton impression du FIA WEC est positive ?

 « J’ai bien compris que j’étais dans un Championnat du Monde. L’ambiance au sein du paddock est très bonne, le niveau y étant très relevé. On sent bien que c’est une étape au-dessus de l’European Le Mans Series. La cohabitation LMP/GT est très saine sachant que le circuit de Bahrain mixe les parties rapides et lentes. »

L’objectif est de poursuivre en 2014 avec Manu ?

 « Oui ! Manu est le coach parfait. Ce n’est pas un simple coéquipier car c’est vite devenu un ami. Nous nous sommes rencontrés par hasard au Mans Classic où nous sommes tombés en panne au même endroit à la première chicane. Je descends de l’auto et je me dis : « Waouh, c’est bien Manu Collard qui est là. » (rires). Nous deux chacun avec une Porsche 935 qui refusait d’aller plus loin. En début d’année, il était prévu de disputer le championnat VdeV avec Seb (Crubilé), et Jean-Pierre Malcher, notre team-manager, nous explique qu’il nous faut un troisième pilote afin de nous faire progresser et le choix s’est vite porté vers Manu. D’un pédagogue c’est devenu un ami. »

Quelles sont les options pour 2014 ?

 « A l’origine, il y en avait trois mais il n’en reste que deux. Il y a la possibilité de rouler en FIA WEC avec ProSpeed Competition ou AF Corse. Je dois dire que j’ai un petit faible pour la Porsche car j’ai toujours été un porschiste dans l’âme. De plus, je connais bien le team de Rudi Penders où l’ambiance y est excellente. Cependant, j’ai vraiment apprécié rouler dans la Ferrari. L’approche des deux équipes est différente car nous serions les seuls pilotes chez ProSpeed Competition alors que chez AF Corse, il y aurait plusieurs autos. Ce qui est certain c’est que les deux équipes sont très professionnelles. Il va donc falloir faire un choix. Si nous prenons la décision d’aller chez PosSpeed, il n’est pas prévu que ce soit avec la 911 RSR mais bien la 911 GT3-RSR. Le team connaît parfaitement l’auto et il y a la possibilité de l’équiper en modèle 2012. »

Il est prévu de rouler en complément avec la 911 GT3-R ?

 « Nous étudions sérieusement de l’aligner en European Le Mans Series avec le Crubilé Sport. Seb roulerait alors avec Manu et moi. Nous avons maintenant l’expérience d’une saison de VdeV Endurance Series avec la GT3-R. Nous pourrions d’ailleurs faire quelques piges dans le championnat VdeV, par exemple à Barcelone pour l’ouverture et Estoril pour la clôture. Le format des courses me plaît bien et l’ambiance est parfaite. On s’est bien tiré la bourre avec nos amis de Visiom et IMSA Performance Matmut. On s’est régalés. »

 Si en janvier dernier on t’avait dit qu’en un an tu aurais pris part aux 24 Heures du Mans, de Spa, à l’ELMS et à une manche du FIA WEC, tu y aurais cru ?

 « J’aurais juste cru à une bonne blague. Tout s’est enchaîné très vite. Manu a été le déclencheur de toute cette histoire (rires). Il m’appelle en mars pour me proposer L’ELMS et je lui réponds : « ok pourquoi pas… » Par dessus, il me dit que l’on peut disputer les 24 Heures du Mans et là je n’y crois pas une seconde. Mais par dessus tout, je me demandais si  c’était bien raisonnable de le faire cette année. Manu a su me convaincre et Seb a aussi été embrigadé dans l’aventure. On se retrouve au Mans sachant que la course d’Imola en ELMS avait été particulièrement difficile pour Seb et moi. A l’issue du meeting italien, on s’est vraiment demandés si nous allions aller au Mans. La passion et l’envie ont vite pris le dessus et nous ne regrettons strictement rien, bien au contraire. On s’est rapidement pris au jeu. »

 Dans quelques semaines, on te retrouvera au départ des 24 Heures de Dubai. Quel sera l’objectif ?

 « Je pense que l’on a un bon coup à jouer avec la 911 GT3-R. Manu et Seb seront une nouvelle fois à mes côtés, sans oublier Matthieu Vaxivière. Malgré sa jeunesse, Matthieu a un très bel état d’esprit. On a pu voir cette saison qu’il était aussi à l’aise dans une monoplace que dans une GT. Tous les ingrédients sont réunis pour faire une belle course. »

 D’autres courses d’endurance sont prévues en 2014 ?

 « Je pense que l’on va s’arrêter là si je ne veux pas que ma femme me sermonne (rires). Allez, pourquoi pas disputer les 24 Heures de Spa avec mon ami Yannick Mallegol… »