FIA World Endurance Championship

Jos Claes (Dallara) : “Nous venons en LM P2 pour la concurrence”

DallaraP2
0 Flares Twitter 0 Facebook 0 0 Flares ×

On n’avait plus vu de Dallara LMP sur les pistes depuis 2005 (ci-dessous Vanina Ickx à bord de la Dallara Judd SP1 du Rollcentre Racing au Mans en 2005).

La marque italienne va faire son retour en 2017 avec une LM P2 avant de passer au LM P1 en 2018, en association avec le SMP Racing de Boris Rotenberg et ART Grand Prix en tant qu’équipe d’exploitation. En plus de cet engagement européen, Dallara sera également impliqué outre-Atlantique puisque la firme a conçu et fabriqué le châssis de la Cadillac DPi-V.R qui a été présentée hier dans nos colonnes.

Dallara, en plus de ses activités monoplace et GT, sera donc très occupé en 2017. Jos Claes, Project and Engineering Manager du constructeur italien, a accepté de répondre à quelques questions pour nous éclairer davantage (l’entretien a eu lieu cette semaine, avant l’annonce de Cadillac).

dallara18

Jos, qu’est-ce qui a motivé Dallara pour ce retour aux protos et à l’endurance ?

« Il y a un motif très important, c’est celui de la confrontation à la concurrence. Nous fabriquons beaucoup de voitures pour des Séries monotype -GP3, World Series, GP2, Formule Indy, Formula E- . Depuis des lustres, nous fabriquons des Formule 3 et nous sommes théoriquement en compétition avec d’autres mais en fait nous sommes pratiquement seuls. Quelquefois, quelqu’un essaie d’en fabriquer, mais ne peut rivaliser. Nous fabriquons toujours nos Formule 3 dans l’esprit d’une concurrence, mais en fait la Dallara n’a pas de concurrents. En Formule 1, nous y sommes en partie parce que nous avons travaillé pour Haas F1 et en GT nous sommes impliqués avec Lamborghini pour les GT3 et, comme en F1, il y a de la concurrence, mais il n’y pas le nom Dallara. Donc, nous cherchions vraiment à nous confronter avec la concurrence. On a trouvé ce que nous cherchions avec le LM P2. Nous avons donc postulé pour avoir une licence de constructeur LMP2. Oreca et Ligier, une évidence ; il fallait un constructeur américain, et c’est Riley qui a été choisi. Il y avait un quatrième constructeur à choisir, et notre demande a été acceptée, ce dont évidemment nous avons été très contents. Ensuite, il a fallu faire un business plan. Si on examine ça de très près, il ne faut surtout pas rentrer en LM P2 ! En fait, la chance de gagner de l’argent en LMP2 n’est pas sûre du tout…Le prix de vente est très serré et pour faire une bonne voiture à ce prix, ce n’est pas évident. Donc, ce n’est pas une question financière. Par contre, pour un groupe comme le nôtre, on a quand même calculé le risque -le risque, c’est notre métier, celui de faire les meilleures voitures- et on a pensé qu’avec les outils que nous possédons, qui sont bien plus importants que ceux des autres -nous avons une soufflerie, une soufflerie importante, les autres n’en ont pas-, que nous pouvions mettre nos gens les plus compétents sur ce projet avec une réelle chance de réussite. Quand nous avons commencé en IndyCar, nous étions un des quatre constructeurs, puis il n’y en a eu plus que trois, puis deux, et maintenant nous sommes tout seuls et c’est devenu une formule monomarque. On a bien analysé ce qu’il y avait à faire, on ne cherche pas du tout comme en Formule Indy à devenir le seul constructeur en LM P2, ce qui ne serait pas du tout une bonne chose. Notre motivation première, je le répète, c’est vraiment la confrontation avec la concurrence. »

Quelle est l’appellation de la Dallara LM P2 ?

« Il faut pour le moment l’appeler simplement Dallara LM P2, en interne il y a eu plusieurs propositions, mais rien de définitif. Cela peut paraître bizarre, alors qu’on vient de terminer la septième coque, mais le nom n’a pas tellement d’importance. »

Est-ce que la voiture a déjà subi le crash test final ?

« Une partie des essais a été faite. On a toujours deux choses à faire : les essais -et on les a fait chez nous et on sait qu’on va tout passer sans problèmes- et le crash test final pour l’homologation par la FIA, ce qui sera fait dans deux semaines. Mais tout a été vérifié chez nous au préalable. La coque a déjà été vue par la FIA. »

Qui a fait les premiers essais de la voiture?

Cadillac3

« Les deux premiers essais ont été faits en Amérique, il y a deux mois déjà. Aux USA, ils ont continué à rouler, ils ont fait beaucoup de kilomètres, avec deux écuries, Wayne Taylor Racing (qui avait déjà un châssis Dallara sur sa Corvette DP) et Action Express Racing, deux des meilleurs teams américains. Les deux teams ont le châssis Dallara, mais ce n’est pas une LM P2, mais une DPi , selon la nouvelle réglementation de l’IMSA. Ils ont un moteur différent du moteur Gibson des LM P2 et une carrosserie modifiée.” (ces DPi sont donc les Cadillac V.R dévoilées mercredi , NDLR).

