FIA World Endurance Championship

Bilan d’une belle saison FIA WEC 2015 avec Vincent Beaumesnil (ACO)

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La saison 2015 du Championnat du Monde d’Endurance a tenu toutes ses promesses avec une année indécise jusqu’au bout. 2016 doit permettre de voir un match serré à trois en LM P1, une période de transition en LM P2 en attendant la nouvelle réglementation et des GTE quelque peu revigorées. Avant de se projeter vers 2016, Vincent Beaumesnil, directeur des sports à l’ACO, nous a reçu pour dresser le bilan de la saison écoulée et évoquer les pistes pour le futur.

La saison en LM P1 a tenu toutes ses promesses ?

« L’EoT (Equilibre de Technologies) est maintenant bien en place. Il a fallu un an et demi pour avoir un tableau comparatif. En 2014, nous partions en année 1 sur un système déclaratif. Nous n’étions plus dans ce schéma cette année puisque nous avions les données de 2014. La grosse surprise n’a pas été pas le manque de performance de Toyota mais bien le bond en avant d’Audi et Porsche. Tout le monde a été pris de court. Cependant, je ne pense pas que nous assisterons au même bond tous les hivers. Dès le Prologue FIA WEC, nous avons entamé les discussions avec les équipes techniques pour réduire la performance des autos dont la limite a été atteinte. On s’appuie sur un système éprouvé. Tout est rôdé et fiable, ce qui est une grande satisfaction pour nous. Beaucoup de moyens techniques ont été déployés avec un gros travail de tout le monde. A titre d’exemple, nous avons mis en place le système RFID qui permet d’améliorer le suivi des pneus. Le système sera encore simplifié en 2016. »

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La réduction des coûts en LM P1 est toujours l’une des missions prioritaires ? Limiter les constructeurs à deux autos au Mans est une idée ?

« On ne cesse de travailler sur les coûts. Entre la réduction du personnel, la diminution des essais en soufflerie et des essais sur piste, la FIA et l’ACO veillent à ce que les coûts n’explosent pas. Pour le futur, nous sommes sur d’autres pistes. La catégorie LM P1 ne doit pas effrayer de nouveaux constructeurs. On s’est posé la question pour la limitation à deux autos mais cela n’a pas été retenu dans l’immédiat. Nous avons écrit une feuille de route LM P1 avec une vision sur les 7 ou 8 prochaines années. La nouvelle monocoque, dont l’arrivée est fixée en 2018, sera une vraie nouveauté sur le plan de la sécurité. L’allocation de carburant sera elle aussi modifiée avec en plus une augmentation de l’hybridation. Nous réfléchissons aussi à quel type de nouvelle technologie faire rentrer. Le Garage 56 peut aider à cela. C’est en maîtrisant les coûts que l’on peut intéresser d’autres constructeurs à venir en LM P1. Peugeot n’a pas caché son envie de revenir en LM P1 même si rien n’a été fixé. »

La classe LM P1 non hybride est aussi prise en compte pour le futur ?

« Pour nous, les équipes privées sont très importantes. Les teams doivent comprendre qu’ils ont le soutien de la FIA et l’ACO. Une réunion a eu lieu à Bahrain et nous allons débuter les travaux dans le détail en 2016. Les nouvelles règles LM P2 permettent de réorienter des constructeurs vers le LM P1. Cependant, les règles resteront les mêmes en 2016 mais la baisse de performance des LM P1 hybrides doit permettre de rapprocher tout le monde surtout que les équipes privées gardent la même allocation de carburant. »

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2016 s’annonce disputée en LM P1…

« Globalement, nous avons été plus surpris par Audi que par Porsche dans le sens où beaucoup pensaient qu’Audi allait souffrir. Certes Audi n’a pas gagné, mais Audi était là à chaque fois. Toyota a décidé de se donner les moyens de revenir dans la course, ce qui démontre l’implication de Toyota en LM P1. Il faut aussi souligner que le niveau des pilotes est incroyable. La saison 2016 s’annonce serrée. »

La catégorie LM P2 a connu un regain d’intérêt. Une belle satisfaction ?

