Le Mans

Gérard Neveu : “Le Mans, ce n’est pas une image mais des images”

Podium, LMP1 - Le Mans 24 Hours at Circuit Des 24 Heures - Le Mans - France
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Etant un homme du sud, Gérard Neveu a plus usé ses semelles sur le Circuit Paul Ricard qu’au Mans. Son rôle de directeur général du FIA WEC depuis 2012 l’a amené à voir les 24 Heures du Mans d’une façon différente. Comme tout passionné de sport automobile, Gérard Neveu a vite été conquis par la classique mancelle. Après avoir remonté le temps avec Pierre Fillon il y a tout juste un an sur ses premiers pas au Mans, Gérard Neveu a accepté de revenir sur sa découverte de l’épreuve.

“Mon premier souvenir des 24 Heures du Mans remonte à l’âge de 7, 8 ans dans les années 70. C’était l’évènement que nous regardions en famille à la télévision, notamment l’arrivée. Ma mémoire est assez lointaine sur le sujet mais j’ai quelques images qui me restent en tête, mais surtout des noms : Ickx, Pescarolo, Larrousse.

“J’ai attendu 2003 pour venir au Mans pour la première fois. Je ne suis pas un enfant du Mans mais plutôt du Paul Ricard. J’ai pris goût à l’Endurance lorsque ORECA venait rouler en essais au Paul Ricard. Hugues de Chaunac n’arrêtait pas de me parler du Mans. L’un de mes premiers clients lorsque j’officiais sur le circuit varois était le Dr Ullrich. Il y avait Toyota en F1 et Audi qui préparait la LM P1. Dès la première rencontre, j’ai vu un homme exceptionnel et qu’il était un exemple pour le management et les relations humaines. Je m’en suis d’ailleurs grandement inspiré quand j’ai eu en charge le management du circuit. Il fallait penser comme un team.

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“A l’époque, Bentley roulait en Endurance tout comme Audi. J’ai donc été invité par les deux marques à venir suivre les 24 Heures du Mans. Là, j’ai eu un véritable choc. Il faisait une chaleur incroyable, ce qui compliquait les choses pour tout le monde. J’avais accès à la structure Bentley et à chaque passage des EXP Speed 8 devant la tribune, les Anglais applaudissaient. C’était quelque chose d’incroyable avec plus de 200 000 personnes dans une seule enceinte. J’avais une guide locale qui connaissait parfaitement l’endroit. J’ai pu suivre la parade en ville, le bord de piste. J’ai fait mes 24 heures et j’en suis reparti tout retourné. J’ai découvert une facette du sport automobile que je ne connaissais pas. La F1 n’a pas une telle frénésie aussi longtemps. Le Mans, ce n’est pas un bruit mais des bruits. Le Mans, ce n’est pas une image mais des images. Il y a une atmosphère, des écrans, un coucher se soleil, un lever de soleil dans les Hunaudières d’une beauté incomparable. Il y a ces flux incessants de spectateurs.

The Grid - Le Mans 24 Hours at Circuit Des 24 Heures - Le Mans - France

“J’ai ensuite eu le privilège d’être choisi par l’ACO pour rejoindre l’ILMC. J’ai vécu Le Mans avec différentes casquettes. Le slogan 2016 colle parfaitement à la course : mythique, magique, unique. Sans Le Mans, le FIA WEC n’en serait pas là aujourd’hui. Le Mans en est le socle. C’est un immense plaisir de pouvoir participer à cet évènement. Le Mans est la vitrine rêvée pour un championnat. C’est une chance pour moi de pouvoir être aux côtés de Pierre Fillon. Le FIA WEC permet de parler du Mans toute l’année. Nous avons un label sur différents continents avec une vraie continuité. Je le redis, c’est un plaisir et un privilège d’être ici.

“J’ai deux moments forts en tête de cette course. Il y a quelques années, Le Mans a connu une tragédie. L’accolade après l’arrivée entre Tom Kristensen et Jacky Ickx reste pour moi quelque chose de très fort. Il y avait la classe et l’émotion. Les deux sont hors catégorie. Ils sont authentiques et sans la moindre triche.

#18 PORSCHE TEAM - Le Mans 24 Hours at Circuit Des 24 Heures - Le Mans - France

“L’autre moment fort que je retiens remonte à 2009. Bruno Senna roulait sur une ORECA 01 et il rentre au stand après une sortie de piste au milieu de la nuit. J’étais dans le stand proche d’un caméraman qui filmait en live. J’avais peur de gêner et je suis resté immobile durant une bonne trentaine de minutes le temps que l’équipe répare la voiture. Les mécaniciens ont démonté l’auto, réparé puis remonté, le tout dans un effort incroyable. Le pilote était resté dans l’habitacle. J’ai alors vu un ballet de mécaniciens à la perfection sans aucun téléscopage. Une fois l’auto repartie, j’ai pu bouger et en sortant du garage j’ai vu trois mécaniciens en larmes qui sont allés au bout du bout de ce qu’ils pouvaient donner. C’est là que j’ai compris la dimension humaine du Mans.”

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