Aller en Chine relève toujours du parcours du combattant. Pas question de prendre un simple billet d’avion et de se rendre sur place. Il faut tout d’abord se prémunir d’une lettre d’invitation, demander un visa avec la confirmation de l’hôtel. Bref, chaque année, il faut monter un dossier complet avant de pouvoir se rendre dans le pays qui regroupe un sixième de la population mondiale. Et lorsque vous êtes sur place, pas question de surfer sur les réseaux sociaux à moins de ruser. Et vous savez encore moins ce que l’on vous propose au déjeuner.
Malgré son milliard d’habitants, le sport automobile n’est pas encore très répandu en République Populaire de Chine. Pourtant, les sports mécaniques ne cessent de se développer avec la construction de cinq circuits dans le pays. Shanghai et Zhuhai seront bientôt rejoints par d’autres pistes. L’Asian Le Mans Series se rendra d’ailleurs dès 2017 sur le Zhejiang Circuit situé à quelques heures de route de Shanghai. Les tribunes vides d’il y a quelques années ne sont qu’un lointain souvenir. Pour l’anecdote, nous avons pris le métro depuis le Shanghai International Circuit dimanche après la course. Un adolescent était à nos côtés en train de regarder des photos sur son téléphone. Même si on ne comprend pas le moindre mot de chinois, on a bien compris qu’il transférait son selfie avec Mark Webber à tous ses amis.
Si vous croisez un Chinois dans l’enceinte d’un circuit, n’allez pas lui demander le nom des quatre constructeurs retenus en LM P2 ou de savoir la différence entre les classes GTE-Pro et GTE-Am. Pourtant, avec plus de 20 000 personnes présentes à Zhuhai pour l’ouverture de l’Asian Le Mans Series, le sport automobile intéresse. Nous avons discuté quelques minutes avec Chang-Mu, venu en famille assister aux 4 Heures de Zhuhai. “Mon père m’avait parlé de la course FIA GT qui s’est disputée dans les rues de Zhuhai” nous a confié Chang-Mu. “Ayant fait mes études à l’étranger, j’ai pu suivre les courses et je m’y intéresse de plus en plus. Le Pan-Delta connaît chaque année un franc succès et les Chinois deviennent de plus en plus friands de courses automobiles. Le pays est peuplé, mais nous n’avons pas encore votre culture du sport auto. Pourtant, si vous demandez à un chinois ce que veut dire Le Mans, il vous répondra à coup sûr ’24 Heures’. La venue de l’Asian Le Mans Series est un vrai plus. Le China GT Championship se développe et j’espère que l’on verra de plus en plus de pilotes chinois venir affronter les vôtres en Europe. J’ai des amis qui habitent à Shanghai et qui vont chaque année voir le WEC. Ils connaissent Webber.”
Les organisateurs des 4 Heures de Zhuhai et 6 Heures de Shanghai ont fait les choses bien avec des animations. Les plus jeunes ont pu s’initier au karting à Zhuhai, certes des kartings rudimentaires, mais l’envie est là.
Preuve de l’engouement, Absolute Racing, l’une des équipes les plus réputées en Asie, va relever le défi du China GT Championship en 2017. D’autres devraient suivre sous peu. Fabien Fior, Ingo Matter, Philippe Descombes et quelques autres ont cru il y a bien longtemps que la Chine allait s’éveiller au sport automobile. Le pari est en passe d’être gagné…
