Entre Jacques Nicolet et l’Asie, la relation ne date pas d’hier. Le patron de Onroak Automotive a été l’un des premiers à faire le déplacement en LM P2 du temps de l’Asian Le Mans Series ‘version 1′ en 2009. Une course était organisée à Okayama et le OAK Racing Team Mazda France avait quitté le Japon avec deux victoires de catégorie LM P2. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et Jacques Nicolet était du déplacement à Zhuhai pour suivre le premier meeting de l’année et c’est bien le Jacques Nicolet constructeur que nous sommes allés voir.
“On faisait partie des premières équipes de LM P2 à rouler en Asie” se souvient Jacques Nicolet. “C’était les prémices de l’Asian Le Mans Series. Nous y étions et nous n’avons jamais lâché l’Asie. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et Cyrille (Taesch-Wahlen, promoteur du championnat) a fait un travail remarquable. Les autos sont belles, les teams sont professionnels. J’y ai toujours cru. Bien entendu, le début n’a pas été facile, ce qui est normal. Il faut installer la culture Endurance en Asie. Nous sommes à fond sur le sujet avec une base à Sepang pour être le plus proche possible de nos clients. Le développement de la partie Asie se fait en lien étroit avec l’Europe. C’est totalement différent de ce que l’on voit aux Etats-Unis où tout le monde connaît la compétition sur le bout des doigts. Tout est une histoire de rencontre. C’est exactement ce qui s’est passé avec Crawford.”
Onroak Automotive a repris la partie Motorsport du constructeur Crawford à Denver : “Cela fait longtemps que je voulais faire ce genre d’acquisition. C’est une bonne base pour le support client, ce qui permet de ne pas s’éparpiller.”
Malgré l’arrivée de la JS P217 en ELMS, FIA WEC et IMSA, la JS P2 a encore un bon coup à jouer, selon Jacques Nicolet : “Le deuxième marché pour la JS P2 existe en Asie, et même aux Etats-Unis avec un moteur différent. Le développement de la JS P217 se poursuit avec un timing qui est respecté. Depuis que l’auto a pris la piste, elle a bouclé environ 6000 km à Magny-Cours, Monza, Portimao et Estoril, soit environ 10 journées d’essais. J’espère qu’une dizaine de Ligier JS P217 rouleront la saison prochaine. Le dossier DPi est plus compliqué en timing car l’accord s’est signé tardivement. Il reste encore du travail pour adapter le moteur et revoir l’aéro. C’est une bataille contre le temps mais nous avons la structure pour y arriver.”
L’arrêt d’Audi Sport en LM P1 va laisser plus de chance aux LM P2 de s’immiscer dans les positions vu la performance des autos revue à la hausse et le peu de LM P1 en piste : “Je suis très déçu de l’arrêt d’Audi. Tout le monde se doutait que ça allait arriver un jour mais c’est un peu brutal pour tout le monde. Quelle fantastique contribution d’Audi à l’Endurance. On ne peut qu’avoir du respect. Cependant, il faut rester positif et peut-être que cela va permettre une réorganisation de la catégorie. Il faut réajuster le tout. Audi arrête, Rebellion passe en LM P2. Le problème est clairement posé. Il faut apporter des réponses et nous sommes dans les starting-blocks. On attend de voir ce qui va se faire et comment vont être pris en compte les petits constructeurs. Il faut une vision claire sur les règles. Avoir du temps devant soi permet de ne pas dépenser plus. Le LM P1 privé donne une accessibilité aux constructeurs qui n’ont pas été retenus en LM P2 ainsi qu’à ceux qui sont présents. Le LM P1 privé doit être une vraie catégorie à part entière avec tout ce qui va avec : des règles clairement établies, un vrai podium, un titre. Une LM P2 développe 600 chevaux contre 1000 aux LM P1 hybrides. On peut abaisser le poids des LM P1 privées sachant tout de même que trop de poids en moins coûte de l’argent.”
Le dossier LM P2 est loin d’être le seul sur le feu chez Onroak Automotive. La catégorie LM P3 ne cesse de se développer à travers le monde, ce qui n’est pas sans satisfaire Jacques Nicolet : “Plus les terrains de jeu sont nombreux, plus la pyramide de l’endurance va se développer. Lancer une série Sprint est une bonne idée car elle est complémentaire pour les équipes et cela permet de les forger aux courses d’endurance. On pouvait se poser des questions sur l’avenir du CN, mais les options sont différentes avec d’un côté P3/GT, et P3/CN de l’autre. Nous allons proposer une nouvelle CN qui aura une version sprint sur laquelle un kit endurance sera disponible. En attendant, la Ligier JS 53 EVO2 va poursuivre sa route avec le moteur Peugeot.”