On l’a dit et redit, avec seulement six LM P1 en lice pour la gagne et une météo qui s’annonce changeante ce samedi, bien malin qui peut prédire le vainqueur de cette 84ème édition. En discutant amicalement autour d’un café avec Didier Calmels vendredi après-midi chez Signatech-Alpine, le compagnon de circuit de Philippe Sinault est du même avis en étant persuadé que c’est l’année d’une LM P2 au Mans. Les troupes de Philippe Sinault ont brillé aux essais qualificatifs avec les Alpine A460 aux avant-postes. Entretien…
“On a mis presque dix ans pour en arriver là avec le statut de favori. Malgré ce rôle de favori, il y a moins de stress car on a rendu la copie qu’on avait envie de rendre avec Philippe. Avoir Nicolas Lapierre avec nous est juste un rêve. Nous n’avons jamais eu un équipage aussi homogène. L’équipe fonctionne très bien avec beaucoup d’expérience. Nous avons le même moteur, le même manufacturier pneumatique. Seul le châssis est nouveau. Cependant, Le Mans est si imprévisible. On a mis beaucoup d’années pour en arriver là. Il faut être patient et ne pas faire n’importe quoi.
“Ce n’est pas déraisonnable de penser qu’une LM P2 peut gagner les 24 Heures du Mans, ce qui n’était pas le cas les années passées. Les constructeurs n’ont que deux autos et quand on voit le début de saison FIA WEC, on se rend compte que les interventions ne sont pas légères. Si une LM P2 casse une petite pièce, la voiture peut être réparée assez rapidement. Vu la complexité des LM P1 hybrides, il faut plus de temps et le moteur des LM P1 privées doit tenir 24 heures.
“Si on rajoute l’incertitude météo, 60 concurrents, tout peut arriver. Très honnêtement, si j’étais joueur, je jouerais une LM P2 pour la gagne. Si tu joues vraiment, alors il faut oser… Peut-être que l’on va revivre l’histoire Rondeau. J’ai été copilote de Jean lors des 24 Heures du Paul Ricard sur une Triumph Dolomite au milieu des années 70. Un midi, nous déjeunions ensemble et Jean m’a dit quelque chose qui m’a marqué : “Un jour je serai Enzo Ferrari ou rien et avant je gagnerai Le Mans.” Je me suis dit que ce gars était malade mais il avait raison. Malheureusement, la fin a été tragique. Quand on a débuté l’aventure avec Philippe, j’ai pensé que l’on pourrait gagner Le Mans. C’est pour cela que les gens viennent ici. La nouvelle technologie ne permet plus d’avoir un lièvre et une tortue. Si une auto n’a pas de souci, elle gagne haut la main. Donc, les voitures de tête ne peuvent pas attendre de voir ce qui se passe. C’était notre rêve quand on a commencé. Nous avons réellement une chance de faire quelque chose d’extraordinaire mais tout peut aussi s’arrêter au bout de 20 minutes. C’est tout ce qui fait la magie du Mans. Tout a été mis pour briller avec les deux Alpine. C’est cette année qu’il faut y aller. Le seul aléa est au-dessus de notre tête.”