Alors que la France est en pleine pénurie de carburant à une bonne semaine de la Journée Test des 24 Heures du Mans, l’essence a été au centre des discussions en 1987. Premier volet d’un retour dans le passé des 24 Heures du Mans…
Porsche comptait bien atomiser la concurrence avec ses 962C mais après 1h15 de course, Wollek/Mass/Schuppan ont rendu les armes. Diagnostic : moteur cassé ! Même sanction chez Joest avec les #7 et #8, tout comme chez Kremer avec la #10. Dans le camp allemand, la qualité de l’essence a vite été mise en doute, comme le confiait Jochen Mass au quotidien Le Maine Libre : “Il s’agit de la qualité de l’essence. Elle est plus mauvaise que durant les essais. Si nous avons tenu une heure, c’est parce qu’il nous restait de l’essence des essais, qui était bien meilleure que celle de la course. Je préfère arrêter maintenant qu’après 15 heures. Je vais pouvoir aller boire une bonne bière et me reposer.”
Les instances internationales ont souhaité avoir de l’essence différente en fonction des pays . “J’ai pu suivre toutes les courses du championnat 1987 et à chaque fois qu’il y a eu un problème, c’est l’essence qui fut incriminée” rappelait Alain Bertaut, président du collège des commissaires. “Pourtant, depuis décembre 1986, les concurrents savaient qu’ils auraient à utiliser l’essence du commerce. Certains ont fait l’effort d’adapter les moteurs à cette nouvelle donne. Ils ont travaillé la gestion électronique à partir d’échantillons d’essence du commerce. D’autres essaient vraiment de suivre les usines en utilisant tous les moyens, en particulier avec de l’essence venant d’Allemagne comme on l’a appris durant les essais. Ce sont les moteurs qui ne sont plus adaptés à l’essence imposée. Mais que l’on ne dise pas que c’est l’essence qui est devenue mauvaise. Si la FISA a imposé de nouveau l’essence du commerce (octane 98), c’est dans le seul but de limiter la puissance. Si certains ne veulent pas le comprendre, c’est bien dommage.”
Gonzague Mordret, directeur de l’ACO, se voulait on ne peut plus clair : “Si je me tape sur les doigts en enfonçant un clou, me viendrait-il à l’idée de critiquer mon marteau ? Cette histoire d’essence est absurde.”
Jürgen Barth, en charge des clients chez Porsche, n’abondait pas du tout dans le même sens : “Les voitures étaient bien réglées depuis les essais avec l’essence fournie par l’organisation durant les essais. Nous avons reçu une nouvelle essence pour la course et nous persistons à dire que c’est cette essence qui a causé l’abandon de notre voiture. Elle est plus pauvre que celle des essais. Après l’abandon, nous avons décidé de changer le boîtier électronique de l’autre Porsche officielle. Nous avons aussi prévenu tous nos clients. Alors quand j’entends dire que nos moteurs ne sont pas adaptés à la nouvelle essence, je suis révolté. Nous connaissons les règles du jeu. Nous aimons Le Mans et nous essayons de rester pro. Casser un moteur coûte très cher et je suis vraiment déçu des déclarations. Nous désirons juste une garantie minimale d’octane et non pas une essence différente le jour de la course que celle donnée lors des essais.”
Les problèmes rencontrés sur les Porsche n’ont pas empêché la marque allemande de s’imposer grâce à Stuck/Bell/Holbert devant une 962 privée et la Cougar C20 d’Yves Courage.