C’est l’heure de la trêve pour les deux championnats GT dans lesquels le team Sébastien Loeb Racing est engagé. Alors que le FIA GT Series reprendra à la mi-août sur le Slovakia Ring, le Championnat de France GT fera sa rentrée début septembre à Magny-Cours. Avant cela, Léo Thomas, le directeur technique de l’équipe, dresse le bilan à date.
Léo, d’un point de vue technique, quel regard portes-tu sur la première partie de saison du team en GT Tour ?
« C’est notre première année avec la McLaren MP4-12C et nous affrontons des teams tels qu’ART Grand Prix et Hexis Racing, mais nous n’avons pas à rougir face à eux, et on peut dire que nous sommes relativement contents d’être là où nous sommes. Cela étant, quelques erreurs et de la malchance nous ont coûtés plusieurs courses et nous ne sommes pas idéalement placés au championnat. Le titre reste jouable, puisqu’Anthony Beltoise et Laurent Pasquali sont à la deuxième place, mais ce ne sera pas facile.
« Globalement, le bilan est positif, mais nous aurions pu faire mieux. On court pour gagner et on est un team ambitieux. Nous avons laissé quelques points en route. Au Mans, nous perdons la deuxième course pour une question de stratégie. A Imola, on se fait bloquer par un autre concurrent dans la voie des stands et cela nous coûte la victoire, au pire le podium. A Spa il y a deux accrochages et au Val de Vienne nous avons une crevaison à cause d’un débris, qui nous prive aussi du podium. Et en face, il y a les Ferrari du Team Sofrev-ASP qui, il faut le reconnaître, font un super parcours. »
« C’est un championnat national, mais c’est vraiment compliqué d’être devant, il y a de sérieux clients en face ! »
« On découvre toujours des choses, on apprend et je crois que parfois on paye un peu le fait qu’il s’agit de notre première saison avec cette voiture, notre première saison tous ensemble. Mais des surprises, pas vraiment. Le niveau est très bon, on le savait… et on en a la confirmation. C’est un championnat national, mais c’est vraiment compliqué d’être devant, il y a de sérieux clients en face ! On ne peut pas débarquer et tout casser.
« Les équipes McLaren sont aussi excellentes et paradoxalement je pense qu’on le paye un peu au niveau de la balance de performance. A Spa, on a surpris tout le monde en allant cherchant les 2e et 4e temps lors des qualifications, en réalisant des temps jamais faits par la McLaren. Ce ne peut pas seulement être la voiture, mais ça n’incite pas les gens à revoir cette fameuse balance de performance. »
Tu évoques Spa. Les essais libres avaient été plutôt difficiles mais l’équipe a réussi à inverser la tendance. C’est l’une des satisfactions ?
« D’un point de vue technique, oui. C’est même une des grosses satisfactions. Nous avons bénéficié du système d’instrumentation mis en place cet hiver et ça a vraiment bien fonctionné. A tel point que je crois que même les pilotes ne s’y attendaient pas. Nous avons cherché à comprendre le problème et nous n’avons pas voulu le corriger avec des modifications classiques. On a tout remis à plat, on s’est creusé la tête et ça a marché. »
Quels sont les autres principaux points positifs ?
« Notre niveau de performance face à des teams référents tels qu’ART Grand Prix. Quand on voit leur expérience, leur niveau, on ne peut pas avoir une meilleure référence.
« Le travail avec les pilotes est également vraiment positif. Notre collaboration se passe très bien. La McLaren est une voiture compliquée et pourtant nos deux équipages commencent à en prendre la pleine mesure. Anthony (Beltoise) et Laurent (Pasquali) ont décroché deux victoires dont la dernière très importante au Val de Vienne. Quant aux deux Nicolas (Marroc et Tardif), ils reviennent petit à petit dans le match. Nicolas Tardif a beaucoup progressé depuis le début d’année. Et les points qu’ils peuvent marquer tous les deux sur la deuxième partie de saison seront peut-être déterminants au classement Teams. »
« Nous avons mis nos méthodes de travail en commun. Nos expériences des « mauvais moments » si l’on peut dire. IJe crois que cela nous a permis de comprendre la voiture un peu plus vite. »
En FIA GT Series, quel est ton bilan ?
« Il est assez similaire au niveau de la performance pure, où nous sommes satisfaits. Nous avons gagné la première course et je pense que cela met en lumière notre préparation hivernale. A l’inverse du GT Tour, il n’y a pas d’autres McLaren. Je préfère quand il y en a car c’est une bonne indication. Mais nous avons quatre pilotes professionnels et expérimentés, et ce sont eux notre point de référence. L’absence d’autres McLaren ne nous perturbe pas : nous avons assez d’éléments techniques pour savoir si nous sommes dans le vrai. »
Les ingénieurs ou mécanos viennent d’horizons différents. Avec le recul, comment cela s’est passé ?
« En fin de compte, ça a peut-être été notre force. Nous avons mis nos méthodes de travail en commun. Nos expériences des « mauvais moments » si l’on peut dire. Il n’y a pas de formule miracle, mais je crois que cela nous a permis de comprendre la voiture un peu plus vite que si nous avions tous eu uniquement une expérience GT. »
« Il faut rendre une copie parfaite, sans faute. Quand je vois que les mécanos, qui sont en vacances, viennent s’entraîner d’eux-mêmes, je me dis que la motivation est là ! »
Les deux McLaren des duos Loeb/Parente et Parisy/Zuber sont compétitives mais n’ont pas réussi à concrétiser. Une déception ?
« Disons qu’il y a la déception d’avoir été déclassés ou d’avoir été pris dans des accrochages. Le problème c’est que, de par le concept du FIA GT Series, si vous ratez la première course du week-end, c’est le meeting complet qui tombe à l’eau. Ça a été le cas pour une des deux voitures à Nogaro. Ça a été le cas pour l’autre à Zolder. A Zandvoort, tout allait relativement bien avant le départ de la première course… Quelque part ce sont des situations frustrantes parce qu’on y peut rien, et ce n’est pas facile à vivre. Mais d’un autre côté, nous n’avons rien à nous reprocher. Les deux déclassements ne nous sont pas imputables. »
Quel est l’objectif pour les courses restantes ?
« Mathématiquement, le championnat devient plus que compliqué. Nous allons essayer de faire de belles choses, de remporter d’autres courses… et de gagner le pit-stop challenge, qui récompense l’équipe la plus rapide sur la moyenne des arrêts au stand. Les mécanos travaillent très dur et si on arrive à rééditer en courses les pit-stop que l’on fait à l’entraînement, nous devrions être pas mal ! »
Quelle est la suite, pour les deux championnats GT ?
« Nous travaillons beaucoup cet été pour analyser les performances de la voiture. Grâce aux enseignements tirés, nous espérons être encore performants… et éviter les mauvaises situations comme le vendredi soir à Spa. En course, nous devons être irréprochables. Quand je dis « nous », c’est l’ensemble team, les pilotes, McLaren. Si on ne commet pas d’erreur, on a encore notre chance. Il faut rendre une copie parfaite, sans faute. Quand je vois que les mécanos, qui sont en vacances, viennent s’entraîner d’eux-mêmes, je me dis que la motivation est là en tout cas ! »
Source : Sébastien Loeb Racing