2006/2016. Dix ans maintenant que les GT3 sont en piste. Lorsque Stéphane Ratel a présenté le concept d’une nouvelle catégorie nettement moins chère que le GT1 et GT2, l’idée de départ était simple : des marques prestigieuses, des modèles récents, une préparation de course limitée, des meetings impeccables, un environnement international avec une atmosphère accueillante. Sur les cinq critères clairement établis, quatre sont toujours d’actualité dix ans après. Le seul changement reste la préparation de course limitée qui a bien évolué pour mettre aux prises des vraies voitures de courses taillées pour le sprint et l’endurance. Une fois de plus, le patron de SRO Motorsports Group a eu le nez creux en lançant son concept du GT3. Et une fois de plus encore, on l’a pris pour un fou en disant que ça ne marchera jamais. Sauf que l’on ne fait pas reculer Stéphane Ratel. La FIA, via Max Mosley son président, avait donné son aval lors d’une présentation à Monaco en 2005. Entre l’ébauche sur le papier du GT3 et le premier meeting à Silverstone en mai 2006, il s’est passé un an.
Entre BOP et catégorisation de pilotes, le concept du GT3 a révolutionné le monde du GT. Chaque équipe devait aligner trois voitures avec un maximum de trois équipes par marque. Aston Martin Racing et la BMS Scuderia Italia ont été les premiers à dégainer avec les DBRS9. On sait ce qu’il en est advenu de la suite… Le succès a été immédiat avec 51 autos inscrites à l’année dès 2006, dont 46 étaient en piste à Silverstone en marge du meeting FIA-GT. Le FIA-GT3 a laissé sa place à la Blancpain GT Series et le GT3 est toujours la catégorie GT la plus garnie à travers le monde. Avec plus de 200 nouvelles GT3 vendues l’hiver dernier pour un prix moyen d’environ 400 000 euros l’unité, le succès ne se dément pas. Imaginez si Stéphane Ratel avait dû toucher des royalties sur chaque GT3 vendue…
Comme toute catégorie qui se développe, le professionnalisme a pris le pas sur le système D. Aligner une GT3 en 2016 n’a plus rien à voir avec 2006. « Avec plus de 50 autos engagées à l’année dès la première saison, il était clair que le GT3 était la formule gagnante dès sa sortie » nous a confié Stéphane Ratel, président de SRO Motorsports Group. « Le potentiel a de suite été là et la catégorie n’a cessé de croître. Je tiens d’ailleurs à remercier les membres fondateurs et ceux qui ont été les principaux contributeurs de cette première génération de GT3. Il y a Hans Reiter pour Lamborghini, Loris Kessel et Jean-Michel Bouresche pour Ferrari, Toine Hezemans et Ernst Wöhr pour Corvette, Jack Leconte pour m’avoir aidé à amener la Dodge Viper en Europe, Klaas Zwart pour Ascari, Frédéric Dor pour Aston Martin, Jean-Pierre Jabouille pour Morgan, Andreas Bovensiepen pour Ascari et le regretté Martin Bartek pour Ford. Ce sont eux qui ont créé le GT3, même si la catégorie est devenue un succès mondial lorsque les constructeurs tels qu’Audi ont adopté la formule du GT3. »
En combattant qu’il est, Stéphane Ratel a dû batailler pour arriver à ses fins : « Je me suis battu à la FIA pour faire accepter les passeports techniques. C’est la première clé du GT3. Il y a eu ensuite une levée de bouclier de la Commission GT où Porsche et Ferrari étaient contre car ils avaient déjà une coupe monomarque. Aston Martin, à travers Frédéric Dor, a été le premier à y croire. Les Reiter, Kessel, Hezemans, Berro et Zwaart ont suivi. Les tuners ont vraiment fait décoller le GT3. Toute l’histoire du GT est faite par des teams privés. J’ai connu cela avec la Ferrari F40 quand Lindsey Owen-Jones avait la McLaren. Le succès du GT3 a été immédiat. Audi a fait venir les autres et le concept est le même depuis 10 ans. La seule différence est que les constructeurs ont remplacé les tuners. Aucune catégorie au monde ne peut revendiquer un tel succès. »
Sur les 92 pilotes au départ ce week-end en Blancpain Endurance Cup, seuls trois étaient déjà là à Silverstone en mai 2006. Raymond Narac évoluait sur une Porsche 997 GT3 Cup du Larbre Compétition, Jean-Luc Beaubelique roulait sur une Porsche 997 GT3 Cup du team SOFREV-ASP et Leo Machitski sur une Aston Martin DBRS9 du Barwell Motorsport. Trois teams présents en 2016 étaient elles aussi de la partie en 2006 avec AF Corse (Maserati), Barwell Motorsport (Aston Martin) et SOFREV-ASP devenu AKKA-ASP qui alignait à l’époque des Porsche.