En mettant un pied en FIA WEC, Philippe Sinault avait deux objectifs majeurs : Le Mans et le championnat. Le patron de Signatech-Alpine peut avoir la satisfaction d’avoir raflé les deux cette saison dans une catégorie LM P2 plus relevée que jamais. En recrutant Gustavo Menezes pour épauler Nicolas Lapierre et Stéphane Richelmi, l’équipe berrichonne a opté pour le choix parfait et tant pis si la FIA avait laissé le pilote américain Silver car il aurait été dommage de s’en priver. Nico Lapierre a été une nouvelle fois éblouissant en piste et Stéphane Richelmi a rempli sa mission. La seconde Alpine A460 a connu plus de difficultés à se montrer dans les positions de tête. Retour sur la belle saison de Signatech-Alpine avec Philippe Sinault…
Ce titre est une belle récompense…
“Je suis content et soulagé d’avoir pu décrocher le titre avant la finale de Bahrain. C’est pour Signatech-Alpine une belle saison et certainement la plus aboutie, pas seulement sur le plan des résultats. Je retiens que l’équipe est arrivée à maturité. Nous n’avons pas connu une seule panne mécanique. Quand on sait les différents paramètres qui entrent en compte dans une saison. On arrive au niveau espéré. Il n’y a aucun regret à avoir.”
Les pilotes ont rempli leur mission. Un élément clé dans un tel championnat ?
“Les pilotes n’ont pas commis la moindre erreur sachant que nous avions deux rookies. On m’avait dit avant le début de saison que ce serait dur d’afficher un tel équipage, d’autant plus que nous avions bien la prétention de gagner le titre. Le package était vraiment très bon sur le papier et il s’est avéré être aussi très bon sur la piste.”
La stratégie mise en place était de privilégier la course aux essais ?
“On ne s’est pas trompé de combat. Nous avons bien appréhendé l’auto en course, ce qui est passé par une mise en retrait lors des essais libres et qualificatifs. C’est un peu frustrant en venant de la monoplace, mais c’est si facile de passer à côté.”
Nico Lapierre a été l’artificier de la saison en LM P2. Surpris ?
“C’est comme si Nico n’avait jamais quitté l’équipe. Il a une honnêteté et une facilité d’échange hors du commun. Avec de nouveaux pilotes, on peut être dans le jugement, mais là ce n’était absolument pas le cas. Tout a déroulé du premier jour à la finale de Bahrain. C’est comme si le dernier briefing que nous avions fait en F3 était hier.”
On sent bien que la catégorie LM P2 monte d’année en année. On arrive au maximum ?
“Il faut bien surveiller les budgets. On arrive à la limite de l’exercice. Les LM P2 qui vont développer 600 chevaux à partir de 2017 vont professionnaliser encore plus la catégorie. On arrivera en-dessous des 3.30 mn au Mans. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Ôter la classification des pilotes pourrait arranger les choses, mais il y a aussi le côté budgétaire à prendre en compte.”
Quel est le scénario pour 2017 ?
“Il y en a plusieurs et ils sont dictés par les moyens financiers. Alpine est satisfait de la saison écoulée, les partenaires également. L’idée est de repartir avec le même schéma, à savoir deux autos en FIA WEC. De plus, la logique est de poursuivre avec ORECA. La volonté est de garder Stéphane et Gustavo si nous avons deux autos. Avec Nico, on s’est déjà tapé dans la main pour rempiler en 2017. Voir la seconde Alpine en ELMS n’est pas totalement à exclure. L’idée est bien d’avoir deux autos au départ des 24 Heures du Mans. Il faut beaucoup de temps pour mettre en place une équipe d’hommes qui est au point. Humainement, nous avons les ressources pour avoir deux autos performantes.”
Signatech a l’habitude de dénicher de jeunes talents. Un programme LM P3 est à l’étude ?
“C’est toujours tentant de faire quelque chose avec des jeunes. On adore ça, mais il faudrait mettre une équipe dédiée à un tel programme.”
Le Rookie Test de Bahrain a permis de voir deux pilotes Signatech-Alpine en piste. Une belle satisfaction ?
“C’est la reconnaissance de nos pairs pour nos pilotes. Briller en LM P2 est suivi. C’est une vraie satisfaction pour Signatech-Alpine.”
Quid du LM P1 privé ?
“On y a pensé mais il faut plus de budget. Il faut être en phase avec le positionnement de la marque et nous ne sommes qu’au début de l’histoire. La priorité d’Alpine est dans un premier temps de vendre des autos.”