« L’évolution du LM P2 est prévue depuis 2010. On avait dit que les autos actuelles étaient éligibles pour cinq ans et on avait prévenu que le concept allait évoluer. Après une baisse de concurrents, la catégorie LM P2 est montée en puissance cette année avec un gros niveau. Je reste convaincu que c’est une catégorie très attractive. Le LM P2 se porte bien et nous aurons en 2017 des autos plus performantes pour un coût maîtrisé. La synergie avec les Etats-Unis est bonne même si l’alchimie n’est pas simple. Il faut créer un concept avec trois organes décisionnaires et une vision différente. Nous restons dans une optique d’équipes clientes contrairement à nos amis américains. Les concepts avec les quatre constructeurs ont été validés et nous entrons dans la dernière touche du règlement. Les moteurs pourront être « rebadgés » et la décision pour les châssis n’a pas encore été prise. La stabilité permet d’avoir une grille plus forte en progression. »

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On voit de plus en plus de jeunes pilotes s’intéresser à la catégorie LM P2…

« La catégorie se doit d’être une alternative forte aux pilotes venant du GP2 Series ou de la World Series by Renault. On l’a vu à Bahrain où les championnats GP2 et GP3 étaient présents avec le FIA WEC. Les jeunes ont montré un vif intérêt au FIA WEC. »

On voit que la catégorisation de pilotes fait débat en LM P2. Une réflexion est engagée sur le sujet ?

« Personnellement, je ne suis pas opposé à la suppression de la catégorisation en FIA WEC et de la laisser en ELMS. Le souci est de savoir quelle est la marche à suivre aux 24 Heures du Mans où les deux sont réunis. Pour attirer de nouveaux pilotes, je pense pourtant qu’il faudra aller dans cette direction. Il faut étudier entre 1500 et 2000 pilotes, ce qui donne une idée du travail fourni. On se doit de faire un travail indépendant de la politique. Les changements sont décidés sur des données bien précises, pas à la tête du client. »

La classe GTE-Pro va subir un renouveau avec des autos plus bodybuildées et l’arrivée de Ford va permettre de voir une bagarre encore plus intense. La satisfaction est de mise ?

« C’est très bien pour les fans qui vont voir des autos plus agressives et plus performantes. La venue de Ford est importante pour nous. Le projet est ambitieux et il semble que l’auto fasse peur. Cependant, la règle est la même pour tout le monde. Il y a une vraie collaboration entre la FIA, l’ACO et l’IMSA pour la BOP. Nous avons une personne dédiée sur ce sujet. Toutes les informations sont croisées et le processus se doit d’être le plus transparent possible. Le concept fait que le concurrent doit déclarer ce qu’il a. Si les infos sont fausses, on peut arrêter une auto en course si le besoin s’en fait sentir.

« Des contacts sont en cours avec d’autres constructeurs intéressés par le GTE. L’un des grands regrets a été l’abandon de la convergence GT, mais on ne désespère pas de la relancer un jour. »

La catégorie LM P3 a été longue à partir mais elle est maintenant sur de bons rails ?

« L’ACO avait à l’esprit de faire quelque chose de bien. La Formula Le Mans a séduit aux Etats-Unis contrairement à l’Europe. Il y a eu un gros travail de concertation et d’étude avec la conviction d’avoir une auto très sécuritaire. L’ACO espère conquérir le marché américain mais aussi asiatique. A terme, la LM P3 pourrait pourquoi pas être le prototype mondialement reconnu par la FIA. L’auto a une vocation universelle. La seule modification apportée à court terme concerne les rapports de boîte de vitesses. »

MOTORSPORT : ALMS - ASIAN LE MANS SERIES - ROUND 1 10/09-10/2015

Voir des LM P3 au départ des 24 Heures du Mans est quelque chose d’irréalisable ?

« Ce n’est pas du tout à l’ordre du jour. Aujourd’hui, nous avons quelque chose de très structuré qui fonctionne mais on ne sait pas de quoi l’avenir sera fait. Nous voulons deux classes LM P1 très fortes et des LM P2 réservées aux équipes privées ainsi qu’aux pilotes promis à un bel avenir. La catégorie LM P3 doit être la formule d’accès pour les jeunes pilotes. »

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