Notre rubrique consacrée au Club des Pilotes des 24 Heures du Mans ouvre aujourd’hui ses colonnes à Mario Andretti. Mario, né en Italie en 1940, possède un des tout plus beaux palmarès de l’histoire du sport automobile.
Il a été Champion du Monde de Formule 1 en 1978 avec la Lotus 79, a remporté quatre titres en Formule Indianapolis (trois en CART et un en Champ Car) et a été vainqueur des 500 Miles d’Indianapolis en 1969 – il compte le plus de victoires en IndyCar derrière AJ.Foyt-, a été deux fois titré en IROC, a remporté trois fois les 12 Heures de Sebring (sur Ford GT40, Ferrari 312P et Ferrari 512S), les Six Heures de Daytona en 1972, sur une Ferrari 312P associé à Jacky Ickx, l’année avant que l’épreuve ne devienne les 24 Heures de Daytona, il a même remporté une course de NASCAR Sprint Cup, il a quasiment tout gagné (109 victoires), sauf…les 24 Heures du Mans, même s’il est monté deux fois sur le podium – 3ème en 1983 sur Porsche 956 et en 1995 avec une Courage C34 Porsche- en huit participations qui se sont étalées sur 34 années…entre 1966 et 2000 ! C’est ce qui l’a empêché de rejoindre Graham Hill, seul détenteur à ce jour du triptyque Championnat du Monde de Formule 1, 24 Heures du Mans et 500 Miles d’Indianapolis…
Le pilote américain a accepté de gentiment de répondre à quelques questions pour Endurance-Info :
Est-ce très important pour vous d’être membre du Club des Pilotes ?
« Oui, car c’est un Club très prestigieux. »
Que représentent pour vous les 24 Heures du Mans ? A quelle place les situez-vous dans la hiérarchie du sport automobile ?
« Les 24 Heures du Mans représentent le niveau absolu des courses de protos et de GT. C’est le plus beau joyau de la couronne de l’endurance. »
Que pensez-vous de l’ambiance du Mans ? Pouvez-vous la comparer à celles de Sebring et de Daytona ?
« L’ambiance au Mans est très particulière, elle est exclusive du Mans. On ne peut la comparer à celle d’aucune autre épreuve. A mes yeux, il n’y a rien de comparable dans le monde. »
Quelle épreuve est la plus dure ? Daytona, Sebring, Indianapolis ou Le Mans ?
« Chacune d’entre elles est une bête unique et particulière. Cela dépend des conditions. Chacune d’entre elles, un jour donné, peut être la plus difficile. »
Qu’aimiez-vous au Mans ?
« J’aimais tout au Mans. J’ai aimée y piloter, j’ai aimé le circuit, l’ambiance et j’ai apprécié la chance d’y être.”
Vous avez été Champion du Monde de Formule 1, trois fois Champion CART, vous avez remporté Sebring et Daytona, mais vous n’avez pas remporté les 24 Heures du Mans, même si vous avez été deux fois sur le podium. Est-ce une grande déception ?
« En 1995, nous avons remporté notre catégorie et nous avons terminé deuxième. Nous pouvons revendiquer une victoire parce que nous avons remporté notre catégorie. La seule déception était que ce n’était pas la première place au général. »
Quels sont vos meilleurs souvenirs du Mans ? Les pires, s’il y en a ?
« Les meilleurs, ce sont toutes les fois où j’ai été à l’arrivée. Les pires, c’est lorsque je n’ai pas terminé la course. »
En 1988 (ci-dessous), vous avez couru au Mans avec l’un de vos fils Michael, et avec John, votre neveu ; vous aviez couru auparavant avec Michael, et vous avez également couru à Daytona avec Michael et Jeff. A quel point la famille est-elle importante pour vous ?
« Il n’y a rien de plus spécial que de courir avec sa propre famille, particulièrement dans une épreuve aussi importante que Le Mans. Je me considère comme étant très chanceux d’avoir eu cette possibilité. En fait, si mes fils et mes petits-fils veulent le refaire, je me joindrai à eux… »
Pouvez-vous nous dire quelques mots de vos courses de 1983, 1988 et 1995 au Mans ?
« En 1983, j’ai terminé troisième avec mon fils Michael et Philippe Alliot. En 1988, avec mon équipe familiale -moi, mon fils Michael et mon neveu John-, nous nous étions qualifiés en troisième position et nous avons pris la sixième place finale après avoir couru depuis une heure du matin sur cinq cylindres et en 1995 j’ai remporté ma catégorie avec Bob Wollek et Eric Hélary et nous avons fini deuxièmes. »
Vous avez conduit en endurance avec de nombreuses voitures ? Laquelle avez-vous préférée ?
« Toutes celles avec lesquelles j’ai gagné ont été mes favorites… »
Comment voyez-vous l’avenir du sport automobile ?
« Le futur du sport automobile est très brillant -et très fort. »
Mario Andretti, en dehors de ces éditions 1983, 1988 et 1995, a été au départ à cinq autres reprises, en 1966, 1967, 1996, 1997 et en 2000, Il a failli courir une fois supplémentaire. En 1982, il était associé à son fils Michael sur une Mirage M12-Ford. La Mirage avait satisfait aux vérifications techniques et s’était qualifiée en neuvième position avec un chrono de 3’37”090, mais avant le départ un commissaire découvrit un radiateur d’huile placé derrière a boîte de vitesses et non conforme à la réglementation. La Mirage Ford (ci-dessous) fut donc exclue de ces 24 Heures et ne put prendre le départ.
En 1966 et 1967, Mario Andretti faisait partie de l’assaut de Ford au Mans. Son équipier était Lucien Bianchi à ces deux occasions, avec une GT40 MkII en 1962 (abandon, joint de culasse cassé) et en 1967 avec une GT40 MkIV (abandon 13ème heure, Andretti entrant en collision avec les GT40 MkIIB de Roger McCluskey et de Jo Schlesser),
En 1996 (ci-dessous), associé à Jan Lammers et Derek Warwick sur une Courage Porsche C34, il se classait 13ème.
En 1997 (ci-dessous), à bord d’une Courage Porsche C36, faisant équipe avec son fils Michael et Olivier Grouillard, ce fut l’abandon, voiture accidentée.
La dernière course de Mario Andretti eut lieu en 2000 (ci-dessous) avec une Panoz LMP-1 Roadster, il était associé à Jan Magnussen et David Brabham. Le trio s’était classé 15ème après avoir réussi le quatrième chrono des qualifications, derrière les trois Audi R8.
Nous remercions vivement Mario Andretti.
Remerciements également à Christian Vignon, Bernard Brothier et Pierrick Chazeaud pour leur contribution.
L’ensemble des photos est ici