En rejoignant les rangs de l’ADAC GT Masters sur une toute nouvelle GT3, Jules Gounon savait que la tâche serait ardue. L’ancien pensionnaire de la Porsche Carrera Cup France est passé à deux doigts du titre dès ses débuts au sein d’un championnat réputé de spécialistes. La Corvette C7 GT3-R du Callaway Competition qu’il partageait avec Daniel Keilwitz a fait jeu égal avec la concurrence tout au long de la saison.
La finale d’Hockenheim devait être celle de la consécration, mais une violente sortie de piste de l’Ardéchois a anéanti tout espoir de titre et le jeune pilote peut dire merci à la solidité de la Corvette développée en Allemagne par Callaway. Fort d’une belle saison, 2017 s’annonce sous de bons auspices avec en guise d’apéritif les 24 Heures de Dubai chez Konrad Motorsport puis les 24 Heures de Daytona sur une Audi R8 LMS du Montaplast by Land Motorsport. Les premiers essais ont permis de montrer qu’il faisait jeu égal face à ses aînés habitués à la R8 LMS.
Que retenir de la saison écoulée ?
“Malgré le final, elle a été très bonne. L’hiver dernier n’a pas été facile pour moi car après une opération je suis resté un mois sans marcher. Début mars, je ne savais pas ce que j’allais faire. Le nerf de la guerre est toujours le même, il faut réunir un budget. J’ai pris le risque de rejoindre Callaway qui faisait débuter une nouvelle GT3. Il fallait faire ce choix même si tout pouvait s’arrêter avant la fin de l’année par manque de budget. Je ne savais pas où j’allais car rouler en ADAC GT Masters n’est pas la chose plus facile vu la qualité des pilotes présents. Mes partenaires voulaient des résultats.”
Ils ont été servis…
“Déjà, c’était pour moi une belle satisfaction de me retrouver face à des grands noms. Nous terminons à la 3e place du championnat avec 3 victoires et 5 podiums. Le titre était à notre portée. J’ai eu beaucoup de chance cette année avec plusieurs courses en Blancpain Endurance Cup chez Franz Konrad, les 24 Heures du Paul Ricard avec Stéphane Ortelli grâce à Hugues Ripert de Spark. Je vais maintenant rouler à Dubai puis à Daytona, ce qui pour moi représente beaucoup.”
La Corvette C7 GT3-R était au-dessus du lot ?
“L’équilibre entre les GT3 était bon. Avoir une nouvelle auto était un avantage en début de saison. Nous sommes arrivés au Red Bull Ring avec une confortable avance de 39 points. La BOP fait partie du paysage GT et il faut savoir l’accepter. Je n’ai aucun regret à avoir roulé sur la Corvette et j’ai pris vraiment beaucoup de plaisir à son volant.”
La Corvette C7 GT3-R reste une initiative privée. Elle peut rivaliser avec les GT3 développées par les grands constructeurs ?
“L’auto est très aboutie. Callaway ne reçoit aucun soutien. Les partenaires ont suivi et dans l’équipe tout le monde est multi-tâche. Mon ingénieur n’a pas hésité à faire de la mécanique quand il le fallait. Callaway Competition est une vraie famille où on se sent bien.”
Poursuivre en GT fait partie des envies ?
“J’ai vraiment trouvé ma place en GT. J’ai prouvé que je pouvais mériter la confiance d’un constructeur. Toutefois, les places sont rares et je vais tout mettre en place pour y arriver.”
Rouler pour Land Motorsport à Daytona est un one-shot ?
“Pour le moment oui… Ils m’ont appelé après Hockenheim en me disant qu’ils pensaient à moi pour Daytona. Ils y vont pour gagner. J’ai de suite dit oui car l’équipage est vraiment homogène pour aller chercher la victoire. Je connais le circuit pour y avoir gagné en historique sur une ancienne Corvette. Là, ça n’a rien à voir et je sais que la catégorie sera relevée.”
La suite de la saison 2017 est connue ?
“Mon rêve est de prendre part aux 24 Heures du Mans, que ce soit en GTE ou LM P2. J’ai l’avantage d’avoir le statut de Silver. Je vais tout faire pour arriver à mes fins.”
L’accident de Hockenheim n’est plus qu’un lointain souvenir ?
“J’ai pris 30G en latéral avant de perdre connaissance. J’ai aucun souvenir de l’impact. Il faut saluer la solidité de la Corvette qui est l’une des rares GT à avoir un crash box latéral. Le choc a été si violent que le mur en béton de 4 tonnes d’une épaisseur de 40 cm a bougé de 4 mètres. Avant la sortie, je n’étais pas au courant que Christopher Mies était hors du coup pour le titre. Le pilote de la Lamborghini devant moi a perdu l’arrière, ce qui m’a obligé à lever le pied. La suite est allée très vite…”