Christophe Bouchut possède sans aucun doute l’un des meilleurs palmarès de tous les pilotes français des vingt dernières années. Rompu aux courses d’endurance aux quatre coins de la planète, le lauréat des 24 Heures du Mans 1993 s’est aussi illustré sur la scène nationale : Champion de France F3, Champion de France Peugeot 905 Spider, quadruple champion Porsche Carrera Cup France, Champion de France de Supertourisme, Champion de France GT. Difficile de faire mieux. Retiré des circuits français depuis un petit moment pour des programmes plus internationaux, le Bourguignon au caractère affirmé a fait le point avec nous sur son actualité et les problèmes rencontrés sur les circuits français.
Quel est le programme cette saison ?
“A l’heure actuelle, je fais une pause. Il faut sans cesse partir à la recherche d’une nouvelle équipe. Je préfère m’occuper d’autre chose. A 50 ans, tout devient plus compliqué même s’il est encore possible d’avoir des opportunités intéressantes. Cependant, il n’est pas question d’annoncer ma retraite sportive pour finalement revenir une semaine plus tard. Soit j’arrête comme l’a fait Laurent Aïello et je dis bravo, soit j’attends la meilleure opportunité pour revenir. Si je peux rouler sur un programme compétitif, alors la réponse sera positive. J’estime avoir été privilégié dans ma carrière. J’ai clairement réalisé tous mes voeux. Aujourd’hui, je veux prendre du plaisir à 100%, donc les choses sont plus compliquées à réunir. J’ai une vie suffisamment riche en dehors du sport auto. J’ai une famille dont je peux m’occuper et je gère en parallèle quatre sociétés, ce qui fait que je ne manque pas de travail. Je me demande même si je ne suis pas plus occupé que lorsque je pilotais.”
Que vous inspire la situation actuelle sur les circuits français ?
“Je me suis étonné de voir la liste des engagés de Nogaro. Comment est-ce possible ? Je n’ai jamais vu cela dans ma carrière et je ne pensais même pas que l’on pouvait organiser une course avec seulement huit autos. SRO a compris que la situation du GT était préoccupante pour mettre sur pied un championnat GT axé sur la France. Je pense que cela peut permettre de renouer avec de vraies grilles. J’ai conscience qu’organiser une série demande un travail conséquent. Le caractère de Stéphane Ratel fait qu’il est proche de ses clients et je reste persuadé qu’il y a de la place pour un championnat GT en France.”
Et quand on parle de Supertourisme discipline phare des circuits français ?
“Restons sérieux… Le GT3 est bien plus adapté à la France que le Supertourisme actuel. Les gens ont connu des autos qui font rêver. De plus, les acteurs du sport automobile investissent de l’argent pour pouvoir utiliser la voiture dans d’autres championnats. J’ai été Champion de France de Supertourisme avec Seat. C’était un vrai Championnat de France avec des constructeurs. Maintenant, le GT3 connaît un réel succès autour du monde. Les autos sont agréables à piloter et belles à regarder.
“On a démocratisé le sport automobile. Avant, c’était un sport luxueux. Maintenant, on peut rouler sur circuit pour quelques tours au volant d’une Ferrari pour 150 euros. De plus, les formules disponibles pour rouler en compétition sont nombreuses. Le cours des choses a été modifié. La plupart des gens qui roulent sur circuit sont des chefs d’entreprise. L’époque n’est pas la même et il faut s’adapter à la situation. Si la MitJet est la solution, alors je demande à voir. Personnellement, je n’y crois pas. Il ne faut pas oublier que le sport automobile doit continuer à faire rêver. C’est une part indéniable du succès.”
Et le mix GT3/LM P3 ?
“Selon moi, les deux ne sont pas compatibles sur les circuits français. Je reste contre le mélange des genres sur des tracés tels que Nogaro ou Lédenon.”
Les problèmes ont toujours existé en France ?
“Ma dernière année remonte à 2008 et il y a toujours eu du rififi. Les choses ont été gérées d’une manière pour le moins étrange. J’ai pris part à des courses où on était sanctionné pour avoir dépassé sous drapeau jaune. Là, on a pu voir un pilote qui allait vers un autre. Sur une course labellisée FIA, ça se termine dans la foulée en direction de course avec enquête à la clé. C’est inacceptable. En voyant les images, c’est très simple à comprendre. Il faut identifier les problèmes pour pouvoir les résoudre. A chaque fois que j’ai eu des soucis, il y a eu convocation et sanction si besoin. Il faut sanctionner avec sévérité pour ne pas assister à une fête de village. On ne peut pas appeler cela un incident de course. C’est quand même incroyable qu’avec neuf autos au départ et deux faits de course, on a parlé du championnat comme jamais, même sur les grandes chaînes nationales. C’est tout de même un sacré paradoxe.”