Certains diront que la Nissan ZEOD RC n’est qu’une DeltaWing reconditionnée mais il ne faut pas se laisser avoir à ce petit jeu. Si Ben Bowlby était déjà à la manœuvre pour celle qui a occupé le premier 56^ème Garage des 24 Heures du Mans, son imagination va bien au-delà de ce que l’on a vu avec la  DeltaWing même s’il ne faut pas ignorer la filiation. La Nissan ZEOD RC a été présentée au public lors d’une exhibition en marge des 6 Heures de Fuji. On ne pas vous faire l’affront de vous rappeler que la ZEOD RC électrisera les 24 Heures du Mans deux ans après sa devancière. Pour Nissan, ce programme est important avant pourquoi pas de débarquer en LMP1 en FIA WEC et aux 24 Heures du Mans. C’est du moins la feuille de route au sein du constructeur japonais pour une ZEOD RC tout de même construite en Europe avec l’aval de Darren Cox, en charge de Nissan Motorsport Europe. Pour Andy Palmer, Nissan Executive Vice-President, cette ZEOD RC n’est qu’une première étape avant d’autres projets bien plus ambitieux. Michael Krumm s’est chargé du premier roulage de l’auto à Fuji, Lucas Ordonez étant le pilote de développement où Michelin est également bien impliqué.

Quelle est l’importance du projet ZEOD RC pour Nissan ?

 « Le fait même de participer à ce projet fait qu’il y a de l’excitation pour tout le monde. Le positionnement de la marque est de faire dans l’innovation. Le projet ZEOD est extrêmement innovant car Nissan est le leader des groupes motopropulseurs électriques dans le monde. La course automobile est toujours excitante mais quand on peut faire quelque chose de si difficile et de repousser les frontières des connaissances, c’est encore plus passionnant. Ensuite, il y a le « pour tous ». La façon dont nous approchons ce projet avec les médias sociaux fait que nous affichons le développement de chaque étape du processus afin d’impliquer nos fans et clients. Ils peuvent tous voir le projet de l’intérieur et il était important pour nous que de ramener la voiture au Japon car notre base de fans y est énorme. C’était important pour Nissan et Nismo. La participation de Nismo est importante car il faut une certaine crédibilité pour un retour vers les voitures de tourisme. Il y a les projets comme le Juke Nismo qui font que c’est encore plus crédible et pertinent. »

Il est donc prévu un transfert de la piste à la route ?

 « Nissan Motor Company repose sur deux principes et objectifs : zéro émission et zéro mort. Zéro émission est évidemment défini par la voiture électrique en utilisant la technologie EV dans la course. C’est une excellente façon de le prouver. Avec la ZEOD, nous travaillons au maximum sur le développement de technologies qui aideront à réduire le nombre de décès. Il n’y a pas de rétroviseurs sur la voiture car nous utilisons notre technologie de bouclier de sécurité avec une caméra sur l’arrière avec en prime un système de détection d’angle mort qui fait fondamentalement partie de notre technologie de conduite autonome qui vise à nous aider à atteindre notre objectif de zéro décès. Il est très pertinent de dire que la course est un laboratoire pour la route. »

Que représente les 24 Heures du Mans pour le peuple japonais ?

 « C’est l’une des courses les plus célèbres au monde et l’une des plus pertinente pour toute la planète. Au Japon, nous avons beaucoup de fans de courses et d’amateurs de voitures. Pour eux, Le Mans est une course ambitieuse et les Japonais aimeraient voir le pays sur le podium. Nous avons pu réaliser que rouler en LMP2 au Mans donne une crédibilité significative. Maintenant, la question est de savoir si on peut faire du LMP1 ? »

La Nissan ZEOD RC peut servir de tremplin à une arrivée en LMP1 ?

 « La Nissan ZEOD RC est pour nous un sacré tremplin sur le plan de la stratégie car nous aimerions courir dans la catégorie LMP1. Si les règles nous contraignent à venir pour être une simple alternative à Audi ou Toyota, nous ne viendrons pas. Si nous sommes autorisés à faire preuve d’innovation avec des nouvelles technologies de groupe motopropulseur et de châssis, alors nous sommes intéressés. Ma requête est de dire essentiellement à l’équipe qu’ils soient « les mauvais garçons », à la fois sur et en dehors de la piste. Nous visons à étendre les limites des règles et des limites de la physique. Si nous pouvons le faire avec « Innovation and excitement for everyone » (ndlr : slogan de Nissan), alors je ne vois pas pourquoi ne serions pas là en 2015. Mais si nous venons, c’est pour gagner. »

Quelles sont vos impressions sur la Nissan ZEOD RC maintenant que vous l’avez vu sur la piste ?

 « J’ai eu la chance de m’asseoir dans la ZEOD et j’ai vu que c’est une voiture qui est prête pour la course. Le fait est que ce n’est pas un concept mais bien quelque chose de réel. Le fait qu’elle roule dans la ligne droite démontre notre sérieux. Nous n’en sommes encore pas là mais nous avons encore un certain nombre de défis concernant le groupe motopropulseur, mais la voiture est là et nous allons serons à coup sûr occuper le 56^ème Garage en 2014. »