Depuis le début de saison et son retour en piste, la marque Alpine ne cesse de faire parler d’elle et ce n’est pas la victoire obtenue ce week-end lors de la dernière manche de l’European Le Mans Series qui va ralentir cette ferveur. Le hasard faisant bien les choses, nous étions en fin de semaine dernière en visite à “l’Espace Automobile Matra” de Romorantin-Lanthenay (41) pour y rencontrer Mr Dany Chamfrault, responsable des lieux et faire un point avec lui sur l’exposition Alpine abritée depuis quelques mois par le Musée aux côtés des Matra de la collection permanente.
Guillaume Robert : Mr Chamfrault, depuis quand êtes vous directeur de cet espace Matra ?
Dany Chamfrault : “J’occupe ce poste depuis fin 2005. Auparavant je faisais partie de l’aventure Matra, au service “achats et logistique”, pendant une dizaine d’années jusqu’à la fermeture de l’usine en 2003. Entre ces deux dates j’ai travaillé pour la mairie de Romorantin jusqu’au départ de l’ancien directeur du musée. J’ai eu l’opportunité de lui succéder et je suis assez satisfait du travail que nous avons effectué jusqu’à aujourd’hui. Nous avons beaucoup œuvré pour développer de bons liens avec d’autres musées, les patrimoines, les marques historiques et de nombreux collectionneurs. Tout ceci nous a permis depuis plusieurs années de réaliser des expositions variées en plus de la collection Matra et de susciter un véritable intérêt auprès des visiteurs. Nous nous situons désormais entre 25 000 et 30 000 visiteurs chaque année, nous en sommes fiers, et nous mettons tout en œuvre pour continuer sur cette voie et même faire mieux si possible. Le travail ne manque pas pour obtenir un tel résultat, pour exemple je suis déjà à la recherche des autos qui seront présentées l’an prochain pour notre exposition qui aura pour thème Citroën.”
Vous présentez cette collection Alpine l’année du retour de la marque en compétition. Est-ce lié à ce retour ou un simple hasard ?
“Totalement un hasard ! Mais une belle coïncidence qui n’a pu jouer qu’en notre faveur vis à vis des visiteurs. Tout s’est fait simplement après une discussion avec Jean-Charles Rédélé qui fait restaurer quelques unes de ses autos auprès de l’”E.P.A.F” (Entretien du Patrimoine Automobile Français) situé également à Romorantin. L’an passé lors d’une rencontre, je lui ai demandé de me prêter une ou deux autos afin de les présenter au sein du musée, et lorsqu’il m’a répondu par l’affirmative, il a ajouté : “c’est d’accord, mais on fera les choses en grand, je pense qu’il y a moyen de réunir entre quinze et vingt autos”.
D’où viennent ces autos exposées et cela a t-il été difficile de les réunir ?
“Huit d’entre elles sont issues de la collection privée de Jean-Charles Rédélé et pour les autres elles viennent de collections privées et de régions diverses (Loir et Cher, Loiret, l’Ain, Nancy et même du Luxembourg ). Les réunir n’a pas forcément été trop compliqué, mais ce qui l’a été pour les collectionneurs en revanche, c’est la durée de cette exposition qui est en pleine période estivale. C’est généralement les mois de l’année où ces passionnés sortent leurs autos pour des sorties circuits, des rallyes historiques ou des manifestions, ce qui était donc impossible pour eux une fois les autos bloquées chez nous. Mais ils ont tout de même accepté et je les en remercie encore une fois !”
Cette exposition est-elle un succès ?
