Endurance Info

Le SUPER GT, un championnat à découvrir et redécouvrir.

thumbnail
0 Flares Twitter 0 Facebook 0 0 Flares ×

Cela faisait un bon moment que l’on voulait aller voir une manche SUPER GT. Pour cela, il fallait trouver le temps dans un calendrier déjà bien garni mais aussi trouver les finances nécessaires. Vous aurez bien compris que la présence d’un pilote comme Fred Makowiecki dans ces colonnes depuis le début de l’aventure Endurance-Info associée à son arrivée dans le championnat japonais a sans aucun doute aidé à ce que nous franchissions le pas. Lors d’une interview avec Sébastien Philippe dans son bureau du OAK Racing en juin dernier, nous lui faisions part de ce déplacement à Suzuka en regardant de près l’une de ses anciennes montures du SUPER GT trônant en bonne place sur une étagère et sa réponse était nette : « tu vas découvrir ce qu’est le sport automobile. » Cette phrase était prononcée avec le sourire mais quand même… Après avoir vu des coures aux quatre coins du monde dont une manche de la NASCAR à Talladega on pensait que la boucle était bouclée et que plus rien n’allait nous étonner. Ces dernières semaines, Fred Mako en rajoutait une couche en nous expliquant lui aussi le sourire la claque que l’on allait prendre à Suzuka. Que pouvait nous réserver de si particulier un championnat GT japonais avec 15 autos dans la catégorie reine (GT500) ? Du GT1 ++ ? Du LMP2 — ? Finalement c’est un mix entre les deux même si on pencherait plus pour du LMP1-. Les performances diaboliques des Loïc Duval, André Lotterer et Benoît Tréluyer chez Audi ne sont certainement pas innocentes. Ils ont tous depuis gagné les 24 Heures du Mans. « Makovicki » sera-t-il le prochain ? On ne peut que lui souhaiter…

 

En SUPER GT, il n’est pas question de former des équipages européens car on doit retrouver au moins un Japonais dans chaque auto. Les Andrea Caldarelli, Joao Paulo De Oliveira, Ronnie Quintarelli et autres André Couto ne sont peut-être pas les plus connus en Europe mais pour employer une expression courante : « ils envoient du gros. » Débarquer au Japon sans parler la langue du pays n’est pas chose facile pour s’intégrer mais les Japonais font beaucoup d’effort. Tous les pilotes sont de vraies stars. Pour parler vulgairement, il est très compliqué de faire des interviews « au cul des camions. » Non pas que les pilotes ne le désirent pas mais c’est tout bonnement impossible sous peine de voir un attroupement d’au moins 10 personnes dans les 30 secondes. Prenez l’équipage vainqueur des 1000 km de Suzuka. Vous sortez en leur compagnie de l’hôtel à 7 heures du matin pour aller prendre le petit déjeuner et chacun doit s’acquitter de 9 autographes et photos en 20 mètres. Tout est fait avec le sourire et chacun s’y prête de bonne grâce. Vous descendez de la voiture en arrivant dans le paddock et rebelote. Vous quittez le circuit le soir à 21 heures, constat identique. Combien ont-ils signé durant trois jours ? Beaucoup ! C’est d’autant plus facile pour les fans qu’en SUPER GT il n’y a pas de structures géantes et de réceptifs démesurés. Vous voulez boire un café avec un pilote ? C’est sous l’auvent juste derrière le box. Aucun cerbère pour réguler les allées et venues. Les fans ont trop de respect pour franchir ou dépasser les limites. Vous ne verrez pas un Japonais débarquer dans un stand sans demander. Au Japon on n’interrompt pas un pilote pour un autographe ou une photo alors qu’il est en pleine discussion. On attend… Les Kondo, Nakajima, Matsuda, Yanagida, Yamamoto ou Ito ne sont pas les moins demandés.

 

Il existe un profond respect entre les fans et les acteurs. Les pit walk permettent à tout le monde d’approcher les voitures et leurs idoles sachant qu’un pit-walk par jour est réservé aux enfants. De quoi revenir avec un tas de souvenirs sachant que les goodies sont présents dans chaque équipe mais aussi et surtout de quoi donner envie aux enfants de revenir quand ils seront plus grands. Il faut savoir que bon nombre de fans n’hésitent pas à faire le déplacement sur toutes les manches. Alors que les pilotes étaient en plein warm up le dimanche matin, on comptait une queue d’au moins 200 mètres pour le pit-walk prévu une heure plus tard, le tout sous une forte chaleur. Si au Mans on note de fortes queues de voitures pour accéder au circuit, là c’est une queue de piétons. A 7h30, on comptait 2 à 3 km de personnes alignées deux par deux pour entrer dans l’enceinte du circuit. Là on parle de 40 000 personnes en une seule journée, chacun avec le drapeau de sa marque favorite. Durant la course, les fans agitent fermement leurs drapeaux à chaque passage d’une auto de leur marque, et ce durant six heures. Là on ne supporte pas un team en particulier mais bien une marque, qu’elle soit Honda, Nissan ou Toyota. Vous vous voyez agiter un drapeau durant six heures par une température supérieure à 40°C ? Moi pas…

 

