Il est inutile de présenter ART Grand Prix tant le palmarès de l’équipe basée à Villeneuve-la-Guyard est plus qu’éloquent. Il suffit de pénétrer dans l’atelier pour y voir un nombre incalculable de trophées au mur. Fin 2011, le team dirigé par Fred Vasseur a souhaité rajouter une corde à son arc avec des débuts en GT. Le choix s’est naturellement porté vers la McLaren MP4-12C avec le Championnat de France GT et la Blancpain Endurance Series. Si 2012 était une totale découverte pour ART Grand Prix, la saison écoulée a permis de montrer de belles choses dans une catégorie pour le moins concurrentielle. Deux McLaren étaient engagées sur la scène nationale mais aussi européenne. En France, Grégoire Demoustier et Ulric Amado ont souvent joué les premiers rôles tout comme Antoine Leclerc et Gilles Vannelet. Dans le championnat Blancpain, Mike Parisy, Andy Soucek et Antoine Leclerc ont décroché deux podiums sur la MP4-12C alignée en Pro-Cup pendant que Grégoire Demoustier, Gilles Vannelet et Yann Goudy ont défendu les intérêts de ART Grand Prix en Pro-Am Cup.
Pour 2014, rien n’est encore finalisé même si un schéma identique semble se profiler à l’horizon. Les détails seront annoncés ultérieurement mais pour Fred Vasseur, l’objectif est clair et avoué : la couronne Blancpain Endurance Series. Cette présence en GT3 permet au team de se familiariser à l’Endurance sachant qu’à moyen terme, il est prévu de voir ART Grand Prix aux 24 Heures du Mans. Fred Vasseur nous a reçu pour faire un bilan de saison mais aussi pour nous parler de 2014 qui arrive à grands pas et d’une forte envie d’arriver au Mans dans les prochaines années.
Quel est le bilan en Blancpain Endurance Series ?
« Il est globalement positif même si Spa reste une grosse frustration. Lorsque l’on veut jouer le championnat, on ne peut pas rater les 24 Heures de Spa compte tenu de la distribution des points. A partir de là, nous savions que le championnat était impossible à aller chercher. Malgré tout, nous terminons meilleure équipe McLaren avec deux podiums en Pro-Cup. C’était notre première année dans cette classe et je suis très content du travail de l’équipe et des pilotes. Ils n’ont jamais été à l’origine d’incidents, ce qui convient d’être signalé lorsque l’on regarde le nombre d’engagés dans ce championnat. Aussi bien Andy, Antoine que Mike, ils ont été tous les trois dans le coup face aux autres pilotes McLaren. Si Spa a été un moment difficile à digérer, Silverstone a aussi été compliqué compte tenu d’une BOP défavorable.
Cette saison, nous avons pris la chose par le bon bout en mettant sur pied un équipage homogène en Pro-Cup. La cohésion entre les pilotes et l’équipe a été parfaite sur tous les meetings avec une configuration identique. Cela permet de progresser plus vite. Pour la finale du Nürburgring, tout s’est mis dans l’ordre naturellement. Il ne faut pas oublier que c’est notre vraie première année en GT avec seulement cinq courses. »
L’équipage Pro-Am Cup a lui aussi donné satisfaction ?
« Ils ont fait du bon travail malgré un léger manque de performance en qualification. Compte tenu du plateau, il est difficile de partir en milieu de peloton. Gilles, Yann et Greg sont passés au travers des embûches sachant que la McLaren n’est pas l’auto la plus facile pour les gentlemen. A Spa, ils ont été dans le coup en pointant dans le quinté de tête à plusieurs reprises. »
Le team fondait beaucoup d’espoirs en GT Tour. Quel regard portez-vous sur cette saison ?
« Déjà, composer avec un handicap de dix secondes est plus que rédhibitoire (ndlr : l’équipage Demoustier/Amado prenait 10s du fait de la catégorisation de pilotes). Ce n’est pas évident de voir les dégâts avant le début de saison mais ce handicap était trop lourd à surmonter. Il ne fallait aucun safety-car ni incident. Une partie de l’année, la Ferrari nous a tourné autour. Ulric reste la bonne surprise de la saison, notamment en qualifications. Il a fait du très bon travail tout comme Grégoire qui a tenu son rang. Sur le plan du pilotage et de leur comportement, il n’y a rien à leur reprocher. Cependant, il y a eu trop d’incidents en piste sachant que l’on fait rouler des autos de plus de 300 000 euros. ORECA fait du bon travail en communication et sur le plan de l’évènementiel. Le GT Tour est un vrai spectacle en soi et il n’y a pas grand-chose à améliorer. Au Paul Ricard, il y avait dix marques et trente autos. On ne peut qu’être fier et heureux de cela. Pour la seconde McLaren partagée par Gilles et Antoine, ils ont été accablés par la malchance, et ce dès le meeting inaugural du Mans. Au final, nous avons gagné des courses et je suis fier de porter les couleurs de McLaren et de nos partenaires. On a encore une approche assez typée monoplace. Je suis très content de la progression de l’équipe tout en ayant conscience qu’il nous reste encore du chemin à parcourir. »
Quelles sont les orientations pour 2014 ?
« Nous voulons gagner la Blancpain Endurance Series en alignant au moins une McLaren MP4-12C en Pro-Cup. Pour la deuxième, nous étudions les différentes possibilités. Nous allons d’abord monter le programme avant de dévoiler nos pilotes mais on reverra certains de ceux qui étaient avec nous cette année. Pourquoi pas aller rouler en parallèle en European Le Mans Series afin d’aguerrir encore plus l’équipe à l’Endurance mais l’objectif prioritaire reste le championnat Blancpain. C’est une superbe vitrine pour le GT et je veux gagner cette série. En parallèle, il faudra mettre sur pied le meilleur programme : British GT, GT Tour, ELMS, tout reste ouvert. Cette année, il a fallu faire des échanges entre Blancpain et GT Tour, et je ne suis pas certain que ce soit la meilleure option. Il y a aussi la possibilité de prendre part à d’autres courses d’endurance afin de préparer au mieux les 24 Heures de Spa. »
A plus longue échéance, les 24 Heures du Mans seront au menu ?
« Clairement, nous voulons aller au Mans et si possible avec McLaren. Nous avons une histoire en commun avec divers projets en cours. L’objectif de départ était d’aller au Mans et nous avons trouvé judicieux de débuter par le GT3 afin de bâtir une vraie équipe GT. On ne perd pas de vue cet objectif. Le GT3+ a un réel intérêt et arriver en prototype me semble plus compliqué. L’idée est d’y aller en GT et le timing est parfait. ART Grand Prix tend de plus en plus à aller vers l’endurance car les courses d’une heure ne collent pas vraiment à l’équipe. »
ART Grand Prix est en pointe pour détecter les jeunes pilotes en monoplace. Les places sont chères et on voit de plus en plus de jeunes arriver en Endurance. Pourrait-t-on voir un junior team chez ART Grand Prix en GT ?
« Sur le papier, l’idée n’est pas mauvaise mais il reste à régler un problème de taille : le financement ! »