Champion GTLM en titre, Patrick Pilet sait que garder la couronne ne sera pas facile. Porsche North America ne devra rien laisser passer sur ses Porsche 911 RSR pour contrer l’arrivée conjuguée des Ferrari 488 GTE, Ford GT, BMW M6 GTLM, sans oublier des Corvette C7.R toujours au rendez-vous. Malchanceux à Daytona et Sebring, Patrick Pilet et Nick Tandy restent sur un podium dans les rues de Long Beach. C’est avec un handicap de 23 points à combler que le Français arrive à Laguna Seca.
Quel est l’esprit avant d’aborder Laguna Seca ?
“C’est mon circuit préféré aux Etats-Unis. Malheureusement, on attendait une température plus élevée. Ici, il fait 22°C toute l’année mais nous en sommes loin. Il y a peu de grip et rentrer dans la bonne fenêtre d’utilisation des pneumatiques n’est pas facile. C’est ce qui nous a causé quelques soucis ce matin. Le tracé n’est pas évident pour dépasser et faire des courses séparées est une idée plutôt judicieuse.”
L’atmosphère est différente à Monterey ? Les pneumatiques ont une importance primordiale ?
“C’est une course FIA WEC sprint sur deux heures. Les bagarres ont toujours été belles ici. Il faudra opter pour la bonne stratégie et bien surveiller la dégradation des pneus. Le circuit n’est pas à notre désavantage même si nous n’avons jamais réellement dominé. Nous utilisons les pneus FIA WEC 2016 pour la première fois. Lors des trois premiers rendez-vous, nous avions les gommes ‘low énergie’ du VIR et de Road America 2015. C’est un peu compliqué pour le moment compte tenu de la température extérieure qui est très froide. Il fait encore travailler sur le set-up de l’auto. Au Mans, nous devrons faire face à des températures de 10 à 12°C durant la nuit. C’est donc une bonne indication pour les pneus. Nous avons toujours des gommes légèrement différentes de la concurrence compte tenu de l’architecture de l’auto. Sur le papier, la Ferrari et la Ford sont certainement plus douces sur le pneu.”
La Balance de Performance est plutôt équitable ? Ford fait figure d’épouvantail ?
“Elle est assez honnête. Un bon travail a été fourni sachant que l’IMSA a maintenant beaucoup de paramètres pour trouver le meilleur équilibre possible. Certaines GT sont meilleures dans un domaine particulier, d’autres ont un avantage ailleurs. Les écarts semblent plus serrés que ce que l’on a connu en FIA WEC. Nous verrons pour Le Mans. Ford était bien à Daytona avec un moteur très performant. Le Mans est clairement le tracé de l’année pour les Ford. Même en ayant quatre autos, Le Mans reste Le Mans.”
La classique mancelle peut s’avérer compliquée pour Porsche ?
“Si la BOP reste en l’état actuel des choses, ce sera plus que compliqué voire impossible de jouer devant à la régulière. Ce sera pire qu’en 2015 avec aucune chance vu le package actuel. Même si ce ne sont que des simulations, les résultats obtenus nous donnent moins bien qu’en 2015. Cependant, il n’y a eu qu’une course. Il faudra voir après Spa. Je fais confiance au législateur pour équilibrer les choses du mieux possible. On veut juste se battre à armes égales.”
On sent maintenant le tandem Pilet/Tandy bien rodé…
“Avec Nick, on travaille très bien et l’équipe fournit un super travail. Il y a une vraie dynamique entre nous. On ne lâche rien en regardant devant. Certes, nous avons eu un peu de chance à Long Beach contrairement à Daytona et Sebring. La victoire nous redonne de la motivation. Vu le niveau, nous avons conscience que gagner des courses va être très compliqué mais nous sommes prêts. La seconde auto est parfaitement pilotée et on se tire tous vers le haut. On a appris que l’on ne peut pas tout gagner. L’alchimie avec Nick est juste parfaite.”
Rouler aux Etats-Unis représente quelque chose de particulier ?
“J’adore le championnat. Les formats changent, les circuits très variés, ce qui permet de mettre en place des stratégies vraiment différentes. Tout combiné fait que l’on peut garder notre agressivité comme en monoplace. Le FIA WEC, c’est six heures de qualification. En réalité, les deux championnats sont assez complémentaires même si faire les deux est compliqué. Ici, il faut s’adapter et improviser encore plus qu’en FIA WEC. Le niveau est incroyablement relevé. Personne ne lâche rien tout en restant fair-play. Bien sûr, mon objectif est bien de devenir un jour Champion du Monde d’Endurance et nous verrons ce que réserve le futur. C’est encore bien trop tôt pour évoquer l’avenir. Pour aller au Mans, le FIA WEC reste la meilleure préparation. Dans les deux, il ne faut rien lâcher mais ici faire les bons choix au bon moment est primordial. Aux Etats-Unis, il faut être un brin malicieux.”
Place aux 24 Heures du Nürburgring dans quelques semaines. Impatient ?
“C’est une course que j’aime. Elle est tellement différente et aléatoire des autres. Il faut avoir le meilleur équipage pour espérer y briller et je pense que ce sera notre cas. Les travaux entrepris sur le circuit sont positifs. En revanche, réduire la puissance des autos va à l’inverse de ce qu’il fallait faire. On a maintenant trop de charge aéro, si bien que l’on manque de puissance. Il faut donc pousser encore plus, garder plus de vitesse en sortie de virage, prendre des risques dans le trafic tout en mesurant ce risque. Pour le reste, c’est une bonne chose d’avoir ôté les limitations de vitesse, d’avoir mis en place des ‘double yellow’ et le code 60. Tout ce qui concerne la sécurité passive et les règles de sécurité vont dans le bon sens. Il aurait toutefois mieux valu remettre des chevaux et ôter de l’appui. Poursuivre avec les pneus confidentiels est aussi positif en termes de sécurité même si un pneu client peut remplir sa mission.”