Le matin des 24 Heures du Mans 2014, Frédéric Sausset nous expliquait au pied du Module Sportif son envie de disputer les 24 Heures du Mans à moyen terme. On se demandait bien comment cela allait pouvoir être possible. Deux ans plus tard, la discussion ne se déroulera pas devant le Module Sportif mais bien dans un stand. Un an après notre entretien, le quadri amputé était confirmé comme Garage 56 et deux ans après notre discussion il sera au départ de la plus grande course d’endurance au monde. Personne n’aurait pu imaginer une telle chose après les nombreuses épreuves douloureuses traversées. A force de persuasion, la Morgan LM P2/SRT41 by OAK Racing qu’il partagera avec Christophe Tinseau, le professeur, et Jean-Bernard Bouvet, la dernière recrue qui colle parfaitement au projet. A quelques jours de la Journée Test des 24 Heures du Mans, Fred Sausset est revenu avec nous sur son projet Le Mans qui est devenu réalité…
Comment se passe la préparation ?
« Je continue de m’entraîner quotidiennement sur le plan physique. J’ai eu l’occasion de reprendre la piste en VdeV Endurance Series sur la CN au Paul Ricard vu que la Morgan LM P2 est en pleine préparation pour Le Mans. Malheureusement, nous avons connu quelques pépins de direction assistée et ABS. Je n’ai pas pu rouler en course. C’est dommage car c’était l’occasion de continuer à m’entraîner sur la piste. »
Tout est calé dans l’habitacle de la Morgan ?
« Il n’y à rien à redire sur la Morgan LM P2. L’auto est très neutre dans son comportement. La position de conduite est différente de la Ligier CN car je suis plus allongé. Le tracé du Mans doit mieux que convenir que Silverstone car il n’y a pas de gros virage à gauche. En revanche, la pression sera bien supérieure sur cette épreuve. J’ai passé le test du simulateur sans problème avec plus de 40 tours bouclés. »
La pression médiatique va elle aussi être très forte…
« J’ai conscience de cette pression mais je vais tout faire pour garder des forces et me préserver. C’est le défi de la piste qui va débuter. Je suis au départ, donc le défi est déjà gagné, ce qui me permet de soulager la pression. Le but ultime est de passer le damier. Ce projet Le Mans est très large et il n’aurait pas pu aller à son terme si j’avais été seul. Beaucoup ont adhéré et je dois énormément à Christophe, Vincent Beaumesnil et l’ACO. Quatre ans après mon accident, je suis au départ des 24 Heures du Mans… »
L’apport de Jean-Bernard est important ?
« C’est un régal. On s’entend parfaitement et c’est exactement la personne qu’il nous fallait. Il colle au projet et c’est un poids en moins à gérer. C’est devenu au fil du temps une aventure humaine de trois potes où chacun amène ses spécificités. Eux amènent l’expérience et moi la différence. »
Comment vont se dérouler les relais ?
« Nous avons mis en place quatre simulations. Ce qui est assuré, c’est que Christophe prendra le départ car c’est lui le plus expérimenté. Personnellement, je pars pour 6h30 de roulage minimum sur la totalité de l’épreuve. Je vais surveiller mon bras pour voir comment il va tenir sur la durée d’un relais. L’expérience acquise en VdeV m’a permis de bien me caler dans le trafic. C’est réellement un championnat incontournable car c’est là que j’ai tout appris. La seule chose qui me manque est la cohabitation avec les LM P1. J’ai échangé avec des pilotes tels que Benoît Tréluyer, Loïc Duval ou Romain Dumas. Ils sont tous positifs devant ma candidature. Ils auront un regard différent lorsqu’ils verront la lumière bleue sur la Morgan LM P2. Les pilotes LM P1 m’ont regardé rouler en bord de piste à Silverstone. J’ai bien conscience que nul n’est parfait. Cela fait partie des points de pression car c’est une grosse responsabilité.
« J’ai encore une bonne marge de progression. Au Paul Ricard, nous avions le 2ème chrono en termes de cumul. L’an passé, nous étions plus en première ligne, mais en partant de la fin. J’avais le 12ème chrono en essais libres sur 25 CN. Au Mans, l’objectif est d’aller au bout pour vivre l’arrivée… »