Vous avez été nombreux à réagir sur les 6 Heures de Fuji qui n’auront au final duré que 16 tours avec un Toyota Racing en vainqueur moral d’une épreuve lancée à trois reprises et bouclée en totalité derrière la voiture de sécurité. Fallait-il arrêter lancer la course ? L’annuler ? La reporter ? Ne pas distribuer de points ? Les avis divergent sur ces points et il n’est pas facile de contenter tout le monde.

 Fallait-il lancer la course ? L’annuler ? La reporter ?

 Déjà, seules les personnes présentes sur place sont capables de dire si la piste était praticable ou pas. Pour ce sixième round du Championnat du Monde d’Endurance, nous n’avons pas fait le déplacement jusqu’à Fuji pour cause de lancement du nouveau site mais nous étions en relation permanente avec bon nombre de pilotes et de personnes présentes sur place, et les avis étaient unanimes. Il n’y a guère que chez Porsche où on aurait aimé rouler. Nous nous sommes levés à 3h30 pour assister à une belle course qui n’a finalement pas eu lieu. Les pilotes ont été à l’unisson en expliquant bien que la piste était impraticable au moment du premier départ tout comme les deux autres. La décision de sortir le drapeau rouge était judicieuse. Le problème avec Dame nature est que c’est un paramètre qu’on ne maîtrise pas. On a cru à une accalmie mais dès que la direction de course prenait la décision de relancer les machines, la pluie se remettait à tomber. Seul Yannick Dalmas est parti au charbon au volant de l’Audi RS5 « quattro » de sécurité pour juger de l’état de la piste. Le quadruple vainqueur des 24 Heures du Mans sait mieux que quiconque si une piste est praticable par des LMP1, LMP2 et GTE, le tout mixant pilotes professionnels et gentlemen. On ne pourra pas reprocher à Eduardo Freitas (directeur de course) de ne pas avoir tenu au courant toutes les équipes en faisant passer des messages réguliers. Sauf qu’à un moment, il a fallu prendre une décision finale. On ne peut pas faire tourner les autos vitam eternam derrière une voiture de sécurité. La décision a donc été prise de mettre un terme aux 6 Heures de Fuji alors que les 75% ont loin d’avoir été couverts.

On l’a dit dans le compte rendu des 16 Tours de Fuji, il est toujours plus facile de critiquer quand on est assis dans son canapé qu’au volant d’une voiture ou qu’en direction de course. Les anciens diront que de leur temps on roulait pas tous les temps tous les vents et qu’on ne posait même pas la question. Oui et dans le temps on roulait aussi très vite sans HANS et même avec des pneus « en bois. » Et si ma tante en avait, on l’appellerait mon oncle (expression que seuls les Français comprendront). On ne peut pas se limiter à un « c’était mieux avant… ». Imaginez si la direction de course avait pris la décision de lancer les autos et que les sorties se seraient multipliées, les mêmes grincheux auraient pesté comme quoi c’était un scandale d’avoir laissé rouler les pilotes. On fait du sport automobile pas un jeu de gladiateurs. La sécurité des pilotes avant tout. A quoi bon rouler pour risquer des aquaplanings à répétition ou des sorties de piste. Il serait compliqué de réparer des autos durement abîmées entre deux manches « overseas. » On ne peut pas reprocher aux officiels d’avoir mis un terme à ce meeting d’autant plus que la météo prévoyait un retour de la pluie en fin de journée.

Certes, les organisateurs auraient pu prendre la décision de reporter la course au lundi mais il est prévu que les autos repartent dès demain en direction de la Chine. Il n’est pas facile de changer les formalités douanières surtout quand on passe du Japon en Chine. Là on ne va pas de Spa au Nürburgring. C’est un peu plus compliqué…