Combien d’équipes allez-vous avoir en Europe ?

« En Europe, chaque constructeur a eu droit à un moteur Gibson et nous, nous l’avons monté dans une voiture et on a fait des essais à Varano il y a deux mois avec une gestion Dallara. La première voiture a été achetée par le team hollandais Racing Team Nederland qui a déjà fait d’autres essais à Magny-Cours et qui va continuer à en faire aux USA pour essayer les pneumatiques Dunlop à Sebring à la mi-décembre. La Scuderia Villorba Corse a également acheté une LM P2. »

DallaraRTN

En dehors de ces deux équipes, en aurez-vous d’autres ?

« Oui, bien sûr, heureusement ! On est en train de vendre les voitures. On en a déjà vendu huit châssis, mais ce sont les teams qui feront les annonces, pas Dallara. « 

On en verra en ELMS, et en WEC ?

« Oui, en ELMS, mais aussi dans le WEC. »

DallaraVillorba4

Dallara est-il aussi intéressé par l’Asian Le Mans Series ? »

« En Asian, ça pourrait être intéressant, mais cette année ce n’est pas possible à cause de la réglementation, les teams ne pouvant pas avoir la nouvelle voiture. Pour l’instant, l’Asian, c’est un peu comme un marché pour des voitures d’occasion, mais à l’avenir pourquoi pas ? »

On verra probablement des Dallara au Mans en 2017 ?

« Bien sûr, évidemment ! J’espère qu’on en aura quatre, cinq ou six. Et en 2018, il y aura la LM P1 avec BR Engineering. »

La conception de la LM P1 est-elle commencée ?

« Oui, exactement, on vient de commencer. Le contrat a été signé il y a très peu, comme vous le savez, mais on a déjà débuté. On va très bientôt savoir quel moteur ils vont prendre et donc on commencera en soufflerie, tout ça… » (Boris Rotenberg à gauche, et Andrea Pontremoli, à droite sur la photo)

SMP_20161115_DSC_5443

Combien de LM P1 ont-ils l’intention d’engager ?

« Je crois qu’ils ont l’intention d’en engager deux. La décision finale n’est peut-être pas encore prise, mais je crois que leur idée, c’est d’en faire rouler deux. »

LM P2, LM P1, cela va faire une charge de travail supplémentaire. Cela va-t-il obliger Dallara à recruter du personnel en plus ?

« Pas vraiment. On est quand même plus de 500 personnes. Chez nous, il y a un arrivage permanent de nouvelles têtes. Il y a seulement dix ans, nous étions 150 et maintenant nous sommes plus de 500. Quasiment chaque semaine, il y a quelqu’un qui arrive. Nous continuons de grandir. Pour des projets comme le LM P2, nous utilisons surtout les gens qui ont beaucoup d’expérience, des gens qui sont chez nous depuis très longtemps. »

Combien de voitures, toutes Séries confondues, Dallara fabrique-t-il ?

« Cela dépend…Il y a des années où on a une nouvelle F3, une nouvelle GP2, une nouvelle Indy, et à ce moment-là on fait 120 voitures, mais il y a des années où on ne fait que 30 nouvelles voitures. Cela change énormément d’une année à l’autre. L’année prochaine, on a fait une dizaine de Formule 3 peut-être, j’espère au moins une bonne dizaine de LM P2, on a encore quelques R.S.01 à faire pour Renault, quelques monoplaces Indy, parce qu’il y a des équipes qui en achètent des neuves, en fait cette année en quantité on n’a fait beaucoup de voitures. Par contre, tout ce qui est pièces de rechange, ça continue, ça continue…Pour 2017, on fera beaucoup de nouvelles voitures. »

dallara_logo

 Si en LM P3, il se présentait une opportunité pour un nouveau constructeur, Dallara pourrait-il être intéressé ?

« Difficile à dire. Le prix est extrêmement bas. C’est un business plan encore plus difficile à mettre en œuvre que le LM P2. Je vois que Ligier a fait énormément de voitures, c’est fantastique pour eux. Je ne sais pas s’il y a de la place pour qu’un autre constructeur vende beaucoup de voitures ! Je crains que non. Félicitations à Ligier qui a sauté dedans et qui a fait une bonne voiture, appréciée, dont tout le monde veut. Chapeau à Monsieur Nicolet ! Nous, nous avons regardé ça, mais quand on regarde le prix, ça fait peur. C’est difficile de faire une bonne voiture pour ce prix-là.”

Nous remercions Jos Claes pour sa disponibilité.  

 

Publicité

0 Flares Twitter 0 Facebook 0 0 Flares ×

Publicité

Sur le même sujet