“Totalement ! Il y a eu un véritable engouement de toutes les personnes concernées de près ou de loin dès les premiers préparatifs. Nous avons été surpris du monde présent lors de la soirée inaugurale. De nombreuses personnalités avaient fait le déplacement, Jean Ragnotti, Jean-Charles Rédélé, Jean Vinatier ou Alain Serpaggi. Bernard Ollivier et Jean-Pascal Dauce étaient également présents ce soir là et ont pris la parole pour évoquer en quelques mots ce que serait la future Alpine. Devant un tel succès, nous avons pris la décision (en accord avec les collectionneurs) de prolonger cette manifestation et la date de clôture est repoussée au 12 janvier 2014. Ce succès nous a même permis d’obtenir le “Top Tourisme” du Loir et Cher. Prix décerné par le Conseil Général du Loir et Cher et désigné grâce aux votes des lecteurs de la Nouvelle République, partenaire de l’opération.”
Vous qui êtes un ancien de l’ère Matra, aimeriez-vous qu’un jour le nom Matra revienne lui aussi sur les circuits tout comme Alpine cette année ?
“Pour être franc, oui, mais je doute fort que cela soit possible. Il n’existe plus rien chez Matra de nos jours alors que l’usine Alpine est toujours existante et en activité. Sans oublier que cette marque est “couvée” par Renault. Mais si cela devait arriver un jour je suis convaincu que le succès auprès du public serait énorme ! L’aura de cette marque est encore bien présente chez un grand nombre de passionnés. Nous l’avons encore constaté lors de l’édition Mancelle de 2012 où nous avions exposé trois protos au sein du village. Nous avons eu des visiteurs tout au long du week-end, et de toute les générations. Souvenez-vous aussi de la ferveur du public lorsque nos autos ont repris la piste avant la course pour effectuer des tours de démonstration.”
Concernant le musée, avez-vous déjà des idées pour vos prochaines expositions ?
“L’an prochain le thème sera Citroën. Je travaille déjà dessus chaque semaine, il faut trouver les collectionneurs, voir leurs autos et les convaincre si celles-ci nous intéressent, c’est un travail de longue haleine mais très plaisant. Nous essayons d’avoir au moins une ou deux autos liées à la compétition lors de chacune des manifestations et nous aimerions bien avoir une DS3 de Sébastien Loeb pour l’occasion. Il est difficile d’imaginer une collection Citroën sans une auto de rallye ni même sans évoquer Sébastien Loeb. Peut-être aurons nous le plaisir de l’accueillir pendant cette période, nous en serions honorés même si nous sommes conscients que le planning d’un pilote aussi occupé ne laisse que peu de temps pour les “à côtés”.
Pour ce qui est de la collection permanente du musée, évolue t-elle de temps en temps ?
“Oui car il faut savoir qu’un tiers des autos présentées sont tournantes, ce qui nous permet de changer régulièrement leurs dispositions et de les mettre en valeur sous différents angles. Il peux aussi nous arriver de récupérer des autos auprès de collectionneurs. Certains nous les prêtent, d’autres nous en font don parfois. C’est d’ailleurs le cas avec cette très rare “M530″ carrossée par Vignale qui rejoindra le musée très prochainement. Son propriétaire actuel, un Hollandais, est malheureusement très malade et à donc décidé de s’en séparer pour nous en faire don. Nous sortons aussi parfois nos autos pour des manifestations ou pour des prêts à d’autres musées. Nous aurons par exemple une auto à Monthléry le 5 octobre prochain pour les 40 ans de la disparition de François Cevert et nous serons au circuit de Charade en juin 2014 avec deux ou trois autos pour une autre manifestation.”
Quelles sont les autres activités du musée ?
“Nous possédons une piste en extérieur dédié à la prévention routière. Nous accueillons environ 1500 élèves chaque année. Nous initions les grandes sections maternelles à la sécurité en tant que piéton et pour les sections supérieures, CE1, CE2, .., nous faisons de même mais à vélo. Nous disposons également d’un service d’archive consultable tout au long de l’année. Principalement des revues ou magazines parlant de la marque. Très peu d’archives venant de l’usine car beaucoup de choses se trouvant dans celle-ci ont disparu avant sa démolition, ce qui est bien dommage.”
Pour plus d’informations sur l’Espace Automobile Matra, horaires et tarifs, rendez-vous ICI
Les photos sont ici.