En moins de cinq ans, François Perrodo est passé de rookie en sport automobile à Champion du Monde GTE-Am. Depuis ses débuts en GTE, le Breton est lié à l’expérimenté Manu Collard qui est devenu plus qu’un coach. Le tandem accompagné par Rui Aguas est monté à huit reprises sur le podium en neuf courses. 2017 passera par un nouveau challenge avec des débuts en LM P2 sur une ORECA 07 du TDS Racing où Matthieu Vaxivière fera office de troisième pilote, soit le même trio qu’en 2014 chez ProSpeed Competition. François Perrodo a fait connaissance avec sa nouvelle monture il y a quelques jours au Paul Ricard sous la pluie. De quoi revenir avec lui sur la saison écoulée et son nouveau challenge…
Ce run en 07 était le premier au volant d’un prototype ?
“J’avais juste bouclé quelques tours du Paul Ricard sur une ORECA 05 à la rentrée. J’avais trouvé l’expérience positive et j’ai décidé de poursuivre. C’est pour moi un nouvel univers.”
Conquis par le pilotage d’une LM P2 ?
“Je n’étais pas dans les meilleures dispositions avec une assise pas optimale. Je devais braquer à une main dans les virages qui refermaient. De plus, la pluie et les grosses flaques m’ont fait joué la prudence. L’ORECA 07 est très saine. Le moteur est linéaire et on sent bien la puissance à 9000 tr/mn. Le traction control est une merveille sur lequel on peut s’appuyer. Malgré des conditions assez compliquées, j’ai pris beaucoup de plaisir. Je suis sorti de l’ORECA 07 en me disant qu’un gentleman peut se faire plaisir à son volant. Ce roulage m’a conforté dans le choix de passer en LM P2.”
La page GT est donc tournée ?
“Malgré le titre, j’ai un sentiment de frustration concernant la BOP. Il y avait deux groupes en piste avec l’Aston Martin et les autres, et ce avec tout le respect que j’ai pour les pilotes Aston Martin. Une Vantage GTE vieille de dix ans bat de nouveaux modèles et on ne peut pas dire que la Porsche 911 RSR ait été à son avantage toute la saison. Nous avons remporté le titre à cause des trois abandons de l’Aston Martin. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir en GT en débutant sur Porsche qui reste ma marque de coeur.”
Il y avait pourtant la possibilité de passer à la Ferrari 488 en 2017…
“Je suis certain que c’est une très bonne auto avec beaucoup plus de charge. Le problème est que le budget a explosé. Pourquoi investir dans une auto de dernière génération qui sera mise au niveau des autres. Je ne m’explique pas le manque de compétitivité de la Porsche 911 RSR en Pro à Austin où les concurrents de l’IMSA étaient eux aussi sur place. Il y avait deux secondes d’écart.”
Place maintenant au LM P2…
“Malheureusement, je ne pense pas que nous serons beaucoup de Bronze à rouler en LM P2 la saison prochaine. Je vais débuter dans la catégorie. C’est le début d’un nouveau cycle comme en 2014. Je vais en LM P2 avec humilité. Par chance, j’ai deux pilotes très rapides à mes côtés. C’est mon équipage rêvé. Avec Manu, nous sommes un vieux couple (rire). J’ai rencontré Matthieu il y a quelques années via son grand-père et le courant est de suite passé entre nous. Je suis vraiment ravi de rejoindre le TDS Racing qui fait partie des équipes de référence.”
Passer en moins de cinq ans d’une Porsche Cup à une LM P2 en FIA WEC reste exceptionnel ?
“Le passage à l’European Le Mans Series après la VdeV Endurance Series a été compliqué. J’ai vraiment senti un fossé entre les deux, mais le plus gros challenge a été la première participation aux 24 Heures du Mans. Jamais je n’aurais pensé participer à cette course, comme jamais je n’aurais pensé rouler en FIA WEC et décrocher le titre. Maintenant, c’est le LM P2. J’ai eu un déclic l’an passé. AF Corse a la culture du travail avec un gentleman. Depuis le VdeV, je fais cause commune avec Manu. Elle est là la valeur ajoutée.”
