Renault Sport revient cette année dans le giron de l’European Le Mans Series avec le Renault Sport Trophy et l’Eurocup Formule Renault. Absente en GT et LMP, la marque au losange se consacre pleinement à briller en Formule 1. Cependant, la compétition-client n’est pas mise de côté à Viry-Châtillon où on tient à faire les choses du mieux possible. Présent chez Renault depuis plus de dix ans, Tariq Ait Said est responsable sportif de la direction des programmes compétition-client de Renault Sport Racing. Nous avons profité du meeting du Red Bull Ring pour aller le questionner sur l’avenir de la Renault Sport R.S.01, mais aussi lui demander si le service qu’il dirige pourrait être intéressé par la conception d’un moteur LM P1 privé.
La satisfaction est de mise en Renault Sport Trophy ?
« Vingt cinq autos ont été construites sans compter celle de développement. On a relancé la construction de cinq nouvelles Renault Sport R.S.01. Pour en venir au championnat, l’objectif est de terminer la saison à 17/18 autos. On a travaillé avec les équipes pour rendre le championnat plus attractif. Il faut consolider la présence des équipes déjà présentes et essayer de les faire rouler dans d’autres championnats. Nous devons repositionner le produit en termes d’offre et de format. Nous avons l’une des rares séries où un pilote peut défendre ses chances individuellement. Il faut voir ce que les pilotes peuvent en tirer. »
Les prix de fin de saison sont toujours à l’ordre du jour ?
« Il y a trois types de pilotes : le Pro, le Pro-Am qui comprend Junior et Gentleman. Il faut déjà voir ce que veulent ces pilotes. Le Pro veut passer à l’étape supérieure qui est généralement d’aller au Mans en LM P2. Nous sommes capables de le faire via l’alliance Renault/Nissan. Renault n’a pas de débouché direct en GT, ce qui fait que nous voulons accompagner les pilotes à progresser, peu importe la classe où ils roulent. Nous avons suffisamment d’outils F1 à Enstone et Viry-Châtillon pour cela. On peut les intégrer dans un environnement qui tend vers le monde professionnel. En Am, les juniors veulent passer en Pro à nos côtés, d’où la bourse. Le gentleman est plus à la recherche de choses exceptionnelles comme des courses originales telles que les 24 Heures de Dubai ou bien quelque chose que l’argent ne peut pas acheter, comme l’outil F1. »
La Renault Sport R.S.01 est tout sauf une GT3. Pourtant, on la retrouve de plus en plus face à des GT3…
« Il faut arriver à trouver le bon équilibre sur les courses d’endurance. Le Renault Sport Trophy comprend six meetings et pour certaines équipes, c’est assez. Toutefois, ce n’est pas le cas de tout le monde. Les teams veulent amortir les autos et je suis satisfait de voir que de plus en plus de championnats acceptent l’auto. On veut redonner de la valeur au Renault Sport Trophy. C’est la fondation. Cependant, on travaille toujours à faire accepter l’auto dans d’autres séries. »
L’auto est acceptée dès cette année aux 24 Heures de Spa en Am-Cup. Les 24 Heures du Nürburgring pourraient être au menu ?
« On y a réfléchi. Cette course demande une préparation spécifique. Je ne peux pas nier qu’on l’a dans notre champ de vision. Le problème de l’auto est qu’elle est à la fois exceptionnelle et méconnue. Nous allons tout faire pour amener des pilotes connus d’ici la fin de saison afin de donner un coup de projecteur supplémentaire. L’European Le Mans Series est un très bel endroit pour l’exposition d’une auto qui se rapproche d’une LM P dans sa conduite. On peut dire que c’est une monoplace carrossée. »
Afin d’avoir deux plateaux plus conséquents, est-il possible de voir les Renault Sport R.S.01 intégrées à la Michelin GT3 Le Mans Cup ?
« Ce mix n’est pas dans l’air du temps. Avant de mélanger, il faut déjà consolider. »
On connaît Renault Sport pour ses talents de motoriste. Si un constructeur vient vous voir pour avoir un moteur LM P1 privé, vous pourriez considérer la chose ?
« A Viry-Châtillon, il y a une vraie stratégie de diversification. Maintenant, nous avons Renault Sport Racing qui comprend les activités de Renault en compétition, dont la nouvelle écurie Renault Sport Formula One Team et Renault e.dams. Il y a des synergies avec Nissan et l’expertise de la F1. La F1 est un accélérateur de technologie qui demande beaucoup de ressources sachant que l’équipe est en phase de construction. Tous les projets en parallèle sont considérés. Si demain quelqu’un vient nous voir pour développer un moteur, alors nous étudierons la légitimité d’une telle implication. Cependant, cela ne devra pas interférer avec la partie course. »
Renault Sport Racing pourrait être impliqué dans le cas d’une arrivée de la nouvelle Alpine en compétition ?
« Alpine est une entité à part entière. C’est à eux de décider ce qu’ils veulent faire en sport automobile. Une fois qu’Alpine aura déterminé sa stratégie, nous verrons. Nous restons à leur disposition. »