Un diesel vainqueur des 24 Heures du Mans ? Non, mais quelle idée saugrenue… Pourtant, Audi a vite compris l’intérêt d’une telle technologie en Endurance. Il aura fallu deux ans entre le premier coup de crayon et les débuts en compétition de l’Audi R10 TDI.
“Audi vend plus de 50% de diesel en Europe et près de 90% en France” lâchait le Dr Wolfgang Ullrich il y a dix ans. “On a déjà instauré l’injection directe sur la précédente R8. On est donc dans le profil technologique.” Dix ans déjà que Audi fait confiance à la technologie diesel sur laquelle on a greffé de l’hybridation. Changement de cap en 2017 avec un focus sur l’électrique via la Formula E.
Le diesel a donc eu une décennie pour s’exprimer pleinement avec une politique marketing bien trempée. “Avec l’Endurance, on a mesuré les mêmes retombées que Mercedes ou BMW en Formule 1″ expliquait le Dr Ullrich au début de l’ère diesel. “L’enjeu du Mans, c’est de donner un goût sportif plus prononcé au diesel. Dans le staff, la première réflexion était de se dire que le pari était osé, mais aussi riche en conséquence favorable sur le marketing.”
Le camp allemand a travaillé d’arrache-pied pour proposer une R10 TDI compétitive et de gros moyens ont été mis, sans qu’on en sache le montant. “Ce budget entre dans une politique globale de développement” déclarait le Dr Ullrich. “On le garde secret et ça demeure d’ailleurs délicat à vraiment définir. Par contre, on peut dire que 150 personnes ont collaboré au projet. Mais pas forcément tous ensemble. C’est le plus grand défi relevé par Audi Sport. Nous voulons montrer que le diesel est un moteur économique, écologique et performant. Même si l’image du gazole a changé dans l’opinion, il lui faut aussi une dimension sportive.”
Avant de venir en compétition, le V12 TDI a tourné 3000 heures au banc sans oublier les 30 000 km bouclés en essais. Avec ses 650 chevaux, il a fallu adapter les gommes et Michelin a travaillé pour faire passer la puissance en concevant un pneu avant plus grand dès les 12 Heures de Sebring avant un nouveau type pour l’arrière. Le tout a fait que les pneus ont duré plus longtemps.
Audi Sport n’a pas raté l’entrée de la motorisation diesel au Mans avec ses deux R10 TDI sur le podium, la victoire revenant à Biela/Werner/Pirro. Il aura manqué 4 tours à la Pescarolo de Montagny/Loeb/Hélary pour arracher la victoire et c’est en partie l’équivalence essence/diesel qui a mis fin aux espoirs de victoire d’Henri Pescarolo dans la Sarthe…