Nous allons parler aujourd’hui d’un temps que les moins de…100 ans (et encore) ne peuvent pas connaître…
Nous allons en effet remonter à l’année 1901, soit au début du XXème siècle, et peut-être plus avant comme nous allons le voir plus loin.
Le Musée des 24 Heures -Circuit de la Sarthe- hébergeait jeudi 1er décembre la dernière soirée 2016 du cycle de conférences organisées dans le cadre de « La Voix aux calandres ». Le public était venu en nombre pour cette dernière de l’année.
Le thème de cette dernière conférence était unique, consacré à la restauration d’une Audibert & Lavirotte, une voiture théoriquement de 1901. Jacques Burel, un des descendants de Maurice Audibert, présent jeudi au Mans, faisait remarquer que cette Audibert & Lavirotte n’était pas immatriculée. Or, l’immatriculation ne devint obligatoire que le 1er octobre 1998. Il est donc tout à fait possible que la voiture ait été construite avant cette date, ce qui nous ramènerait alors au XIXème siècle !
Cette conférence était également la dernière pour le propriétaire actuel du Musée, le Conseil Départemental, puisque l’ACO a fait l’acquisition du Musée et qu’elle prendra possession des locaux le 1er février 2017.
Francis Piquera, Responsable des Collections du Musée et qui s’est beaucoup impliqué dans la restauration de la voiture, était aux commandes de la conférence avec sa verve et ses connaissances bien reconnues.
Un peu d’histoire….
La voiture fut vendue en 1961 par son propriétaire de l’époque à un collectionneur hollandais, mais le Directeur des Musées de France, avec l’accord du Directeur des Affaires Culturelles, fit jouer son droit de préemption et l’Audibert & Lavirotte fut saisie en douane. L’acheteur hollandais déposa de multiples recours et le Conseil d’Etat trancha définitivement , estimant que « la voiture présente un caractère historique d’intérêt national pour l’histoire de l’automobile…la voiture saisie doit être exposée au public au Musée automobile du Mans.
Voilà donc l’Audibert & Lavirotte arrivée au Mans où elle fut exposée au Musée de 1966 à 1991, avant de partir dans les réserves du nouveau Musée créé en 1991 et elle resta dans ces réserves jusqu’en 2009, date de la rénovation du Musée actuel, avant d’être à nouveau exposée.
En 2013, Jacques Burel, descendant de la famille Audibert, a pris contact avec le Musée. Ces contacts se sont poursuivis et se sont concrétisés le 9 décembre 2014 par la signature d’une convention de mécénat entre Monsieur Jacques Burel, le Conseil Général et le Centre culturel de la Sarthe, gestionnaire du Musée des 24 Heures – Circuit de la Sarthe.
Cette convention de mécénat mobilisait du mécénat privé, la famille Burel-Audibert participant à la restauration du véhicule à hauteur de 50% pour une somme de 15000€.
Un long processus de restauration
Après la signature de la convention de mécénat, la restauration de l’Audibert & Lavirotte a pu commencer.
La première étape a été documentaire, afin de s’assurer de l’authenticité des éléments de la voiture et e débusquer d’éventuelles erreurs faites lors d’interventions précédentes avant l’arrivée de la voiture au Musée en 1966.
Une fois ces recherches faites, la restauration proprement dite a débuté, restauration effectuée majoritairement dans la Sarthe et ayant fait appel à de nombreux corps de métiers :
Carrosserie : Ets Damy Le Mans
Mécanique : Engrenages Verdier Arnage ; Ets Balimar Pont-Audemer (27) pour la réparation du bloc cylindres par agrafage et points de chaînettes ; Société Tous Les Moteurs Champigny (94) pour le joint de culasse
Charronnerie : Ets Montpied (63) pour la réparation des roues
Bandage des roues : Société Le Caoutchouc de Cournon (63)
Chaînes de transmission : Ecole de Production Boisard à Lyon
Menuiserie : Michel Renault Menuiserie Montbizot (72)
Peinture: Ets Breteault Le Mans
Sellerie : Sellerie Debraise Ruaudin (72)
Electricité : Bobinages Pascal Beaulieu sur Loire (45) pour la magnéto ; Ets Jandeaux Le Mans pour les bougies
La manivelle, seul moyen de mettre la voiture en marche, a été confectionnée entièrement par un bénévole d’après une photo.
Cinq bénévoles -ainsi que Francis Piquera- ont participé activement aux travaux sur le véhicule dans le Musée, pour au final une restauration très aboutie.
Ce sont :
Démontage en 2015 : Jean-Jacques Lefebvre
Peinture : Claudia Bartholomé, peinture des roues et de toute la caisse
Remontage, soudure, usinage, etc… depuis août 2016 :
Jean-Luc Bremond, Claude Leffray, Maximilien Cadiou
Carte d’identité de l’Audibert & Lavirotte
Marque : Audibert & Lavirotte
Usine : Lyon Monplaisir
Carrosserie : Tonneau ouvert
Année : 1901
Moteur 2 litres Puissance 7,5 chevaux ; vitesse estimée 37-38 kmh
Châssis séparé
Moteur avant ; Transmission par chaînes aux roues arrière
Carrosserie siège avant : Bois-cuir
Compartiment arrière fermé et vitré type tonneau couvert tout bois
Dimensions : Longueur 2,97m ; largeur 1,70m ; hauteur 2,22m ; Poids estimé 900 kgDes petits soucis techniques de dernière minute n’ont pas permis la mise en route du moteur, mais ce n’est que partie remise, cette mise en route sera effective avant le 31 janvier prochain. Autre ?bonne nouvelle, malgré le changement de propriétaire et la prise en mains par l’ACO en 2017 ; la Voix aux calandres sera de retour l’année prochaine.