On vous l’a dit les équipes sont là pour faire gagner une marque. Toutes les équipes Nissan occupaient les premiers box suivis de Honda et Toyota. Entre chaque constructeur, on y glisse les teams GT300. Si les autos sont de véritables bijoux de technologie, il ne faut pas s’attendre à du surplus “bling bling”. Les marques ont chacune un stand dédié pour le travail des ingénieurs. Si on prend le cas de la HSV-010 GT victorieuse, on a 18 personnes pour couver une seule auto et les secrets sont bien gardés. Honda, Nissan et Toyota se livrent une vraie guerre sur la piste car rien n’est écrit d’avance et que le meilleur gagne. La donne est la même du côté des manufacturiers pneumatiques. On était bien partie pour réaliser une interview du responsable de Michelin mais il n’y a pas grand-chose à dévoiler au public. Tout est secret et blindé. Même en « off record » on saura peu de choses. Ce que l’on peut dire c’est que Michelin et Bridgestone ont une rage de vaincre incroyable mais avec un profond respect. Aussi bien chez Honda, Nissan, Toyota, Michelin ou Bridgestone, tout est mis dans le développement. Le reste n’a que peu d’importance. Croyez-vous qu’un constructeur va mieux figurer parce qu’il aura une structure à plusieurs centaines de milliers d’euros ? Pas certain… On a sans aucun doute un peu tendance à l’oublier en Europe. En DTM, on fait du marketing avec des imposantes structures et au Japon on fait du marketing avec de la simplicité mais aussi de l’efficacité.

 

Que dire de l’accueil qui nous a été réservé ? On pensait bien être incognito dans une salle de presse d’au moins 150 journalistes dont seulement deux européens. On pense que l’autocollant Endurance-Info sur l’ordinateur a bien aidé mais plusieurs sont venus spontanément nous voir dès notre arrivée pour nous souhaiter la bienvenue et nous féliciter d’avoir fait 10 000 km pour venir rendre suivre une manche SUPER GT. A titre personnel, je n’ai jamais autant donné ni reçu de cartes de visite en deux jours. Autre sentiment étrange et plutôt inattendu àl’arrivée de la course. Quelques minutes après le drapeau à damier, cinq à six journalistes sont venus à ma rencontre en me lançant dans la langue de Shakespeare : « Vous venez en SUPER GT et Makovicki gagne. Bravo ! » « Nous sommes contents qu’un Français gagne à nouveau cette course. » « Il faut revenir rapidement car vous lui portez chance. » Merci de ces messages de sympathie mais ce n’est pas moi qui ait tenu le volant durant trois relais par plus de 40°C. Au mieux j’aurais pu conduire le bus durant le Safari à l’issue du warm up. Pour ma part je crois juste au hasard. Avec ou sans nous, la #18 aurait gagné ces 1000 km de Suzuka car l’équipe et les pilotes ont fait un travail remarquable. Les Comas, Dufour, Philippe, Tréluyer, Lotterer ou Duval jouissent toujours une énorme cote au Japon et Mako en prend le chemin. Vous l’aurez compris, on a été impressionné par ce championnat SUPER GT mais on ne sait pas encore trop de quoi 2014 sera fait du fait du rapprochement avec le DTM. Les autos du championnat allemand sont plus évoluées que celles du GT500 sur le plan aéro mais bien moins sur le plan technologique. La Honda 2014 a un look particulier avec quelques dérogations à la clé. Les Nissan et Lexus sont plus dans la philosophie que l’on connaît actuellement mais la chose à maintenir à tout prix, c’est le bruit. A chaque passage devant les stands, vous ressentez des frissons. Les autos respirent, braillent tout ce qu’elles peuvent. Un bond de 20 ans en arrière pour nous européens. Nos Lapierre, Pla, Pagenaud, Dumas, Bourdais, Sarrazin, Pilet, pour ne citer qu’eux, se régaleraient en SUPER GT.

 

Une dernière anecdote de notre périple japonais. Lors du voyage retour, il nous a fallu changer de train à trois reprises et lors du trajet Osaka centre et l’aéroport, notre frenchie vainqueur des 1000 km de Suzuka a oublié un sac plastique comprenant une dizaine de miniatures de sa HSV-010 GT dans le train. S’en rendant compte 15 minutes plus tard, demi-tour pour essayer de le retrouver. Mission impossible ? Pas au Japon où quelqu’un avait déposé le sac à la personne qui s’occupait du nettoyage du wagon. On ne va pas vous faire un dessin mais tentez la même mésaventure dans bien des pays. Vu le nombre de lectures sur Endurance-Info durant notre escapade au pays du Soleil Levant, on va tout faire pour ne pas s’arrêter en si bon chemin. A Autopolis, vous pourrez suivre le déplacement de Thibaut dans Auto Hebdo. De notre côté, on va tout faire pour trouver le financement nécessaire pour couvrir la finale à Motegi.

 

On va en profiter pour remercier plusieurs personnes qui nous ont bien facilité les choses à Suzuka : Mamiko Hosoda, Len Clarke, Hidenori Suzuki, Keitaro Sugawa, Hiroshi Fushida, Tenjiro Amazawa, Fred Mako, Naoki Yamamoto et Tetsuya Suzuki. Japan, we will be back soon !

 

Lolo San

 

Publicité

0 Flares Twitter 0 Facebook 0 0 Flares ×

Publicité

Sur le même sujet