Jacques Nicolet a de quoi être un homme heureux en ce début d’année 2016. Outre un plateau conséquent de Ligier JS P2 attendu cette année dans les différents championnats, la construction de la Ligier JS P217, les ventes de Ligier JS P3 qui ne cessent de progresser et la victoire d’un châssis Onroak Automotive aux 24 Heures de Daytona, tous les feux sont au vert, ce qui doit réjouir de là-haut Guy Ligier. Malgré ces bonnes nouvelles, l’homme fort d’Onroak Automotive n’est pas du style à rester les bras croisés. Avant s’assister au triomphe de la Ligier JS P2/Tequila Patron ESM, le patron de la structure sarthoise nous a accordé un entretien pour nous parler de la saison à venir tout en évoquant l’avenir.

Comment se porte le marché du LM P2 chez Onroak Automotive ?

« Toutes les LM P2 existantes vont rouler cette année, ce qui est un signe positif. On doit en être au châssis #15. Trois Ligier JS P2 sont attendues en FIA WEC avec deux chez Tequila Patron ESM et une chez RGR Sport by Morand. Le nombre sera plus important en European Le Mans Series avec Krohn Racing, IDEC Sport Racing, Panis-Barthez Compétition, SO24 ! by Lombard Racing, Algarve Pro Racing et Greaves Motorsport, sans oublier une ou deux Morgan LM P2 pour Pegasus Racing. C’est la première fois de notre histoire que les choses ont été bouclées avant la fin de saison. »

Le modèle 2017 avance dans les temps ?

« Elle était en soufflerie jusqu’à la semaine passée. Ce sera une belle auto. Ce qui m’excite, c’est de partir de la base de la JS P2 qui est déjà une très bonne auto et de travailler sur les quelques petits points à améliorer. Le principal changement concerne les dimensions de l’auto qui seront différentes de l’actuelle. A dimension différente, on se battait déjà pour la victoire face à l’ORECA 05. La même équipe se charge de concocter la JS P217. Le retour avec l’équipe d’exploitation est encore plus fort qu’avec la JS P2. »

Onroak Automotive ne cesse de se développer…

« Nous sommes dans une période de croissance très forte. Je pense que l’on verra cette année environ 60 Ligier dans le monde entre LM P2, LM P3 et CN. Cependant, il faut garder les pieds sur terre et rester prudent. En 2014, nous avions trois LM P2, dont deux nous appartenaient. C’est une très belle satisfaction pour Onroak Automotive de voir autant de châssis sans compter qu’on a des responsabilités vis à vis de nos clients. Un gros travail est fourni sur le service client. Nous avons organisé les choses entre deux sites avec deux responsables différents. »

L’arrivée de Sébastien Metz bouleverse l’organigramme ?

« Pas du tout ! Il ne fait que le compléter. Sébastien gère les parties OAK et Onroak avec la responsabilité du LM P2. Benoit Bagur a les mêmes responsabilités sur le site de Magny-Cours qui comprend les départements CN et LM P3. Le Bureau d’Etudes, sous la direction de Nicolas Clémençon, reste au Mans. Philippe (Dumas) a maintenant la fonction de directeur général à mes côtés avec une position transversale. Sébastien et Philippe ont été deux belles rencontres. Les entreprises se développent avec les hommes. On a montré que l’on était l’une des plus belles équipes de course. La saison FIA WEC écoulée m’a beaucoup plu sur le plan technique, mais aussi sur le côté sportif. On a montré un vrai savoir-faire. Il y avait l’art et nous avons gagné avec la manière. »

La catégorie LM P3 est toujours en plein boom pour Onroak Automotive ?

« Force est de constater que l’auto plaît aussi bien aux pilotes professionnels qu’aux gentlemen. La Ligier JS P3 est une auto qualitative et les pilotes sont nos meilleurs VRP. Le GT Tour ouvre aux LM P3, ce qui est une bonne chose. Le règlement est fait pour une auto qui roule beaucoup et facilement. La catégorie va mettre beaucoup de monde sur le chemin de l’endurance sachant qu’elle arrive à un moment où le prix des GT3 commence à s’envoler. L’arrivée du LM P3 ne modifie pas le schéma du CN car ce sont deux philosophies différentes. Nous vendons toujours des JS 53 EVO2 malgré le succès du LM P3. »

Vous avez été l’un des premiers à croire dans l’Asian Le Mans Series. Le renouveau de la série montre doit vous satisfaire ?

« Je suis bien entendu ravi du développement du championnat. Cyrille Taesch-Wahlen s’est totalement approprié le bébé en y allant à fond. L’idée de lancer un championnat sprint cet été va renforcer le développement du prototype en Asie. Il va juste falloir gérer la première course qui est proche de la finale European Le Mans Series. Les courses d’endurance dans le monde se développent et les décisions prises vont dans le bon sens. Avoir des stands supplémentaires au Mans en est le parfait exemple. C’est un événement majeur car cela fait quasiment 10% de concurrents en plus. C’est un signe que l’endurance se porte bien grâce aux efforts conjugués des promoteurs. »

Le développement d’Onroak Automotive ne peut qu’aider à un passage en LM P1…

« J’ai fait de mon mieux pour faire avancer les choses et je montre que je ne renonce pas facilement. Actuellement, la priorité va clairement au LM P2 où il faudra aussi être prêt pour les Etats-Unis, sans oublier le soutien aux clients. Cependant, on ne s’éloigne pas du LM P1 ni en pratique ni sur l’esprit. Personne n’a une telle gamme de prototypes qui va du LM P3 au LM P2 en passant par le CN. La logique veut que l’on revienne en LM P1 et maintenant c’est une envie plus rationnelle. »