Si Bruno Famin est à Spa-Francorchamps, ce n’est pas pour préparer un éventuel retour de Peugeot en LM P1, mais bien pour suivre les débuts de la Peugeot 308 Racing Cup en TCR International Series sous la bannière du Sébastien Loeb Racing. Dès 2017, la série monotype remplacera la RCZ Cup. Trois courses sont au menu de la 308 Racing Cup avec dans une semaine la manche VLN 3 puis l’ETCC plus tard dans l’année. L’avantage de cette nouvelle auto est de pouvoir rouler dès 2017 en sprint et en endurance avec la même voiture. Bruno Famin, directeur de Peugeot Sport est revenu avec nous sur les débuts de la 308 Racing Cup. Evidemment, nous ne pouvions pas passer à côté du sujet FIA WEC et plus précisément sur la catégorie LM P1.
La Peugeot 308 Racing Cup fait ses premiers pas en compétition ce week-end ?
“Elle a disputé une course en Espagne avec Carlos Tavares, Greg Guilvert et Denis Gibaud. Ses grands débuts se font ici en TCR International Series. On veut voir ce que donne l’auto face à la concurrence et l’étalonner. Le TCR est une discipline très concurrentielle basée sur la BOP. Le châssis de la 308 Racing Cup a beaucoup de qualités. En revanche, elle a un moteur 1.6l contre 2.0l à la concurrence. La BOP a été effectuée sur le tourniquet de Valence. Pour notre auto, elle était pertinente sur un tel tracé, mais c’est plus dur à Spa. Si on roule ici, c’est avant tout pour valider la définition technique. Rien ne vaut la course. Les contraintes ne sont pas les mêmes lorsque l’on est seul en piste. On souhaitait terminer sur un programme de trois courses.”
Est-il possible de voir Peugeot Sport s’engager directement sur un programme ?
“Ce n’est pas la philosophie de Peugeot Sport d’aller dans cette direction ni celle du TCR. On ne voulait pas aller contre cela et nous sommes pleinement satisfaits de confier les autos au Sébastien Loeb Racing. De plus, nos ressources sont sur d’autres programmes. C’est un deal gagnant/gagnant pour Peugeot et SLR. Nous venons juste avec Greg qui est l’un de nos pilotes.”
Il y aura une auto pour le Sprint et une pour l’Endurance ?
“L’auto est vendue dans une configuration unique sprint/endurance. Le projet a été lancé pour remplacer la RCZ et mettre en place une nouvelle coupe de marque. Une fois le projet lancé, le TCR a émergé sachant que les 24 Heures Series se développent tout comme le VLN. Ce qui est acquis, c’est qu’il y aura une coupe monomarque en 2017 en France. Il reste à maintenant à en définir les contours et savoir où la faire rouler.”
Le TCR est une série promise à un bel avenir ?
“La formule est saine. Les organisateurs ont débuté par l’international avant de lancer des championnats nationaux et régionaux. Cela n’empêche en rien une coupe monomarque car les deux sont complémentaires. On peut imaginer la mise en place d’une pyramide. Cette formule nous intéresse également à l’étranger. Pourquoi pas voir des Peugeot en Asie avec par exemple le soutien de Peugeot Chine.”
Quel est le prix de l’auto ?
“Il n’est pas encore défini. Nous allons organiser des essais en juillet à Magny-Cours. On peut juste dire qu’elle sera un peu plus cher que la RCZ car elle offre d’autres prestations. Les commandes pourront être passées début juillet pour une livraison à l’automne. Il faut que les équipes puissent être prêtes en 2017 pour attaquer les différents championnats.”
Rouler en marge du FIA WEC ce week-end donne des envies ?
“Le FIA WEC est un magnifique championnat avec de très belles autos. La série est idéale pour les constructeurs et bien mieux que la F1. La technologie est intéressante de même que le format. Les marques se battent entre elles et on se rappelle plus de la marque qui gagne que des pilotes à quelques exceptions près. La grosse réserve concerne le budget qui pour le moment est bien trop élevé. On ne peut que louer la démarche de la FIA et l’ACO de tenter de réduire les coûts. Même si les Allemands réduisent à deux voitures au Mans, cela reste quelque chose de symbolique. Deux tiers des équipes de F1 aimeraient avoir les budgets des teams de pointe LM P1.”
Qu’en est-il de l’éventualité d’un retour de Peugeot en Endurance ?
“Le budget n’est pas ce qui freine mais ce qui bloque. Bien entendu, le président de PSA rêve d’un retour de Peugeot aux 24 Heures du Mans et plus généralement en Endurance. Pour cela, il y a des conditions : que PSA aille mieux, ce qui est plutôt bien engagé, et que le budget demandé soit en nette diminution, ce qui n’est pas encore le cas. Actuellement, c’est juste une idée et une cible à l’horizon. Comme tout horizon, il recule à chaque fois que l’on avance (rires).”
Le fait d’avoir un président passionné de sport automobile peut changer la donne ?
“Rien n’a changé depuis 2012 pour Peugeot dans l’état d’esprit. Le gros avantage est qu’il n’y a pas besoin d’expliquer au président ce qu’est le sport automobile car il est convaincu de son bien-fondé et c’est aussi pour cela que Peugeot a différents programmes sportifs. Tout est piloté par l’aspect économique, l’investissement et le retour sur cet investissement. Que peut-on espérer de ce dernier ? Les sommes à engager sont importantes. Même si nous avons un président passionné par le sport automobile, il ne peut pas traiter le sujet d’une façon différente des autres. Peugeot reviendra en Endurance le jour où il sera possible de monter un vrai projet avec quelque chose derrière.”
Le rallye-raid colle bien à l’image de Peugeot ?
“Disons qu’il colle parfaitement à nos critères même si c’est loin d’être facile de briller dans cette discipline. Le cahier des charges est compliqué. On ne se bat pas au centième de seconde comme on peut le faire en LM P1. De plus, le rallye-raid renforce l’image de Peugeot à l’international et cela permet de faire la promotion de la 2008 qui est vendue dans les différents pays où Peugeot est présent. Le budget est sans commune mesure avec ce qu’il faut pour une présence en LM P1. Les retours sont positifs et on vise le public intéressé.”
Les nouvelles technologies que l’on voit en LM P1 intéressent forcément Peugeot…
“Oui mais il faut que cette technologie ait un sens par rapport à celle que l’on verra demain dans la rue. Si elle est trop en avance, cela augmente le budget et on perd le contact avec la réalité. On parle de la pile à combustible et de l’hydrogène mais il n’y a encore rien de concret.”
Et le Garage 56 ?
“Le Garage 56 est très intéressant pour nous et on y a pensé peu de temps après l’arrêt du programme 908. Actuellement, le critère demande de s’engager dans la foulée en LM P1 car il doit servir de tremplin.”