Les 4 Heures du Paul Ricard « GT/Tourisme » étaient le théâtre de la deuxième confrontation entre les GT et les Silhouettes avec les LMP3 nouvellement admises dans la Série, après une première apparition de la Ginetta-Juno LMP3 du Prime Racing Luxembourg à Dijon lors de la manche précédente.
Cette fois les LM P3 étaient trois au départ, la n°671 du Prime Racing étant de nouveau présente, avec aussi la Ginetta-Juno n°32, voiture officielle du constructeur britannique engagée par LNT – déjà vu en VdeV Endurance Series avec la Ginetta G55 GT3- et la n°5 du team espagnol SVK by Speed Factory qui court habituellement en European Le Mans Series.
Nous l’avions écrit lors de la présentation de cette manche varoise, le plateau était très musclé, avec en sus des LM P3, sept marques différentes en GT.
En qualifications, sans réelle surprise, la Ginetta-Juno LM P3 décrochait la pole position, la moyenne des chronos de Lawrence Tomlinson et de Mike Simpson, pilote officiel LNT, étant de 2’05’’734.
Pour rejoindre la Ginetta-Juno sur la première ligne, la lutte avait été chaude entre la Ferrari 458 GT2 Visiom n°2 et la Ferrari 458 Italia GT3 AF Corse n°51. Le dernier mot revenait finalement au team français, la moyenne des temps de Thierry Perrier et Jean-Bernard Bouvet étant de 2’07’’197 contre 2’07’’648 pour Mario Cordoni et Andrea Montermini.
AF Corse se contentait donc de la deuxième ligne, aux côtés des champions 2014, Patrice et Paul Lafargue (Porsche 911 GT3-R IDEC Sport Racing n°1), crédités d’une moyenne de 2’07’’964.
La LM P3 SKV by Speed Factory était en troisième ligne tout comme la 911 GT3-R des suisses de ANT Performance, alors que pour sa première sortie en VdeV Endurance Series, la BMW Z4 GT3 n°39 du Roal Motorsport (Luca Rangoni/Davide Mulacchiè) était septième.
Le meilleur chrono était réalisé par Mike Simpson et la Ginetta LNT en 2’04”623, devant Luca Rangoni (2’06”406), Andrea Montermini (2’06”588) et JB Bouvet (2’06”608).
Après un départ prudent, la Ginetta-Juno LM P3 remontait rapidement sur la tête de la course, mais au terme de la première heure de course, c’est une autre LM P3, la n°5 de Calko Konstantin/Matijosaitis Dainius/Marco Van Oostrum) qui pointait en tête, devant la BMW et la Porsche IDEC.
A mi-course, la BMW, avec un excellent Luca Rangoni, avait pris la tête devant la Ginetta n°5 et les deux Ferrari.
Mike Simpson amenait la Ginetta LNT en tête de la course au terme de la troisième heure de course et n’allait plus quitter le commandement, alors que pour la deuxième place la lutte était serrée entre la BMW et les deux Ferrari. La BMW lâchait prise en raison d’une crevaison et petites erreurs stratégiques, laissant les deux Ferrari s’expliquer entre elles, mais au bout du compte la Ferrari Visiom, à un tour de la Ginetta LNT, conservait une vingtaine de secondes d’avance sur la Ginetta GT3.
La quatrième place revenait à la Porsche GT3 R ANT Performance n°267 de Rémi Terrail/Jean-Paul Von Burg/Adrian Amstutz –celle de Patrice et Paul Lafargue ayant connu des ennuis mécaniques et ne terminant que 14ème-, devant la BMW Z4 Roal Motorsport et la Mercedes SLS GT3 ANTeam.
Le classement est ici
Thierry Perrier, un des trois vainqueurs en GT/Tourisme au Castellet –l’ancien patron du Perspective Racing (victorieux en GTS des 24 Heures du Mans 2003 avec la Mosler de Barbosa/Wallace/Policand/Neungarten) compte 12 participations aux 24 Heures du Mans dont trois victoires de catégorie et deux troisièmes places en GT et depuis 2008 a été cinq fois sur le podium du classement pilotes GT/Tourisme du VdeV- nous a fait l’amitié de nous confier ses impressions.
Thierry, est-tu satisfait de ta course sur la Paul Ricard ?
« Oui, globalement, ça s’est bien passé. Nous remportons la catégorie GT/Tourisme, ce qui est bien pour le championnat. D’un autre côté, à l’arrivée nous ne sommes que deuxièmes derrière la Ginetta-Juno LM P3 LNT, même si elle ne marque pas de point, donc c’est un peu particulier. On gagne, mais on n’a pas droit au champagne du vainqueur (rire) !”
Les LMP3, c’est un vrai changement ?
« C’est sûr que c’est très différent. Ce sont des voitures qui ont une grosse aéro et qui, quand elles sont conduites par des pilotes professionnels, sont plus performantes que les GT. »
Les GT doivent être plus rapides en ligne droite ?
« C’est vrai, mais pas tant que ça. Et, dès qu’il y a un freinage et des virages, il n’y a pas photo. Avec leur aéro, elles passent beaucoup plus vite et nous déposent. »
Pour le championnat, ça reste une belle opération ?
« Oui, nous avons fait une belle course. Je crois d’ailleurs que nous aurions pu faire un peu mieux si la climatisation de la Ferrari avait fonctionné et j’aime mieux te dire qu’il faisait chaud dans l’habitacle. C’est moi qui ai pris le départ et j’ai fait un relais de 1h20, c’était dur car il faisait très chaud. J’ai quand même réussi à garder le contact avec Paul Lafargue et la Porsche IDEC, Paul étant très rapide comme d’habitude. Jean-Paul (Pagny) qui progresse au fil des ans a fait un très beau relais aussi et Jean-Bernard (Bouvet) a fini le travail comme d’habitude. On a eu une belle bataille avec la Ferrari AF Corse, c’était très sympa.
C’est vrai qu’on qu’on prend une bonne avance au classement après les malheurs de Paul et Patrice Lafargue, mais si nous avons gagné trois fois, au Mugello, à Dijon et ici, ce sont des courses qui sont toutes coefficient 1 seulement, donc rien n’est fait, même si c’est mieux d’être devant»
Le plateau était beau en GT…
« Magnifique, avec plusieurs marques, avec pratiquement deux voitures par marque, Ferrari, Porsche, Mosler, Mercedes, Audi… Avec l’arrivée d’une BMW et celui de la Corvette des frères Bryan –un modèle plus récent que leur ancienne auto-, c’était vraiment super. Il faudrait que ça continue comme ça. Il va falloir aussi gérer la cohabitation avec les LM P3. Celles-ci sont de très belles voitures et c’est vrai que par rapport à des GT performantes, elles ne sont pas très chères, mais avec des pilotes Pro au volant, elles peuvent surclasser un peut tout le monde. Avec l’arrivée des Ligier JS P3 en 2016, ce devrait être encore plus vrai. Il ne faudrait pas décourager les gentlemen –certains ne voudront passer aux LM P3 par peur de leur aéro- car l’engagement d’une GT, ça coûte cher et il faut qu’il y ait pour eux une visibilité au bout. Il va falloir trouver un équilibre entre les LM P3 et les GT, je ne sais pas sous quelle forme, mais je suis certain qu’il y aura des solutions.”