 Les points divisés par deux…

 Le règlement sportif du FIA WEC est clair : « Si une course est suspendue par le Directeur d’Epreuve et qu’elle ne peut reprendre, aucun point ne sera attribué pour quelque classement que ce soit, si la voiture de tête a effectué moins de deux tours. La moitié des points sera attribuée si la voiture de tête a effectué plus de deux tours mais moins de 75% de la durée réglementaire de l’épreuve. La totalité des points sera attribuée si la voiture de tête a effectué plus de 75% de la durée réglementaire de l’Epreuve. » Sauf que le règlement ne dit pas si les deux tours doivent être effectués sous drapeau vert ou pas. D’où une incompréhension… On a donc appliqué le règlement tel qu’il est écrit mais il aurait certainement été plus judicieux de trancher selon l’avis des équipes. Diviser les points par deux sur une course qui n’a pas eu lieu peut fausser le championnat au soir de Bahrain. Le règlement indique également que pour pouvoir marquer des points en LMP1 et GTE-Pro, un pilote doit impérativement conduire 45 minutes minimum durant la course contre 1h15 à celui roulant en LMP2 et 1h45 en GTE-Am. Bien sûr, le cas de force majeure est noté. Si la course ne peut être reprise, les résultats seront ceux obtenus à l’issue de l’avant-dernier tour précédant le tour au cours duquel le signal de suspension de la course a été donné.

On se retrouve avec des équipages qui récupèrent 0,25 point dont celui de l’Audi des Champions du Monde en titre. Une telle interruption de course n’est pas courante et il a fallu se creuser la tête pour comprendre le nouveau classement du championnat. On rappellera que le championnat Pilotes prend en compte toutes les LMP qu’elles soient P1 ou P2. Alors me direz-vous, comment font Jacques Nicolet et Keiko Ihara pour marquer 0,5 point alors qu’ils terminent 12èmes ? Au final, le tandem de la Morgan LMP2 #45 marque les points (divisés par deux) de la 10^ème place puisque Gainer International et KCMG ne sont pas inscrits sur l’intégralité du championnat. Les pilotes terminant au-delà de la 10^ème place marquent quant à eux 0,5 point d’où les 0,25 point pour Tréluyer/Lotterer/Fässler, Buemi/Davidson/Sarrazin et Rossiter/Weeda/Liuzzi. Pas simple à comprendre tout cela… Audi est bien Champion du Monde des Constructeurs pour la deuxième fois mais il faudra tout de même attendre l’aval de la FIA pour fêter réellement le titre, d’où le petit « * » dans le communiqué Audi. Ne distribuer aucun point aurait certainement été la meilleure décision et les compteurs auraient été remis à zéro à Shanghai. La course était annulée alors autant annuler le tout jusqu’au bout.

Quant à la cérémonie de podium, elle peut se justifier par respect du public tout comme l’ouverture de la piste aux fans. Ils sont tout de même 41 000 à avoir fait le déplacement tout au long du week-end et les fans sont restés jusqu’à la fin ce dimanche. Respect ! On l’a déjà dit avec le SUPER GT mais l’Europe a beaucoup à apprendre de la culture japonaise. Il se dit déjà que les personnes présentes pourront garder leurs billets et revenir gratuitement en 2014. Il est même possible qu’ils puissent venir gratuitement à Fuji  dans quelques semaines pour le JAF qui sert d’exhibition au SUPER GT. Gérard Neveu et son équipe ne peuvent qu’être déçus de la tournure de ce meeting qui s’annonçait pourtant sous de bons auspices : « La course de ce jour, n’est vraiment pas l’exemple de ce que nous souhaitions offrir aux milliers de supporteurs japonais qui ont fait le déplacement pour voir une manche du Championnat du Monde d’Endurance. Nos équipes de commissaires sportifs ont toutefois pris les décisions qui s’imposaient afin de respecter la sécurité des pilotes et des écuries, qui est toujours d’une importance capitale. Nous sommes bien conscients, que de cette situation résulte une déception colossale pour tous les fans et nous tenons à remercier chacune des personnes restées jusqu’au bout sous la pluie pour attendre la décision finale de la suspension de la course. Afin de leur offrir une occasion supplémentaire de voir les pilotes et les voitures, nous avons décidé d’ouvrir la voie des stands aux spectateurs à la fin de la course. Les pilotes ont ainsi, eux aussi, pu les remercier à leur manière. Nous avons désormais hâte de revenir au Japon l’année prochaine, et espérons que les fans seront à nouveau avec nous le 5 octobre 2014. »